Test Honor Magic6 Pro : le plus sportif des smartphones photo ?

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Présenté à l’occasion du salon MWC 2024 de Barcelone, le Honor Magic6 Pro est un smartphone haut de gamme – et aux grandes ambitions photographiques. Il se distingue notamment par son téléobjectif, qui emploie un capteur de… 180 Mpx (!).

À grands renforts d’intelligence artificielle, il vise également à devenir le plus sportif des smartphones. De quoi convaincre les photographes chevronnés en cette veille de JO ? Réponse dans notre test complet du Honor Magic6 Pro.

Test Honor Magic6 Pro Phototrend

Présentation du Honor Magic6 Pro

Cela fait déjà plusieurs années que tous les constructeurs misent sur la partie photo/vidéo pour conquérir le cœur (et le portefeuille…) des consommateurs. Pour tirer son épingle du jeu, chaque acteur a sa propre stratégie. Certains s’allient à des marques « historiques » de la photo (Xiaomi avec Leica, Oppo avec Zeiss). D’autres se sont lancés dans une certaine surenchère en termes de taille ou de définition du capteur principal.

Avec le Honor Magic6 Pro, l’ex-filiale de Huawei a vu les choses différemment. Chose quasi-inédite, ce modèle ne concentre pas tous ses efforts sur le capteur principal – mais bien sur le téléobjectif. Jugez plutôt : l’objectif principal (eq. 23 mm) est couplé à un capteur de « seulement » 50 Mpx, tandis que le téléobjectif (eq 57,5 mm) est jumelé à un capteur de 180 Mpx. Excusez du peu.

Test Honor Magic6 Pro Phototrend

Dans sa communication, Honor met particulièrement l’accent sur la photographie sportive. Ainsi, l’appareil doit être capable d’anticiper (et donc de capturer) les meilleurs moments d’action de certaines pratiques sportives : danse, arts martiaux, etc.

Enfin, son tarif de 1199 € lui permet d’éviter de se mesurer aux terminaux les plus premium du marché. Il vise davantage des modèles comme l’iPhone 15 Pro, le Samsung Galaxy S24+, ou encore le OnePlus 12.

Voici les principales caractéristiques techniques du Honor Magic6 Pro :

  • Écran : OLED LTPO, 6,8 pouces, 1-120 Hz
  • Définition : 1280 x 2800 pixels
  • Appareil photo dorsal : 1 x 50,3 Mpx (type 1/1,3 pouce), 1x 50 Mpx (type 1/2,88 pouce), 1 x 180 Mpx (type 1/1,49 pouce)
  • Appareil photo frontal : 50 Mpx (type 1/2,93 pouce), f/2,0, équivalent 22 mm
  • Vidéo : 4K jusqu’à 60 fps, slow motion 120, 240 fps
  • OS : Android 14, MagicOS 8
  • Processeur : Snapdragon 8 Gen 3
  • Mémoire vive : 12 Go
  • Batterie : 5600 mAh
  • Stockage : 512 Go
  • Dimensions : 162,5 x 75,8 x 8,9 mm
  • Poids : 225 g

Design et finitions : un terminal premium à tout point de vue

En termes de qualité de construction, de design ou de finitions, Honor joue dans la cour des grands. Le terminal n’a rien à envier aux cadors du secteur. On apprécie l’écran aux bords subtilement recourbés. Comme ses concurrents, le Honor Magic6 Pro est assez grand (16,2 x 7,6 x 0,9 cm) et assez lourd (225 g). Les finitions sont très bonnes – mais le revêtement en « cuir vegan » au dos de l’appareil est assez fragile.

Comme sur son prédécesseur, le Magic5 Pro, le bloc photo est assez proéminent… mais son intégration est réussie. C’est davantage lorsque l’on pose le smartphone sur un table que l’on se rend compte de son épaisseur réelle. Heureusement, le module photo est placé au centre de l’appareil : posé sur une table, le terminal n’est pas bancal.

On retrouve aussi un (très) grand écran OLED de 6,8 pouces, qui affiche 1280 x 2800 pixels. Il offre une très bonne lisibilité, ainsi qu’un bon rendu des couleurs. La fréquence « adaptative » est de la partie (1-120 Hz).

Le lecteur d’empreinte digitale placé sous l’écran est efficace. Il est secondé par un système de reconnaissance faciale – qui vient concurrencer le Face ID d’Apple. Ainsi, on distingue une « pilule » prévue à cet effet (où se loge aussi la caméra frontale), placée au milieu supérieur du terminal. Et son comportement est en tout point identique au dispositif d’Apple, la pilule s’élargissant pour certaines notifications.

Enfin, on dispose de deux haut-parleurs pour une restitution du son en stéréo. Malheureusement, leur emplacement est perfectible car nos doigts viennent facilement les recouvrir. Résultat, lors de jeux, le son est parfois étouffé. Un défaut que nous constations déjà sur le Xiaomi 14 Ultra, soit dit en passant.

Trois capteurs photo pour une certaine polyvalence

Comme la quasi-totalité des smartphones haut de gamme, le Honor Magic6 Pro intègre trois capteurs photo. Il dispose d’un ultra grand-angle 13 mm, d’un grand-angle 27 mm, et d’un téléobjectif 67,5 mm.

De prime abord, la longueur focale du téléobjectif est franchement timide – surtout au regard de la concurrence. Mais grâce à son capteur très défini (voir plus loin), il se dote d’une focale « virtuelle » équivalent 135 mm. De quoi nous permettre de voir plus loin.

Capteur principal : une bonne restitution des détails… et des couleurs (très) vives

L’objectif principal (éq. 27 mm) est associé à un capteur de 50 Mpx fabriqué par Omnivision (et non par Sony ou Samsung). De type 1/1,3 pouce, il est donc un chouïa plus petit que le capteur principal de son prédécesseur. Les photosites mesurent 1,2 µm (2,4 µm grâce au pixel binning). Mentionnons l’ouverture variable f/1,4-2.

Sur le terrain, le capteur principal du Honor Magic6 Pro est capable de livrer de bons résultats. Les scènes sont globalement bien restituées. Le niveau de détails est élevé – mais moins que sur les smartphones dotés d’un capteur type 1 pouce, malheureusement. On notera aussi que les bords de l’image souffrent d’une certaine mollesse.

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Caen, centre-ville – Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1/2800 s à ƒ / 1,4, ISO 50

En revanche, en mode par défaut, le rendu des couleurs et des contrastes est un peu plus discutable. En effet, l’appareil a la main lourde sur la saturation des couleurs. Si les noirs sont très profonds, les ombres sont débouchées assez fortement.

Caumartin – Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1/6400 s à ƒ / 1,4, ISO 100

De nuit, les résultats sont corrects… mais sans plus. D’une part, l’appareil impose souvent un temps de pose assez long (1/50s, voire moins), ce qui multiplie le risque de photos floues. D’autre part, certaines couleurs – le rouge notamment – sont assez saturées. Heureusement, la restitution des détails est honorable.

Début de nuit – Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1/25 s à ƒ / 1,4, ISO 250
Station essence nocturne – Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1/100s à f/1,4, 640 ISO

Enfin, nous avons parfois rencontré des aberrations au niveau de l’assemblage des photos en basse lumière, comme sur la gauche de cette photo de trains.

Les deux trains sont correctement restitués, mais le rendu la zone tout à gauche de l’image est très étrange… Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1/150 s à ƒ / 1,4, ISO 320

Ultra grand-angle : convaincant de jour, moins de nuit

L’ultra grand-angle, de son côté, exploite lui aussi un capteur de 50 Mpx fourni par Omnivision. Toutefois, il est beaucoup plus petit que le capteur principal (type 1/2,88 pouce vs 1/1,3 pouce).

Balard – Honor Magic6 Pro – 13 mm, 1/560 s à ƒ / 2,0, ISO 50

Mais sur le terrain, cet ultra grand-angle est très convaincant. D’une part, sa focale 13 mm plaira beaucoup aux fans d’architecture et de paysage. D’autre part, ses performances dépassent nos attentes avec un bon niveau de détails (au centre) et… une colorimétrie assez juste.

Courbe gothique – Honor Magic6 Pro – 13 mm, 1/1200 s à ƒ / 2,0, ISO 50

En intérieur, l’ultra grand-angle montre cependant ses faiblesses. Le niveau de détails est perfectible… et l’homogénéité est en retrait, les bords souffrant d’un certain manque de netteté.

Abbatiale – Honor Magic6 Pro – 13 mm, 1/35 s à ƒ / 2,0, ISO 160

Enfin, en basse lumière, les choses se compliquent davantage. Le temps de pose est souvent assez long et bon nombre de nos photos sont floues. Par ailleurs, l’appareil a souvent la main lourde sur le lissage. Sous certains éclairages artificiels, l’effet de flare est très, très présent.

Oh, du flare – Honor Magic6 Pro – 13 mm, 1/50 s à ƒ / 2,0, ISO 80

Un téléobjectif paré pour le sport et l’action ?

Avec le Magic6 Pro, Honor a fait un choix audacieux. Celui de proposer un téléobjectif (périscopique) mieux armé… que le capteur principal. En effet, le smartphone emploie un capteur ultra-défini de 180 Mpx – non pas pour l’objectif principal, mais bien pour le téléobjectif. Un paradigme inédit… et intrigant.

Placé tout en haut du terminal, le téléobjectif périscopique 180 Mpx est difficile à manquer

Dans le détail, le smartphone utiliserait un capteur Samsung Isocell HP3 (de 200 Mpx) – sans utiliser tous les pixels. Pour mémoire, ce capteur est similaire à celui employé par les Samsung Galaxy S23 et S24 Ultra (pour l’objectif principal cependant) – tout en étant légèrement plus petit. Ledit capteur est placé perpendiculairement au dos du smartphone, l’appareil employant un prisme pour renvoyer la lumière jusqu’au capteur.

Sur le terrain, les résultats sont… inégaux. En premier lieu, mentionnons la rafale à 30 i/s, couplée à un buffer permettant la capture de 100 images d’affilée, excusez du peu.

Test Honor Magic6 Pro Phototrend

Néanmois, la focale « native » de ce téléobjectif est particulièrement courte : 68 mm contre 90 mm voire 135 mm sur la plupart des modèles concurrents. Ceci incite à utiliser le zoom « algorithmique » x5, permis par les 180 Mpx du capteur. Hélas, la qualité d’image est franchement discutable – notamment en intérieur. Bien souvent, les détails sont passablement brouillés.

Test Honor Magic6 Pro Phototrend
Basket 1 – Honor Magic6 Pro – 155 mm, 1/100 s à ƒ / 2,6, ISO 640

D’autre part, le terminal est loin d’égaler les « vrais » boîtiers photo sportif en termes de réactivité. Comptez 1 à 2 secondes pleines avant le début de la capture d’une rafale. En outre, le système « AI Motion Sensing », censé anticiper les mouvements du sujet et faciliter la photo sportive, peine à nous convaincre, l’appareil ayant tendance à déclencher… à la fin de l’action du sportif.

(Juste après) l’instant décisif – Honor Magic6 Pro – 135 mm, 1/470 s à ƒ / 2,6, ISO 2500

Pour autant, ce téléobjectif a le mérite d’être (largement) meilleur que celui du Magic5 Pro. En employant un capteur à la fois plus grand, plus véloce – et moins sensible au rolling shutter – il se montre bien mieux armé pour la photo d’action – même s’il ne peut prétendre à remplacer un « vrai » boîtier sportif.

Hop – Honor Magic6 Pro – 205 mm, 1/100 s à ƒ / 2,6, ISO 800

Enfin, dans la vie « de tous les jours », ce téléobjectif offre une assez bonne qualité d’image. La restitution de la scène est soignée – malgré une certaine saturation des couleurs.

Mais Ouistreham – Honor Magic6 Pro – 68 mm, 1/210 s à ƒ / 2,6, ISO 160

Néanmoins, le niveau de détails n’est pas fantastique, avec un mélange de lissage et de sharpening.  Un phénomène que l’on observe surtout en basse lumière et avec le zoom « algorithmique » x5.

Carmine doré – Honor Magic6 Pro – 135 mm, 1/90 s à ƒ / 2,6, ISO 3200

Plusieurs modes photo/vidéo intéressants

Comme la plupart de ses concurrents, le Honor Magic6 Pro propose plusieurs modes « avancés ». En premier lieu, on mentionnera le zoom numérique x100, qui repose sur le téléobjectif et le capteur principal. Un point qui rappelle les smartphones de Samsung… ou de Xiaomi, notamment. Les résultats sont acceptables jusqu’à un zoom x30… et discutables au-delà.

Le mode Portrait est évidemment de la partie, et livre de bons résultats. Les tons de peau sont fidèlement restitués – bien que le débouchage des peaux foncées soit parfois un peu fort. Le détourage est plus soigné que sur le Magic5 Pro.

Le téléobjectif mentionné plus haut dispose également d’une « botte secrète », avec un mode macro très réussi. Grâce à une distance de mise au point raccourcie (15 cm environ), il est possible d’obtenir de très belles images facilement.

Jour de pluie – Honor Magic6 Pro – 68 mm, 1/140 s à ƒ / 1,4, ISO 50

On dispose également d’un mode Pro – proposé à la fois en photo comme en vidéo. C’est d’ailleurs dans ce scénario qu’il est le plus intéressant, puisqu’il permet de filmer en LOG et d’appliquer des LUTs à la volée.

Lightspeed – Honor Magic6 Pro – 27 mm, 1.6 s à ƒ / 2,0, ISO 50

En vidéo, justement, le smartphone ne cède pas à la surenchère actuelle et se « contente » de la 4K 60p maximum – avec tous les capteurs. Petite subtilité cependant : en basse lumière, le smartphone ne filme pas avec le téléobjectif… mais avec le capteur principal (en croppant dans l’image). Un choix technique assez surprenant.

Enfin, comme son prédécesseur, le smartphone filme en Full HD en slow motion en 120 ou 240 fps avec le capteur principal.

Interface et performance

Comme tout smartphone premium de 2024, le Honor Magic6 Pro embarque une puce Snapdragon 8 Gen 3 gravée en 4 nm et couplée à 12 Go de RAM. L’ensemble tourne sous Android 14, revêtu de la surcouche MagicOS.

Au quotidien, l’interface est globalement très agréable à utiliser, avec de nombreux raccourcis utiles. Mais surtout, elle se montre d’une remarquable fluidité. Aucun ralentissement n’est à noter, même avec de nombreuses applications lancées en parallèle.

La partie gaming n’est pas oubliée. Comme son prédécesseur, le smartphone offre un excellent niveau de performances, avec un très bon niveau de détails sur nos jeux habituels. Enfin, la chauffe est très contenue. De ce point de vue, le terminal de Honor fait un sans-faute.

Quelle autonomie ?

Le Honor Magic6 Pro intègre une batterie très capacitaire de 5600 mAh – soit 500 mAh de plus que son aîné. À la clé, une autonomie très confortable. En usage « courant » (réseaux sociaux, vidéos, musique, appels, jeux), le terminal peut rester plus d’une journée et demie loin d’une prise secteur.

Il s’illustre aussi en offrant une charge rapide filaire 80W – une première chez Honor. Comptez environ 3/4h pour une charge complète. Notez cependant que l’adaptateur secteur mural n’est pas fourni dans la boîte… La recharge sans fil 66W est également permise, tout comme la charge inversée.

Conclusion

Avec le Magic6 Pro, le pari de Honor était audacieux. Celui de miser à fond sur son téléobjectif – et non sur le capteur principal, comme l’écrasante majorité de ses concurrents. L’ambition du constructeur chinois était limpide : proposer un smartphone résolument pensé pour la photographie de sport et d’action.

Au bord du terrain, les résultats sont intéressants à étudier. Grâce à son capteur plus grand, plus défini et plus réactif, le téléobjectif offre une réactivité largement supérieure à celle des modèles concurrents. Dommage que la qualité d’image (notamment en intérieur) soit parfois en retrait.

Pour autant, le smartphone offre une qualité d’image honorable, avec une restitution de la scène assez fidèle. On regrette cependant le manque d’homogénéité de l’ultra grand-angle. Par défaut, les couleurs sont parfois un peu trop vives à notre goût.

Toutefois, le Honor Magic6 Pro est un smartphone séduisant à plus d’un titre, et décroche sans doute la palme du photophone le plus original du 1er semestre 2024. Sans oublier ses autres points forts : un très bel écran OLED, un design très soigné, un très bon niveau de performance et une solide autonomie.

Reste la question de son tarif. Proposé à 1199 € (voire 999 € sur le site du constructeur), il bénéficie d’un bon rapport qualité-prix. Ce qui atténue sûrement certains de ses (petits) défauts.

Vous pouvez retrouver le Honor Magic6 Pro à la Fnac, chez Boulanger, sur Amazon et sur la boutique en ligne de la marque.

Test Honor Magic6 Pro : le plus sportif des smartphones photo ?
Design et finitions
8.7
Ergonomie et prise en main
8.5
Fonctionnalités photo / vidéo
8.3
Qualité d'image
8.1
Performances
8.8
Autonomie
8.7
Rapport qualité-prix
8.4
Points forts
Téléobjectif 180 Mpx beaucoup plus réactif que sur les autres smartphones
Très bel écran AMOLED
Autonomie confortable
Très bon niveau de performances
Qualité d'image avec le capteur principal
Bon rapport qualité-prix
Points faibles
Qualité d'image du téléobjectif 180 Mpx en retrait en intérieur
Ultra grand-angle en retrait (manque d'homogénéité et sensibilité au flare)
Pas de port micro-SD
Saturation des couleurs élevée et débouchage des ombres parfois agressif
8.5
sur 10
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