Lancé en juin 2024, le Pentax 17 signe le grand retour des compacts argentiques. Particulièrement attendu par les photographes, il dispose d’une optique 25 mm f/3,5 et se distingue en capturant des images au demi-format vertical 17 x 24 mm.
Sur le terrain, la recette néo-rétro proposée par Pentax est-elle suffisamment savoureuse ? Nous avons testé ce nouvel appareil argentique 35 mm pendant un mois : voici notre test complet du Pentax 17.

Retrouvez notre test vidéo du Pentax 17 :
Sommaire
Pentax 17 : l’appareil argentique made in 2024
Souvenez-vous. Fin 2022, Ricoh Imaging lançait un pavé dans la mare en dévoilant (timidement) le Pentax Film Project. Le but : lancer un modèle argentique 35 mm en 2024. Comme un véritable retour aux sources pour le constructeur japonais. Après des mois de rumeurs et de teasing, le Pentax 17 est enfin là – suscitant un certain intérêt auprès des photographes de tous âges.


L’arrivée d’un nouveau compact argentique est en soi une petite révolution. Depuis une dizaine d’années, la photographie argentique connaît un regain d’intérêt, porté (notamment) par un public plus jeune, qui n’a connu que le numérique. Jusqu’à présent, seuls des boîtiers d’occasion étaient disponibles – avec des prix ayant connu une envolée spectaculaire.


Le pari de Pentax est donc particulièrement osé. D’une part, concevoir un « nouveau » boîtier argentique a nécessité de rappeler de la retraite les ingénieurs ayant conçu les derniers modèles à la fin des années 90. D’autre part, ce modèle s’inspire librement du Pentax Espio Mini, développé en 1994 – mais aussi (et surtout) de modèles comme les Olympus Pen F, qui misaient déjà sur le « demi-format ».


Enfin, on notera qu’il s’agit ici du tout premier test d’un boîtier argentique publié sur Phototrend, le média ayant été créé en 2008 – soit bien après la transition vers le numérique…
Le demi-format, c’est quoi ?
La notion de « demi-format » est suffisamment intrigante pour l’on s’y intéresse quelques instants. Elle doit son nom à la largeur du format couvert par l’appareil : 17 x 24 mm. Contrairement aux boîtiers « classiques », le Pentax 17 n’expose pas une vue entière d’une pellicule 35 mm – mais seulement la moitié. Ainsi, les clichés « demi-format » sont capturés à la verticale.


Sur le terrain, ceci implique une petite gymnastique d’esprit : en tenant l’appareil à l’horizontale, on capture des photos verticales, et vice-versa (voir plus loin).
D’après Pentax, ce système présente 2 avantages. D’une part, il doit séduire la jeune génération, très habituée à capturer des images verticales au smartphone. D’autre part, ce format serait plus économique. En effet, on peut capturer 48 photos avec une pellicule de 24 poses, ou 72 photos avec une pellicule 36 poses.


Ergonomie et prise en main du Pentax 17
Le Pentax 17 étant le premier boîtier argentique contemporain. Le constructeur japonais réussit-il à proposer une expérience néo-rétro idéale ? C’est ce que nous allons voir.
Le plastique, c’est fantastique !
Au premier abord, le Pentax 17 surprend par sa légèreté. Avec un poids de 290 g seulement, l’appareil est très léger ! On apprécie également ses dimensions réduites : 12,7 cm de large, 7,8 cm de haut, 5,2 cm d’épaisseur. Il se glisse facilement dans une poche de veste, prêt à vous accompagner partout.


On apprécie également son look délicieusement rétro, fait de lignes tendues et de (nombreuses) molettes de réglages manuels. À l’avant, le mini-grip permet une bonne prise en main. Il masque le logement de… la pile CR2. Sur un boîtier made in 2024, nous aurions largement préféré une batterie au lithium rechargeable !


En outre, la légèreté de l’appareil est due à l’emploi massif… du plastique. Le corps de l’appareil, le dos, les différentes molettes utilisent ce matériau, qui confère au boîtier un aspect un peu « jouet ». Ce qui est bien dommage, car le capot supérieur et la base du boîtier sont en alliage de magnésium. Face à un argentique vintage, le feeling est un peu moins agréable – même si le Pentax 17 s’avère bien plus léger que bon nombre de boîtiers anciens.
Viseur tunnel minimaliste
Comme indiqué plus haut, l’emploi du demi-format implique une visée… originale. Puisque l’appareil capture naturellement des images verticales, il faut le faire pivoter de 90° pour capturer des photos horizontales. L’expérience peut être un peu déroutante au premier abord – mais on s’y habitue assez rapidement.


Dans l’absolu, la visée avec le Pentax 17 aurait pu être agréable… mais 2 défauts compliquent l’expérience sur le terrain. Premier grief, ce viseur clair, de type Albada, ne couvre que 80 % du champ (grossissement 0,38x). Et il s’avère particulièrement étroit. Deux cadres sont affichés en permanence – dont le plus petit est pensé pour faciliter la mise au point à faible distance. Hélas, pour le néophyte, ces indications manquent de clarté.


Second grief, il s’agit ici d’un viseur tunnel – et non d’une visée type « reflex ». Ainsi, on ne dispose d’aucune indication visuelle quant à la mise au point. Celle-ci peut être totalement ratée… et vous n’en saurez rien avant le tirage ! De même, il est (hélas) beaucoup trop facile de capturer des photos avec le cache devant l’objectif – malgré la présence de petites LEDs placées à droite du viseur.


En clair, ce viseur est l’un des vrais défauts du Pentax 17. Trop étroit et de type « tunnel », il peine à nous convaincre pleinement. Ce qui est bien dommage pour un boîtier argentique…
Molettes de réglages
Au lancement de l’appareil, Pentax expliquait que ce modèle a été pensé afin que les amateurs d’argentique puissent « exprimer leur créativité en laissant une place à l’utilisation manuelle, plutôt que d’en faire un modèle entièrement automatique ». Pour autant, le fonctionnement de l’appareil réserve quelques surprises.


Côté pile, le boîtier fait la part belle aux commandes manuelles. Sur le capot supérieur, la manivelle de rembobinage de la pellicule est entourée par une couronne de sélection de la sensibilité ISO de la pellicule. Un petit bouton évite qu’elle ne tourne trop facilement toute seule – ce que nous apprécions. Une roue crantée de compensation de l’exposition est également présente.


À droite du viseur, le déclencheur est accompagné d’une molette On/Off. À ses côtés, la molette d’armement du film est flanquée d’une (minuscule) fenêtre indiquant le nombre de vues déjà capturées. Sans oublier la molette de sélection des modes de déclenchement du boîtier – qui tourne trop beaucoup trop facilement, notamment lorsqu’on actionne le levier d’armement.


L’insertion et le retrait du film n’offrent aucune mauvaise surprise. Pour ouvrir le dos de l’appareil, on actionne la molette située tout à gauche de l’appareil. Une fois la pellicule insérée, il suffit de faire glisser le film jusqu’à la bobine réceptrice, d’actionner une ou deux fois le levier d’armement, et de refermer la porte arrière. Pour retirer la pellicule, il convient de la débrayer grâce au petit bouton placé sous l’appareil, et de rembobiner le film. Les habitués retrouveront tout de suite leurs marques ; les néophytes devraient se sentir rapidement à l’aise.


Un fonctionnement semi-automatique… déroutant
Plutôt que de proposer un boîtier 100 % manuel avec cellule intégrée, Pentax a cherché à proposer une expérience « semi-automatique » afin de rassurer les débutants. Hélas, le résultat est assez déroutant. Le mode Auto (en bleu) est accompagné par 2 ( !) modes P et 2 modes « nuit ».


Pourquoi une telle redondance ? Tout simplement parce que les pictogrammes en blanc (P, Nuit, Bokeh et Bulb) indiquent les modes de déclenchement sans flash – à la différence de ceux indiqués avec des pictos jaunes. On a largement vu plus clair ! En outre, ce mode de fonctionnement ne donne aucune indication quant à la vitesse d’obturation. Le boîtier choisit tout seul la vitesse « adéquate », sans que le photographe n’ait la possibilité de reprendre la main.


La mise au point (manuelle) est tout aussi surprenante. En effet, on dispose d’une bague de MAP crantée, surmontée (là aussi) de petits pictogrammes indiquant le type de sujet – et leur distance présumée.


Une échelle des distances en mètres et en pieds est bien présente… mais elle est placée sous l’objectif. Là encore, on a vu plus simple. Heureusement, une petite fenêtre dans le viseur vient rappeler la distance de MAP sélectionnée.


Mais comme le viseur est étroit, on peut facilement manquer cette information et rater sa mise au point. Autre souci : sur les sujets les plus proches, ce système manque de précision, et nous avons eu quelques photos où la mise au point était faite à côté. À noter que la lanière de l’appareil permet de mesurer la distance minimale de mise au point, qui est de 25 cm.


Le système de LEDs placé à côté du viseur s’avère largement perfectible. L’intensité lumineuse des diodes est trop forte dans le noir… et trop faible en plein soleil. En outre, leur fonctionnement est (très) loin d’être explicite :
- Diode orange allumée en continu ? Le flash est chargé.
- Elle clignote doucement ? Le flash est en cours de charge – temps de recyclage ? 8 secondes.
- Diode bleue et orange clignotant rapidement ? La pile est usée – ou le film n’est pas avancé au maximum.


D’une manière générale, le Pentax 17 souffre d’un manque de simplicité. Un comble pour un boîtier conçu comme un point-and-shoot argentique ! Censée être plus simple et rassurante, la molette de sélection des modes est davantage une source de confusion pour les débutants – comme pour les photographes aguerris, davantage habitués à régler eux-mêmes la vitesse d’obturation grâce à une roue prévue à cet effet.
Qualité d’image du Pentax 17
Au-delà de toutes ces considérations, quelle qualité d’image peut-on obtenir avec le Pentax 17 ? Nous avons utilisé 3 pellicules : une Harman Phoenix 200 couleur ainsi qu’un duo Ilford 200 et 400 ASA.
Comme mentionné plus haut, le demi-format permet d’obtenir des photos de 24 x 17 mm. En outre, le boîtier permet de capturer 2x plus de photos qu’avec un appareil photo « classique ». Autre conséquence, l’objectif 25 mm ouvrant à f/3,5 cadre comme un 37 mm.


La qualité d’image est une excellente surprise : les photos sont parfaitement exposées, avec un bon niveau de détails malgré la petite taille du négatif. L’objectif, doté d’une formule optique avec 3 lentilles réparties en trois groupes, offre de belles performances, renforcée par un traitement anti-reflets efficace.








































Au développement, le demi-format offre des images par paires – que l’on pourrait appeler des “demi-vues”. Ceci peut être assez déroutant, mais ouvre aussi des possibilités créatives. On peut ainsi jouer avec des mini-séries de deux photos cohérentes ou juxtaposer des scènes côte à côte. L’appareil invite à réfléchir à ses photos en duo, plutôt que de les voir comme des images individuelles.








Notre seul « vrai » reproche ici concerne la mise au point, car le système conçu par Pentax avec ce viseur tunnel manque franchement de précision. Enfin, on dispose d’un mode “Bokeh”, mais en pratique, la différence n’est pas vraiment flagrante.


Un grand merci aux équipes de Négatif + pour le développement et la numérisation des photos de ce test. Les images couleur ont été capturées grâce à une pellicule Harman Phoenix 200. De même, les clichés mononchrome ont été réalisés avec deux pellicules Ilford 200 et 400 ASA.
Conclusion : Pentax 17, pas aussi génial qu’attendu
Il y a certains appareils que l’on a envie d’aimer au premier coup d’œil. Et le Pentax 17 appartient clairement à cette catégorie. En venant ressusciter la catégorie des compacts argentiques 35 mm, le constructeur japonais a pris un risque considérable. Et force est de constater que cet appareil ne manque pas d’atouts. Son design est très réussi, et l’on apprécie beaucoup son gabarit réduit. Le demi-format permet aussi de capturer deux fois plus de vues qu’avec un appareil « classique ».


Hélas, tout n’est pas (encore) parfait, et l’expérience générale demeure largement perfectible sur plusieurs points. Des plastiques trop légers. Un viseur tunnel (beaucoup) trop étroit – et qui n’offre aucun retour sur la netteté réelle de l’image. Une mise au point manuelle déroutante – ce que le viseur tunnel ne vient pas aider. Des modes semi-automatiques peu clairs et parfois redondants. Enfin, le tarif de 549 € paraît excessif pour les prestations offertes.
Pour autant, ne jetons pas la pierre à Pentax. Avec ce boîtier, le constructeur réussit à remettre la photographie argentique sous le feu des projecteurs – une première depuis au moins 25 ans. Ainsi, le Pentax 17, malgré ses défauts, est un compagnon photographique original et séduisant.
Le Pentax 17 est disponible au tarif de 549 € chez Digit-Photo, Miss Numérique, Digixo, Camara, IPLN, à la Fnac et dans les boutiques spécialisées.