Lors du salon IBC 2025 à Amsterdam, Phototrend a eu l’opportunité d’échanger avec plusieurs dirigeants et ingénieurs de Nikon au sujet de la Nikon ZR, la nouvelle caméra cinéma compacte. Proposée à moins de 2400 €, cette caméra hybride ultra-légère intègre la technologie RED et vise à démocratiser les workflows cinéma professionnels. Place à l’interview.

Avec un prix inférieur à 2400 €, la Z R se positionne très agressivement face à la concurrence. S’agit-il d’une stratégie pour établir un nouveau standard sur le marché des caméras cinéma compactes ?
Yamaoka Hiroki : Nous souhaitons que de nombreuses personnes puissent expérimenter un workflow conforme aux standards de l’industrie du cinéma, en particulier l’enregistrement vidéo RAW et la post-production, avec davantage de flexibilité et de créativité. Nous avons déjà exprimé ce positionnement dans notre série d’hybrides, comme avec le Z5 II ou le Z6 III, qui offrent déjà l’enregistrement vidéo RAW à un prix abordable.
Ainsi, en plus des options de codec RAW déjà existantes, notre nouvelle caméra cinéma ZR propose un nouveau codec RAW, le R3D NE, qui élargit l’expérience utilisateur jusqu’au plus haut niveau de la production cinéma grâce à l’adoption de la colorimétrie RED.
La raison pour laquelle nous pouvons le proposer tient à l’excellente technologie de traitement d’image Nikon Expeed 7, qui nous permet de développer une caméra cinéma très performante de manière efficace.

Nous espérons ainsi que de nombreuses personnes, et notamment la jeune génération – des cinéastes professionnels aux créateurs vidéo – apprécieront notre nouveau produit au sein de la série Z Cinema.
Si elle partage le capteur semi-empilé de la Z6 III, la Z R met fortement l’accent sur la color science RED, avec également une plage dynamique de plus de 15 stops en Log3G10. Pouvez-vous nous rappeler les principaux avantages de cette approche ?
Satoru Takeuchi : Avant même de démarrer la collaboration avec RED, Nikon disposait déjà des technologies nécessaires, notamment le capteur, la colorimétrie avec le traitement d’image et l’enregistrement vidéo RAW. En tirant pleinement parti de ces atouts, nous avons pu intégrer la colorimétrie RED dans la configuration de la ZR.
Cela inclut la prise en charge des RED Wide Gamut et Log3G10, permettant l’enregistrement au format R3D NE.

De plus, en optimisant la plage dynamique du capteur pour intégrer la science des couleurs RED et un ISO de base, la ZR atteint une large plage dynamique de plus de 15 diaphs — une caractéristique emblématique des caméras cinéma RED.
Ce nouveau boîtier prend en charge REDCODE RAW, le format RAW propriétaire de RED. Quels sont les principaux avantages par rapport à N-RAW et ProRes RAW ?
Satoru Takeuchi : La nouvelle ZR intègre le codec vidéo R3D NE, basé sur le format R3D de RED.

R3D NE utilise le RED Wide Gamut et Log3G10, des standards largement adoptés dans l’industrie du cinéma, et hérite également de la même science des couleurs que les caméras RED.
Concrètement, les utilisateurs bénéficient du même workflow que dans les productions cinéma, garantissant compatibilité et flexibilité dans les environnements professionnels.
Vous avez choisi un écran 4 pouces lumineux et haute résolution. L’objectif est-il d’éviter le recours à un moniteur/enregistreur externe, souvent coûteux pour les réalisateurs ?
Noriaki Mochimizo : Oui. En tenant compte de l’importance du monitoring en temps réel et de la composition, nous avons adopté un écran au ratio 16:10. Cette conception préserve l’intégralité de la zone d’image 16:9 tout en plaçant les informations de réglages clés en dehors du cadre.

Résultat : l’image en live view et les réglages sont faciles à lire. Cela rend le tournage plus pratique, sans nécessiter de moniteur ou d’enregistreur externe.
La compacité de la poignée et le poids de 540 g font de la Z R un outil vidéo très mobile, mais sans refroidissement actif. N’est-ce pas un risque pour l’enregistrement vidéo de longue durée sur le terrain ?
Noriaki Mochimizo : Tout d’abord, la face avant, le capot supérieur et l’arrière de cet appareil sont en alliage de magnésium. En utilisant cet alliage pour ces pièces, et en dissipant efficacement la chaleur du capteur d’image et du processeur via des feuilles thermiques, l’appareil peut soutenir des tournages longue durée.


En raison du choix de composants compacts, la ZR ne pouvait pas reprendre les mêmes chemins thermiques que les modèles précédents comme les Z9 et Z8, ce qui a rendu le développement très complexe.
Nous avons donc conçu de nouveaux circuits de dissipation inédits. Grâce à des simulations et à de nombreuses évaluations en conditions réelles, nous avons affiné le design avec soin. Ces efforts nous ont permis d’atteindre ce niveau de performance dans un format aussi compact.
L’enregistrement audio interne en 32-bit float sans module XLR est une première sur un boîtier vidéo hybride. Comment avez-vous techniquement intégré cela dans un format aussi compact ?
Noriaki Mochimizo : Pour atteindre la plage dynamique requise, il était nécessaire d’intégrer un workflow en 32-bit float. Pour y parvenir, nous avons modifié la conception du système et du câblage sur ce modèle afin de rendre cette intégration possible.
La Z R intègre également la technologie audio spatiale OZO de Nokia, auparavant vue uniquement sur les smartphones. Quels sont les usages créatifs et professionnels envisagés pour cette fonctionnalité ?
Satoru Takeuchi : OZO Audio est pensé pour les opérateurs solo et les petites équipes. Dans ce contexte, il peut également être utilisé pour l’enregistrement de films et de fictions.
Même si de grands microphones externes peuvent être employés dans ces configurations, OZO Audio permet de capturer un son de haute qualité avec les microphones intégrés, notamment lors d’événements en direct où les micros sur-caméra sont courants.
Comme mentionné précédemment, cette technologie s’adresse à des usages professionnels, mais elle peut aussi être mise à profit pour d’autres créations.
Merci à l’équipe Nikon d’avoir répondu à nos questions. Nous remercions également l’équipe de Nikon France d’avoir rendu cette interview possible.