Yves Saint Laurent devant l’objectif : quand la haute couture rencontre les maîtres de la photographie

Photographies personnelles, catalogues, magazines de mode, planches contact : la photographie était omniprésente dans la vie du couturier et de sa maison. Après une exposition aux Rencontres de la Photographie d’Arles, les éditions Phaidon, en partenariat avec le musée Yves Saint Laurent et la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, consacrent un ouvrage à cette collection foisonnante.

Images iconiques et clichés plus confidentiels offrent un voyage dans les archives d’une griffe mythique, une Histoire de la mode autant que de la photographie.

Harry Meerson, Yves Saint Laurent, Paris, 1966 © Harry Meerson, Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Se réinventer en image

Yves Mathieu-Saint-Laurent (1936 – 2008) savait la puissance d’une image. Lui-même n’a pas hésité à prendre la lumière, jusqu’à poser nu pour Jeanloup Sieff en 1971. Transgressive, l’image diffuse un parfum de scandale qui sied à merveille au lancement de la première fragrance masculine de la marque. Elle est loin l’image de ce jeune homme de 21 ans photographié par Irving Penn qui entre en couture comme on rentre dans les ordres.

Irving Penn, Yves Saint Laurent, Paris, 1957 © The Irving Penn Foundation, Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Yves Saint Laurent s’en est allé, mais son portrait est entré dans les collections du Centre Pompidou. Qu’on en ait perdu la trace, qu’elles fassent partie des archives du musée Yves Saint Laurent ou du dressing d’élégantes et de collectionneurs, les créations de la maison sont elles aussi devenues éternelles par l’entremise des plus grands noms de la photographie de mode.

Peter Knapp, ELLE, septembre 1965. Robes de cocktail de la collection haute couture automne-hiver 1965 dite « hommage à Piet Mondrian ». © Yves Saint Laurent. © Jeanne Lanvin-Castillo. © Peter Knapp / ELLE France

Yves Saint Laurent sous l’oeil des plus grands

Peter Knapp met en scène l’iconique robe Mondrian pour les pages mode du Elle de 1965. Guy Bourdin saisit l’élégance nimbée de mystère de la collection haute couture de 1976, dite des ballets russes.

Guy Bourdin, Modèles de la collection haute couture automne-hiver 1976 dite « Opéra-Ballets russes », hôtel Sheraton, Vogue (Paris), septembre 1976. © Yves Saint Laurent. The Guy Bourdin Estate 2025. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Louise Alexander. © Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Mais c’est à Helmut Newton que l’on doit l’image qui demeure et suffit à évoquer le talent qu’avait le couturier pour devancer l’air du temps, lui qui sera à l’origine de l’avènement du prêt-à-porter.

1975, dans la pénombre d’une rue parisienne, une jeune femme androgyne vêtue d’un smoking prend la pose pour le photographe allemand. Sur une seconde image plus sulfureuse une jeune femme nue la rejoint.

Le couturier, en Prométhée de l’allure, s’est saisi de cet étendard de la mode masculine pour en faire offrande à la femme et participer à son émancipation. Le photographe et le couturier brisent les codes, redéfinissent le rôle même du vêtement et imposent la griffe d’Yves Saint Laurent comme référence d’un style, d’une attitude. 

Richard Avedon, Sarah Moon, David Bailey, Paolo Roversi, William Klein, Juergen Teller et bien d’autres talents du XXe siècle prendront part à ce dialogue artistique. Leur objectif flatte les créations de la marque tout en participant à la construction de leur propre style.

Éclairer l’image de mode

Inspirée, engagée, la mode d’Yves Saint-Laurent est cérébrale. Les images qui en sont nées sont ici naturellement accompagnées d’essais signés par Simon Baker (tout juste remercié de la MEP), Serena Bucalo-Mussely, Alice Morin, Elsa Janssen et Clémentine Cuinet.

L’ouvrage est préfacé par Madison Cox (héritier du couple qu’il a côtoyé de nombreuses années avant de devenir l’époux de Pierre Bergé) et Christoph Wiesner, directeur des Rencontres d’Arles.

Jeanloup Sieff. Costume porté par Zizi Jeanmaire, imaginé par YSL pour le spectacle Zizi, je t’aime, Paris, 1972. © Yves Saint Laurent, Estate of Jeanloup Sieff Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent

Exposés à Arles pour les Rencontres de la photographie, près de 80 de ces clichés peuvent encore y être découverts jusqu’au 5 octobre. 

L’ouvrage bilingue français – anglais (162 pages, relié, 31,2 x 24,8 cm) est disponible au tarif de 59,95 € aux éditions Phaidon et à la Fnac

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