En plein cœur de Toulouse, la Fondation Bemberg présente une exposition temporaire entièrement consacrée à la photographie ; un événement rare pour ce musée habituellement tourné vers la peinture. Jusqu’au 3 novembre 2024, l’exposition Les paradis latins célèbre un siècle de photographie latino-américaine. Elle présente 83 photographies tirées de la collection de Leticia et Stanislas Poniatowski, principalement des portraits, mettant en lumière aussi bien des anonymes que des figures historiques.
On le sait : l’Amérique latine a été traversée par de nombreux conflits et régimes dictatoriaux au fil du vingtième siècle. « Les paradis latins » offre une sorte de versant de cette histoire de la violence, une mise en lumière sur ce que les différents États essayaient de réduire à l’ombre, au silence. Danseuses de tango, de samba et de salsa, femmes fatales, travestis et transgenres… toutes et tous ont une haute idée la féminité, notamment dans ce qu’elle peut avoir de subversif face à la norme dominante.
Tirage gélatino-argentique d’époque enluminé par l’artiste © Simón Flechine
Tirage gélatino-argentique d’époque de Gustavo Silva peint par Nahui Olin © Gustavo F. Silva
Ainsi, la couleur, omniprésente dans les photographies présentées – et parfois ajoutée au pinceau sur les tirages –, fonctionne comme un « trompe-l’œil », pour citer Marcos Lopez. C’est-à-dire : faire autre chose de la tragédie qui nous est imposée. Une sorte de carnaval des différences éclairé par toute cette galerie de portraits, allant de la tradition des photographies de studio aux réinterprétations plus contemporaines.
On peut ainsi découvrir de grands artistes oubliés, dont les images disent beaucoup de l’ambiance qui a pu régner dans les différents pays d’Amérique latine de cette époque. Leonora Vicuña, pour ne citer qu’elle, qui a photographié les rues de Santiago pendant la dictature de Pinochet, et dont l’obscurité est rehaussée par ses touches de couleur. Ou encore Agustín Martínez Castro, militant gay, qui a su transmettre le quotidien des populations marginalisées – prisonniers politiques, travestis et travailleurs du sexe – au Mexique.
Les paradis latins à la Fondation Bemberg révèle la richesse de la photographie latino-américaine, mettant en lumière des portraits vibrants de résistance et de subversion. Cette exposition unique, où l’art transcende la tragédie, est une immersion poignante dans l’histoire et la culture de l’Amérique latine.
Informations pratiques :
Les paradis latins : étoiles sud-américaines, Collection Leticia et Stanislas Poniatowski
Fondation Bemberg
Du 7 juin au 3 novembre 2024
Place d’Assézat, 31000 Toulouse
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Tarif : 14 euros (réduit : 11,50 €)
