Le salon CP+ 2024, grand-messe de la photographie, s’est tenu à Yokohama du 22 au 25 février dernier. Phototrend s’est rendu sur place et a eu l’opportunité d’interviewer Kazuhiro Togashi, vice-président de la planification des produits et de la stratégie de marque chez OM Digital Solutions.
À l’occasion du lancement du téléobjectif M.Zuiko Digital ED 150-600 mm f/5-6,3 IS et de l’OM-1 Mark II, il a répondu à nos nombreuses questions sur les dernières nouveautés. Il revient également sur le passage d’Olympus à OM System, la stratégie de la marque orientée photo nature et animalier, et aborde également la photographie computationnelle. Place à l’interview.
OM System a abandonné le nom Olympus sur ses produits et dans sa communication. Votre clientèle est-elle prête pour ce changement de nom ?
Nous pensons que certains clients connaissent cette nouvelle marque, d’autres pas encore. À titre personnel, j’ai rejoint Olympus juste après avoir obtenu mon diplôme universitaire, et j’ai consacré plus de 20 ans de ma vie à cette entreprise. J’ai donc un sentiment de fierté et d’attachement très fort avec Olympus, et je comprends le sentiment de tous ceux qui sont attachés à la marque Olympus.
Cependant, je crois vraiment que notre tâche actuelle est de créer une marque pour les 10, 20 ou même les 50 prochaines années. Notre objectif est donc maintenant que nos clients adoptent notre nouvelle identité OM System de manière positive.

Quelle est la santé financière d’OM System ?
Notre chiffre d’affaires et notre résultat opérationnel sont à la hauteur de nos attentes.
Parlons maintenant du téléobjectif M.Zuiko Digital ED 150-600 mm f/5-6,3 IS. Pouvez-vous nous donner les raisons derrière la création de cet objectif, qui offre un équivalent 1200 mm en plein format ?
Nous avons décidé d’ajouter ce super-téléobjectif à notre gamme principalement pour répondre aux besoins des photographes d’oiseaux et d’animaux sauvages. Il offre deux avantages-clé. D’une part, il permet de capturer des photos en gros plan du sujet.
D’autre part, il permet aux photographes de capturer des images d’oiseaux et d’animaux sauvages dans leur habitat naturel, sans avoir besoin de s’approcher trop près du sujet, minimisant ainsi le stress des animaux.

Est-il disponible dès maintenant, ou uniquement en précommande ?
Cela dépend des différents marchés. Dans le cas du Japon, nous avons déjà ouvert les précommandes. En France, il devrait être disponible à partir du début du mois de mars 2024.
Impossible cependant d’ignorer son poids et la ressemblance avec un objectif plein format de chez Sigma. Avez-vous un partenariat sur cet objectif ? N’est-ce pas un peu éloigné de la philosophie « compact et léger » d’OM System ?
Nous ne sommes pas en mesure de fournir des informations supplémentaires au sujet d’un partenariat avec une autre marque.
En ce qui concerne notre philosophie sur la compacité et la légèreté, les objectifs plein format 1 200 mm ouvrant à f/8 pèsent généralement plus de 3 kg. Cependant, notre objectif atteint un poids de 2 kg tout en offrant une ouverture f/6,3 plus lumineuse. Cela le rend exceptionnellement compact et léger compte tenu de sa focale. Si vous aimez les longues focales, vous apprécierez certainement l’intérêt de cet objectif 1200 mm, qui est facile à manipuler, notamment à main levée.

Cet objectif a également d’autres arguments à faire valoir. Ce super-téléobjectif permet de capturer des images en gros plan et de photographier les oiseaux sauvages et la faune sans les déranger dans leur habitat naturel.
De plus, la stabilisation Sync IS joue un rôle très important dans la capture du moment décisif – qui ne peut être apprécié à l’œil nu. Ainsi, ce M.Zuiko Digital ED 150-600 mm f/5-6,3 IS est un objectif unique en son genre, qui offre un zoom très puissant dans un design ergonomique et facile à utiliser.

La série OM-1 est destinée aux photographes de nature et de faune, un groupe qui utilise fréquemment des téléobjectifs. Comment priorisez-vous le développement de focales aussi longues ? Il y a également deux zooms téléobjectifs dans la feuille de route optique du système OM, à quoi peut-on s’attendre ?
Nous pensons qu’il existe plusieurs catégories de photographes de nature et de la faune, allant des débutants aux professionnels. Nous développons les objectifs nécessaires pour chaque groupe. Nous déterminons l’ordre de développement des objectifs en fonction de facteurs tels que le temps requis pour leur conception, le calendrier de sortie de nos appareils photo et d’autres considérations générales.

L’un des deux téléobjectifs présentés dans la feuille de route précédente est le nouvel objectif 150-600 mm. Le développement d’autres téléobjectifs est également en cours, mais nous ne pouvons pas vous donner plus de détails pour le moment. Mais nous sommes conscients de l’attente que suscitent ces nouveaux téléobjectifs.
Parlons maintenant de l’OM-1 Mark II et de ses avancées par rapport à la version Mark I. Combien de fonctionnalités sont liées à des mises à jour hardware ? Les utilisateurs de l’OM-1 recevront-ils une mise à jour firmware qui apportera des nouveautés liées au software ?
La capacité de mémoire de l’OM-1 Mark II a été améliorée, permettant le développement de diverses fonctionnalités liées à la photographie computationnelle.
De plus, le logo de la marque sur le dessus de l’appareil a été remplacé par celui d’OM System, et un traitement en élastomère a été ajouté à la surface des molettes avant et arrière pour améliorer le contact avec les doigts et faciliter l’utilisation.

Comme annoncé le 21 février dernier, nous prévoyons de publier des mises à jour du micrologiciel pour améliorer certaines capacités de performances AF et l’opérabilité de l’OM-1, vers cet automne au Japon.
Ces améliorations sont liées aux recherches que nous avons menées lors du développement de l’OM-1 Mark II.

Avez-vous reçu des retours d’utilisateurs qui possédaient déjà l’OM-1 et n’étaient pas satisfaits de voir ce boîtier très proche avec de nouvelles fonctionnalités qui pourraient être incluses dans la mise à jour du firmware de l’OM-1 ?
Pour l’heure, la majorité des utilisateurs semblent comprendre notre volonté de proposer un firmware aux performances améliorées. Cependant, certains utilisateurs continuent de demander des fonctionnalité présentes sur l’OM-1 Mark II, comme un filtre GND ou d’autres nouvelles fonctionnalités.
[Depuis cette interview, nous avons publié un article détaillant le plan de mise à jour de l’OM-1 par OM System. Il s’agit d’une mise qui était planifiée avant les retours d’utilisateurs (et de certains médias) suite à la sortie de l’OM-1 Mark II. Celle-ci n’intégrera pas les nouveautés présentes sur le nouveau boîtier. NDLR]Nous avons conscience que développer de nouvelles technologies, y compris logicielles, a un coût À l’avenir, pensez-vous qu’offrir des mises à jour majeures de boîtier via des mises à jour payantes serait une voie à envisager ?
Techniquement, il est possible de déployer une mise à jour firmware payante. Mais d’un point de vue de marché, combien de personnes voudront acheter une mise à jour firmware ? Personnellement, je pense que cette option pourrait être envisagée à l’avenir pour l’ajout de nouvelles fonctionnalités.

OM System se concentre beaucoup sur la photographie d’animaux et de paysage. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Selon nous, les photographes qui apprécieront le plus la légèreté et la compacité de nos produits sont ceux qui pratiquent la photo de paysage, de nature et d’oiseaux sauvages. Pouvoir capturer ses photos à main levée, grâce à la stabilisation d’image, même dans des conditions difficiles, est un point crucial.

Nous pensons également que la photographie computationnelle peut contribuer à la création de nouvelles œuvres d’art et à l’élargissement du champ d’expression des photographes. Ainsi, les photographes qui hésitaient à utiliser des filtres gradués en raison de leur apparente complexité pourront trouver cette fonctionnalité très pratique.
En utilisant un filtre GND avec prévisualisation en direct et le post-traitement des images, l’OM-1 Mark II permet d’obtenir des œuvres d’art qui dépasseront les attentes des photographes.
N’avez-vous pas peur que votre positionnement ne soit trop restreint ?
D’après ce que montrent nos recherches internes, nous ne pensons pas que notre positionnement soit trop restreint. Au contraire, nous pensons que c’est précisément le bon positionnement pour renforcer notre marque.

Parlons capteur. Actuellement, chez OM System, aucun appareil ne dépasse les 20 Mpx. S’agit-il d’une limitation technologique ou d’un choix délibéré ? Verrons-nous un jour un boîtier OM System à haute définition ?
En premier lieu, nous pensons que la qualité d’image ne se limite pas à la définition du capteur. Notre priorité est de diminuer le nombre d’images ratées et d’augmenter leur qualité.
Cela ne signifie pas que nous avons cessé nos efforts pour améliorer la définition des images ou que les photos haute définition sont inutiles. Nous avons également affiné des technologies telles que notre prise de vue haute définition à main levée, en réduisant le temps de traitement pour faciliter la capture de photos haute définition en cas de besoin.

De plus, ces dernières années, les éditeurs de logiciels de traitement d’images ont fait des progrès significatifs en matière de réduction du bruit grâce aux technologies basées sur l’IA. De nombreux utilisateurs utilisent désormais ces fonctionnalités. Par conséquent, notre objectif reste d’améliorer la qualité de l’image.
En termes de développement logiciel, tout est-il fait en interne, ou faites-vous appel à des développeurs extérieurs ?
Les deux ! Certaines des technologies d’imagerie sont développées en interne. Cependant, pour certaines fonctionnalités liées à la photographie computationnelle, nous devons collaborer avec d’autres compagnies.
OM System est très innovant au niveau des fonctionnalités intégrées à ses appareils photo, avec de nombreux modes associés à la photographie computationnelle. Par exemple, l’OM-1 Mark II adopte une fonction Live GND et un nouveau filtre Live ND128 efficace. Quelle est la vision d’OM System pour ces « fonctionnalités intelligentes » au sein de ses appareils photo ?
C’est une très bonne question. La photographie computationnelle est une priorité majeure pour nous. L’objectif principal de l’appareil photo est de servir d »assistant de prise de vue », qui aide les utilisateurs novices et avancés à atteindre un taux de réussite plus élevé en photographie.

La photographie computationnelle joue un rôle important pour nous, car elle incarne une valeur fondamentale de notre système : la capacité de créer des œuvres d’art au-delà de l’imagination du photographe. Par conséquent, nous nous engageons à renforcer nos efforts dans le développement de la photographie computationnelle.
Comment expliquez-vous l’avance prise par OM System dans ce domaine ? Je pense au Pixel Shift, qui a été lancé par Olympus en 2013 sur l’OM-D E-M1 Mark II, alors que certains fabricants ne l’ont intégré pour la première fois qu’en 2024, comme Nikon avec son Zf…
Nous sommes fiers de notre technologie avancée de contrôle du capteur, qui constitue la base de la fonction du Pixel Shift. C’est également cela qui nous permet de rester en pointe en matière de stabilisation. Ces fondements technologiques nous permettent de rester les leaders dans ces domaines.

Certains constructeurs, en revanche, restent assez timides en ce qui concerne la photographie computationnelle. Pensez-vous que ces fonctions soient intimidantes pour l’utilisateur, notamment face aux smartphones ?
Un smartphone capture magnifiquement la vie quotidienne. En revanche, un appareil photo sert à la préserver en tant qu’œuvre d’art. Dans ce contexte, nous considérons la photographie computationnelle comme une technologie cruciale pour la création artistique.
D’une manière plus générale, l’IA générative fait couler beaucoup d’encre en ce moment. Pensez-vous que cette technologie pourrait être ajoutée à un appareil photo, notamment pour modifier les éléments d’une image ?
Nous voyons des aspects à la fois positifs et négatifs dans cette technologie. En fin de compte, tout dépend de notre capacité à tirer parti de l’IA générative pour offrir une valeur ajoutée à nos clients.
Nous devons voir si cette technologie peut être utilisée à la prise de vue ou en post-traitement, une fois l’image capturée. Nous devons réfléchir au plaisir qu’éprouvent les utilisateurs en prenant des photos. Fondamentalement, ce qu’ils apprécient en appuyant sur le déclencheur, c’est de capturer le sujet de la manière qu’ils le perçoivent dans le viseur. Si l’on rajoute trop de choses au moment du déclenchement, est-ce une bonne chose ou non ? Nous pensons que l’appareil photo en lui-même procure un plaisir particulier aux photographes.

Merci à OM Digital Solutions pour cette interview. Nous remercions également Thierry d’avoir organisé cette rencontre.