56e Rencontres de la Photographie : Arles au rythme de l’image du 7 juillet au 5 octobre 2025

Avec 160 000 visiteurs en 2024, les Rencontres de la Photographie d’Arles confirment leur place parmi les événements culturels les plus influents à l’échelle internationale. Pour sa 56e édition, le festival invite à une déambulation visuelle et critique, entre mémoire, narration et métissage des regards.

Depuis plus d’un demi-siècle, le festival consacre les grands noms de la photographie autant qu’il soutient les talents émergents, dans un dialogue entre passé et présent. Cette saison encore, la programmation s’annonce foisonnante, à l’image d’une création photographique qui entrelace engagement, transmission, et métissage des formes. Autour de sept grands chapitres thématiques, la photographie devient un espace de récit, de tension et de poésie tout autant qu’un miroir de notre monde.

Roubine, Arles, 2022 © Jean Michel André, Chambre 207

Contre-Voix : images en résistance

Brésil, Australie, Canada… des photographes du monde entier prennent à rebours les récits dominants pour interroger les rapports de pouvoir et les formes d’oppression. Leurs images incarnent des mémoires fracturées et des identités en reconstruction, dans un va-et-vient entre archives personnelles et mémoire collective.

Avec On Country, Photographie d’Australie, c’est une exposition chorale au service de l’autodétermination autochtone que proposent Les Rencontres d’Arles à l’église Saint-Anne. Du côté de l’Église des Trinitaires, c’est la scène contemporaine brésilienne qui est mise à l’honneur. Quant à l’exposition Futurs Ancestraux, elle rassemble les images qui dénoncent la violence historique à l’encontre des communautés afro-brésiliennes, indigènes comme de la communauté LGBTQIA+.

Histoires de famille : le lien comme matière

Les liens familiaux deviennent à Arles matériau de création pour 7 photographes rassemblées autour de cette thématique complexe et universelle.

Avec Syndrome de Stendhal (2024) l’immense Nan Goldin présente un diaporama qui mêle chefs-d’œuvre de l’art classique, Renaissance ou baroque, et portraits de ses proches. Composées sur 20 ans au fil de ses propres visites muséales, ces images tissent un dialogue intime entre art et vie. Lauréate du prix Women in Motion Kering 2025, Nan Goldin se verra récompensée le 8 juillet prochain à Arles.

© Nan Goldin, Jeune amour, 2024, avec l’aimable autorisation de l’artiste / Gagosian.

Avec Père, Diana Markosian interroge la douleur de l’exil tout comme le manque du père et le long parcours vers la réconciliation familiale. L’absence est également au cœur du travail de la photographe américaine Keisha Scarville qui invoque la présence de sa mère disparue au travers d’objets personnels comme de son propre corps.

Pour Camille Lévêque, c’est la figure paternelle qui est centrale. Avec À la Recherche du Père la photographe française propose une enquête photographique aussi intime que sociologique.  

© Camille Lévêque, Glitch, 2014, avec l’aimable autorisation de l’artiste

Relectures : revisiter notre patrimoine photographique

Cette édition 2025 s’attache à revisiter les figures majeures de l’image sous un angle nouveau. 

Trait d’union entre la street Photography américaine et la photographie humaniste française, Louis Stettner (1922 – 2016) est à l’honneur à Arles aux côtés de la photographe italienne Letizia Battaglia (1935 – 2022) dont la centaine d’images exposée à Arles prouve la sensibilité, le courage et l’engagement sans faille.

L’exposition Yves Saint Laurent et la photographie explore le lien singulier entre le couturier et le médium photographique. Pour la première fois à Arles, cette présentation inédite, issue des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris, offre une immersion dans l’univers d’un créateur visionnaire, à la croisée de l’histoire de la mode et de celle de la photographie.

Présentée pour la première fois à l’échelle internationale, une rétrospective met en lumière le travail pionnier de Claudia Andujar dans le Brésil des années 1960 et 1970. À travers des séries humanistes et expérimentales, l’exposition révèle les fondements de son regard : portraits de familles modestes, scènes urbaines, réflexions sur la féminité ou la folie, jusqu’aux prémices de son immersion en Amazonie auprès des Yanomami. Un chapitre essentiel pour comprendre son œuvre militante.

© Claudia Andujar, de la série Rua Direita, São Paulo, SP, vers 1970, avec l’aimable autorisation de l’artiste / Instituto Moreira Salles

Contes d’Archives et Géométrie Variable : mémoire et liberté des formes

Les archives sont vivantes. Images d’anonymes ou de photographes reconnus sont convoquées à Arles pour tisser des récits mêlant l’intime et l’universel.

© Agnès Geoffray, L’étendard, 2024, avec l’aimable autorisation de l’artiste / ADAGP, Paris

Rassemblés sous le thème Géométrie Variable, des artistes explorent nos relations à l’environnement au travers de nos architectures et de ses formes. Batia Suter, Stéphane Couturier et plusieurs photographes modernistes brésiliens rassemblés pour l’occasion invitent le public à plonger au cœur de structures passées et présentes.

Chroniques Nomades : arpenter le monde

En 1954, Berenice Abbott parcourt la Route 1, axe historique traversant les États-Unis du nord au sud, pour capter le quotidien américain. Son projet, jamais publié, inspire aujourd’hui Anna Fox et Karen Knorr. De 2016 à 2024, les deux photographes reprennent la route, documentant l’Amérique contemporaine à travers ses paysages, ses tensions sociales et ses mutations. U.S Route 1 est un hommage actualisé à l’enquête photographique d’Abbott.

À leurs côtés Todd Hiddo présente une série d’œuvres captant des moments de beauté paisible dans des paysages désolés. Bien moins calme, Kourtney Roy régale à nouveau son public de ses mises en scène et autoportraits fantasques avec La Touriste qui assomme d’un grand coup de marteau les clichés des vacances.

Tout juste publié chez André Frères Éditions pour Azov Horizon, Patrick Wack rejoint cette sélection arlésienne. De même, Jean-Michel André (Prix Nadar 2024) nous invite à pousser la porte de la Chambre 207, scène de crime, mais aussi point de départ de son enquête photographique.

Émergences : la relève 

Chaque année, les Rencontres sont aussi un terrain d’expérimentation pour une jeune garde créative. Exposition collective et personnelle réunissent des artistes internationaux aux esthétiques hybrides. Le Prix Découverte Louis Roederer ou les diplômés de l’ENS témoignent d’un vivier créatif en ébullition, ouvert à de nouvelles formes narratives toujours plus engagées.

À Arles mais aussi dans sa région grâce à une pléiade d’expositions satellites et évènements off Arles, les expositions se vivent comme des traversées. Cloîtres, chapelles, friches industrielles, galeries et lieux patrimoniaux dialoguent avec les œuvres. Cette symbiose entre l’image et l’espace donne aux Rencontres de la Photographie leur caractère unique.

Si la photographie y est documentaire, elle est aussi poétique, politique, conceptuelle, artisanale ou numérique. Ce kaléidoscope visuel, voire plasticien, n’élude pas les tensions de notre époque. Crise climatique, migrations, inégalités, fractures de l’intime ou du collectif… en 2025, plus que jamais, les Rencontres d’Arles font le pari du sensible, du partage et de l’engagement.

La programmation complète et les différents lieux d’exposition sont à retrouver sur le site Internet du Festival.

Informations pratiques :
Les Rencontres de la photographie d’Arles 2025
Du 7 juillet au 5 octobre 2025
Tous les jours de 10h à 19h30
Tarifs : de 4,50 € à 15 € par exposition ; forfaits toutes expositions : de 32 € à 42 €
Gratuit pour les moins de 18 ans.