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Maestro d'Acqua, 1964 © Ferdinando Scianna

Ferdinando Scianna, capturer l’âme sicilienne

Le premier photographe italien de l'agence Magnum

Jusqu’au 20 octobre, le Museo Civico di Castello Ursino de Catane, en Sicile, propose de redécouvrir le travail de Ferdinando Scianna. Nommée Ti Ricordo, Sicilia (Je me souviens de toi, Sicile), l’exposition tisse le lien entre le photographe et son île natale au fil de plus de 80 tirages monochromes. Rues, fêtes populaires, coutumes siciliennes, portraits et images de mode imprègnent la pellicule du photographe italien.

Ferdinando Scianna © Ferdinando Scianna

Une rétrospective purement sicilienne

Sur les murs du superbe château médiéval d’Ursino, où est établi le musée civique de Catane, s’expose en formats multiples toute la variété des sujets ayant fait la renommée du photographe.

Au-delà de la sélection des images, la scénographie a elle aussi été soigneusement pensée pour permettre aux visiteurs de cheminer dans la carrière de l’artiste tout en découvrant la Sicile d’une manière renouvelée, au cœur d’un lieu unique. Bagheria, le village où Ferdinando Scianna a vu le jour en 1943 est un des sujets faisant partie des thèmes de prédilection de l’artiste sicilien. 

Photographier la Sicile est pour moi presque une redondance. J’ai commencé la photographie à mes 17 ans et la Sicile était là. J’ai commencé à prendre des photos parce que la Sicile était là. Pour la comprendre et à travers ces photographies comprendre ce que veut dire être sicilien.

Ferdinando Scianna
Maestro d’Acqua, 1964 © Ferdinando Scianna

Après Milan, où il exerce comme reporter pour l’Europea depuis 1967, Ferdinando Scianna rejoindra Paris où il s’établit durant dix années comme correspondant, pratiquant autant le journalisme que la photographie. Typique, mais jamais cliché, semble convenir pour décrire le travail du photoreporter et photographe de mode.

Ferdinando Scianna, en admirateur d’Henri Cartier Bresson, se voulait un témoin du monde et de la poésie du quotidien. Ce dernier l’invitera d’ailleurs à rejoindre son agence, faisant de lui le premier photographe italien à intégrer l’agence Magnum en 1987.

Ferdinando Scianna : homme d’image et de plume

L’écrivain sicilien Leonardo Sciascia, en qui le photographe voyait un père et maître, se voit dédier toute une aile de l’exposition. Ensemble Ferdinando Scianna (alors âgé de seulement 21 ans) et Leonardo Sciascia imagineront en 1965 Feste Religiose in Sicila (Fêtes Religieuses en Sicile), un livre témoignant de la ferveur des manifestations religieuses siciliennes d’une manière proche du néoréalisme italien.

L’ouvrage remportera le prix Nadar et ne manquera pas de susciter le débat en dénonçant le matérialisme des croyants comme de l’Église sicilienne.

Tre Castagni, 1963 © Ferdinando Scianna

D’autres publications scelleront cette amitié artistique sincère qui perdurera tout au long de leur vie : Les Siciliens (1977), La villa dei mostri (1977) ou Ore di Spagna (1988). En 1989, un ultime livre, Scianna fotografa Sciascia (Scianna Photographie Sciascia), permettra au photographe de témoigner de l’amitié qu’il porte à l’écrivain sicilien qui disparait quelques mois plus tard. Le photographe collaborera avec d’autres artistes, comme l’écrivain argentin Jorge Luis Borges auquel il dédiera tout un recueil de portraits.

Ancien étudiant en lettres et philosophie à l’université de Palerme, le photographe accorde une importance toute particulière au livre qui fait intrinsèquement partie de sa manière d’appréhender le monde comme la photographie.

À la mode sicilienne 

Leonardo Sciascia, 1964 © Ferdinando Scianna

À la fin des années 80, Ferdinando Scianna, alors photoreporter et journaliste tout juste intégré à l’agence Magnum est contacté par deux jeunes designers émergents : Domenico Dolce et Stefano Gabbana pour photographier les prochaines campagnes de Dolce & Gabanna. Le monde de la mode comme celui du journalisme est surpris, mais rapidement amené à reconnaitre l’immense talent du photographe pour apporter à la marque une touche à la fois authentique et moderne.

Marpessa, Caltagirone, 1987 © Ferdinando Scianna

Le mystère et la sensualité de ces clichés, pris dans une atmosphère méditerranéenne entre réalité du photoreportage et mise en scène, continuent encore aujourd’hui de forger l’image de la maison italienne, sa « sicilianité ». Plusieurs portraits de Marpessa Hennink, première mannequin et muse du photographe (il lui dédiera également un livre) font partie de l’exposition présentée à Catane. 

Je vois en noir et blanc, je pense en noir et blanc. Le soleil m’intéresse seulement parce qu’il donne l’ombre .

Ferdinando Scianna
Eruzione dell’Etna, 1983 © Ferdinando Scianna

Portraits, photoreportages, campagnes publicitaires, séries mode : Ferdinando Scianna nourrit son insatiable curiosité en touchant à tous les sujets. Malgré cet éclectisme, continuité et cohérence unissent les images de ce portfolio unique à découvrir à Catane jusqu’au 20 octobre 2023.

Exposition F.Scianna Castello Ursino CT © Ph. Antonio Gerbino 2

Informations pratiques :
Ti Ricordo Sicilia
Museo Civico du Castello Ursino
Du 23 juin au 20 octobre 2023
Piazza federico II di svevia, Catania, Sicile
Tous les jours de 10h à 19h
Tarif : 11 €