Bain de soleil sur les quais. Paris, août 1958.

Galerie Roger-Viollet : entre loisirs et labeur, les bords de Seine en 100 ans d’évolutions

La Galerie Roger-Viollet nous convie une nouvelle fois à un petit voyage dans le temps. Rive droite, rive gauche : son exposition estivale nous fait redécouvrir les bords de Seine, de la 2e moitié du XIXe siècle aux vastes changements des années 1960. À découvrir jusqu’au 30 septembre 2023.

Pantomime nautique : expérience de matelas flottant sur la Seine. Paris, juillet 1914. © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet

Du Pont National au Pont du Garigliano, sur plus de 13 km, Paris et la Seine semblent indissociables. D’Appollinaire à Hemingway, des Frères Jacques à Gaston Paris, la Seine est une source d’inspiration intarissable, format un véritable fil conducteur de la ville-lumière.

De la rive droite à la rive gauche, à travers 86 photographies, l’exposition estivale de la Galerie Roger-Viollet nous invite donc à un triple voyage : historique, sociologique, mais également urbanistique.

1860-1960 : un siècle d’un Paris en évolutions

Des clichés de Léon et Lévy à ceux plus contemporains de Boris Lipnitzki, on découvre ainsi les évolutions d’un Paris maintes fois fantasmé sur plus d’un siècle, de 1860 à 1960. D’un moyen de transport essentiel à l’approvisionnement de Paris, la Seine passe progressivement à un lieu de flânerie et de détente – une tendance qui tend d’ailleurs à s’accentuer à notre époque contemporaine.

Au tournant du XXe siècle, le progrès technique offre à Paris certains de ses monuments les plus emblématiques. On pense évidemment à de la Tour Eiffel, mais aussi aux ponts de Bir-Hakeim, d’Austerlitz ou de Rouelle (au-dessus de l’Île aux Cygnes) grâce à l’expansion du chemin de fer.

Le pont de Bir-Hakeim et la Tour Eiffel. Paris (XVIème arr.), 1908. © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet

Au-delà de ces icônes de carte postale, ces photographies font revivre la mémoire d’un Paris disparu. Les pavillons éphémères des expositions universelles, le barrage-écluse de la Monnaie, la passerelle suspendue de l’Île de la Cité (pont Louis Philippe) sont autant de fantômes d’une ville en tension entre son passé et son futur.

Enfin, l’évolutions des techniques photographiques est particulièrement palpable. Les clichés statiques pris à la chambre font progressivement place à une photographie plus dynamique et parfois plus intimiste grâce à la pellicule et aux boîtiers 35 mm.

Bain de soleil sur les quais. Paris, août 1958. © Collection Roger-Viollet

Seine flâneuse et Seine laborieuse

Rive droite, rive gauche : le fleuve et ses ponts sont un train d’union entre ces deux sphères. Mais sur ses berges, la Seine fait figure de témoin de certains mécanismes de ségrégation sociale et spatiale.

Tandis que se déploie le faste des Expositions universelles, on découvre un Paris plus populaire, plus industrieux, trop souvent oublié dans l’iconographie classique. 

Tondeur de chien sur les quais de la Seine. Paris, 1908. © Jacques Boyer / Roger-Viollet

À ce titre, les clichés d’Eugène Atget, d’Albert Harlingue, de Jules Gervais-Courtellement ou de Charles Marville acquièrent aujourd’hui une valeur considérable, nous permettant de prendre le pouls de l’activité portuaire à Bercy ou sur les bords de la Bièvre – aujourd’hui disparue dans les entrailles de Paris.

Côté loisirs, les élégantes du début du XXe siècle visitant les bains de la Samaritaine côtoient, le temps de cette exposition, les pêcheurs à la ligne et les café-concerts du Point-du-Jour.


Les guinguettes et le terminus des bateaux-mouches au Point-du-Jour, un dimanche. Paris (XVIème arr.), 1900. © Léon & Lévy / Roger-Viollet

Une réflexion pertinente sur les bouleversements urbanistiques

Au-delà, cette exposition estivale permet à son visiteur de poser un regard critique sur les nombreux changements apportés au fil des ans à la ville-lumière. 

Certains sont réclamés pour des considérations esthétiques et techniques – comme le remplacement du palais du Trocadéro, à l’acoustique désastreuse, par l’actuel palais de Chaillot. D’autres sont dictés par l’évolution des modes de transport, les cochers et leurs chevaux ayant été supplantés par les camions avant même la Première Guerre mondiale.

Exposition universelle de 1900. Vue sur le Trocadéro prise de la tour Eiffel. Paris, 1900. © Neurdein / Roger-Viollet

En revanche, plusieurs changements, justifiés par une certaine vision du « progrès », paraissent comme autant de stigmates que la capitale tente aujourd’hui d’effacer. Au tournant des années 60, les quais de Passy ou de Bercy sont transformés en voie rapide. Les élégantes arcades du pont du Point-du-Jour sont évincées par le pont du Garigliano, prémisse d’une autoroute urbaine (jamais réalisée).

Alors que la capitale se prépare avec fébrilité à accueillir les Jeux olympiques, ces 86 clichés tissent, sans nostalgie, autant de ponts entre les différentes époques. Comme pour mieux apprécier toutes les facettes de cette ville qui fascine ses habitants et les visiteurs du monde entier.

Informations pratiques :
Paris Rive droite / Rive gauche. Les bords de Seine entre labeur et loisirs
Galerie Roger-Viollet
Du 29 juin au 30 septembre 2023
6 rue de la Seine, 75006 Paris
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre et gratuite