Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de décembre 2024, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Ce mois-ci, la recherche créative est particulièrement à l’honneur. Avec Pourquoi et comment nous créons, Sean Tucker livre ses réflexions personnelles sur la photographie. Guy Delisle sur le parcours tumultueux d’un pionnier injustement méconnu, Eadweard Muybridge. L’AFP livre une sélection de ses plus belles photographies. Raphaël Neal offre un regard troublant sur le glamour hollywoodien. Enfin, Mark McLennan propose un regard empreint de poésie sur les terres de l’Ouest américain.
Bonne lecture.
Sommaire
Pourquoi et comment nous créons
Dans cet ouvrage, Sean Tucker, photographe et réalisateur britannique, propose une exploration du processus créatif. Ce livre, à la croisée de la réflexion personnelle et de principes plus universels, interroge le sens que nous donnons à nos créations et les motivations profondes qui nous poussent à créer.
À travers des anecdotes personnelles, l’auteur aborde des thèmes essentiels : surmonter les doutes, affronter les critiques, trouver sa voix, et comprendre le rôle de l’art dans “l’ordre du chaos” comme l’explique Tucker. Chaque chapitre agit comme une invitation à réfléchir sur les défis internes auxquels tout créatif est confronté, tout en offrant des pistes pour cultiver un travail significatif et authentique.
Accessible et introspectif, Pourquoi et comment nous créons est un guide inspirant pour les artistes, les photographes et toute personne cherchant à insuffler du sens dans leur démarche créative.
Pourquoi et comment nous créons, Sean Tucker
Éditeur : Eyrolles
19,90 €, 288 pages, format broché, 11 x 18 cm
Acheter le livre : Eyrolles / Fnac
Hollywood Nightmares
Avec Hollywood Nightmares, Raphaël Neal explore un univers où le glamour hollywoodien se dissout dans l’obscurité des rêves brisés. Ce recueil d’autoportraits est né d’une déception profonde face au monde du cinéma, où Neal a évolué. Ses clichés, soigneusement mis en scène, traduisent les désillusions et les fractures intimes d’un milieu qui allie fascination et cruauté.
Le livre est enrichi par un entretien avec l’auteure Alice Zeniter, proche du photographe, qui prend la forme d’une conversation entre elle et l’artiste. Comparable à un témoignage livré sur le divan d’un psychanalyste, elle dévoile la genèse de ce travail introspectif.
Né de son expérience personnelle dans le cinéma, ce projet met en lumière les tensions entre le désir de reconnaissance et la violence émotionnelle de cet univers. Chaque image évoque un mélange d’élégance cinématographique et de trouble intérieur, incarnant une vision critique des idéaux hollywoodiens. Hollywood Nightmares est bien plus qu’un livre : c’est une catharsis visuelle, un hommage aux âmes en quête d’identité et un regard critique sur le rêve d’Hollywood.
Hollywood Nightmares de Raphaël Neal
Éditeur : Le bec en l’air
32 €, 152 pages, format relié, 17 x 22 cm
Acheter le livre : Le bec en l’air / Fnac
Pour une fraction de seconde
Dans la grande histoire de la photographie et du cinéma, les noms de Niépce, Daguerre ou des frères Lumière sont largement passés à la postérité. Hélas, celui d’Eadweard Muybridge est bien davantage resté dans l’ombre – notamment de ce côté de l’Atlantique. Pourtant, la vie de cet homme fut passablement mouvementée (comme le rappelle le jeu de mots sur la couverture de l’ouvrage).
Car ses travaux sur la décomposition du mouvement ont eu un impact considérablement sur l’image fixe et animée. À tel point que ses deux ouvrages, Humans in Motion et Animals in Motion, sont réimprimés depuis plus de 120 ans. « Pour comprendre la mécanique, l’équilibre et le poids d’un mouvement, on n’a pas fait mieux comme référence. Il est étonnant de constater que ces images d’un autre temps nous parlent encore aujourd’hui« , détaille Guy Delisle, auteur de cette très belle bande dessinée parue aux éditions Delcourt.
Déjà largement reconnu pour ses Chroniques de Jérusalem ou sa BD sur la Corée du Nord, l’auteur met donc un coup de projecteur largement mérité sur ce personnage haut en couleur, passionné et passionnant. Et dresse une vaste fresque du XIXe siècle : la révolution industrielle, le progrès technique, les grandes fortunes.
Pour une fraction de seconde, Guy Delisle
Éditeur : Delcourt
24,50 €, 208 pages, format relié, 20 x 26,5 cm
Acheter le livre : leslibraires.fr / Fnac
Focus, le regard des photographes de l’AFP
Comme tous les ans à pareille époque, l’Agence France-Presse livre une sélection des meilleurs clichés de ses photographes. Telle une fenêtre ouverte sur l’année écoulée, l’ouvrage offre un panorama exhaustif de la planète sous toutes ses facettes, telle qu’elle fut en 2024.
Les photographies des élections américaines tiennent une large place dans la 1e partie de l’ouvrage. Mais aussi (et surtout) les deux grands conflits qui secouent la planète, au Proche-Orient comme en Ukraine. Le regard acéré des photographes font de ces clichés le reflet d’une époque. Un point qui se confirme avec les très belles images des JO de Paris 2024. Enfin, une large place est toujours accordée au changement climatique et à ses conséquences sur les populations.
Si l’on note le soin évident apporté par leur auteur à chacune de ces photographies, on apprécie également le travail éditorial qui a été mené. Car le commentaire accolé aux images (en français et en anglais) apporte un éclairage d’une grande pertinence à ces fragments représentatifs de notre monde.
Focus, le regard des photographes de l’AFP
Éditeur : La Découverte
29,90 €, 200 pages, format broché, 22,2 x 28,3 cm
Acheter le livre : leslibraires.fr / Fnac
No Fences
« Aux États-Unis, rien ne semble aussi symboliquement riche que l’Ouest américain. » C’est ainsi qu’on rentre dans No Fences de Mark McLennan, son dernier livre publié aux éditions Stanley/Barker.
Pendant trois ans, Mark McLennan a arpenté les terres de l’Ouest américain à la recherche d’un mode de vie qu’il pensait perdu. Son appareil photo et sa pratique artistique lui ont permis, justement, de dépasser les fences (clôtures) qui donnent le titre à son projet, pour aller à la rencontre des lieux et des personnes qui perpétuent une forme de tradition, à rebours de la modernité.
C’est avec une grande sobriété que Mark McLennan photographie paysages et portraits, qui se complètent avec une certaine poésie dans le livre. Son noir et blanc, très doux, présente autant de visages marqués que de grandes plaines, de forêts, de montagnes ou d’usines désertées. Bien que sa série ait été réalisée entre 2020 et 2023, on croirait revenir à un temps révolu, peut-être celui immortalisé par la photographie humaniste d’après-guerre ou par le cinéma western.
L’esthétique adoptée, tout en nuances et d’un gris presque métallisé, le sujet et la démarche de Mark McLennan font de No Fences un très beau livre-objet, à la qualité photographique et éditoriale indéniable.
No fences, Mark McLennan
Éditeur : Stanley Barker
67,95 €, 88 pages, format relié, 30 x 22 cm
Acheter le livre : Stanley Barker