Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de février 2023, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Ce mois ci, l’ouvrage Ergy Landau, Une vie de photographe revient sur le parcours de cette artiste d’origine hongroise injustement méconnue. Entre-Temps livre une autre facette de l’œuvre d’un Raymond Depardon flânant dans Paris entre deux missions. De même, Caroline Cuinet Wellings nous lance un grand défi de 100 jours autour de la lumière, principal ingrédient de toute photographie. En parallèle, les éditions Taschen publient une version XXL de leur monographie consacrée à Annie Leibovitz, tandis que Delpire & Co explore la thématique du flou. Bonne lecture.
Sommaire
Ergy Landau, Une vie de photographe (1896-1967)
En parallèle de l’exposition proposée par la Maison de la Photographie Robert Doisneau, les éditions du Bec en l’air publient une première monographie consacrée à Ergy Landau. Née à Budapest en 1896, elle s’exile à Vienne (1918) puis à Paris (1923) devant la montée des régimes fascistes.
Jusqu’aux années 1950, Ergy Landau tient une place non-négligeable sur la scène photographique française. Ses images sont régulièrement publiées par la presse. Ses clichés font preuve d’un sens aigu de la composition, d’une grande maîtrise des jeux d’ombre et de lumière, et d’un goût pour le portrait. Elle contribue notamment à la fondation de l’agence Rapho, créée en 1933 par Charles Rado. Elle décède en 1967 ; sans héritier direct pour perpétuer la mémoire de ses travaux, elle tombe dans l’oubli.
L’ouvrage Ergy Landau, une vie de photographie est ainsi le fruit du travail de recherche mené par l’universitaire David Martens, la journaliste Kathleen Grosset (ancienne directrice de l’Agence Rapho) et la chercheuse Laurence Le Guen (également président de l’association Les Amis d’Ergy Landau). Comptant 128 pages, le livre regroupe pas moins de 130 images et documents.
Ergy Landau. Une vie de photographe 1896-1967
Editeur : Le bec en l’air
36 €, 128 pages, format relié 20 x 25 cm
Acheter le livre : Fnac / Leslibraires.fr
Entre-temps, Raymond Depardon
Raymond Depardon a rassemblé une centaine de photographies prises entre 1979 et 2006 pour publier Entre-temps, une forme d’autobiographie alternative qui raconte sa vie entre deux reportages.
À Paris, il déambule dans les rues avec son Leica M6 et son 50 mm, photographie la ville et ses habitants. C’est la solitude urbaine qui semble accrocher particulièrement son regard – peut-être parce qu’elle est similaire à la sienne, celle du photographe en attente d’une autre mission. Toutes en noir et blanc (sur Kodak Tri-X), l’ouvrage dégage rapidement un sentiment d’ensemble malgré l’étendue temporelle des images sélectionnées ; et compose ainsi le récit de presque trente ans d’une vie en décalée.
Comme l’écrit Serge Toubiana dans sa postface : « L’imaginaire du photographe est peuplé d’images déjà faites, images mentales qui constituent un arrière-monde dans lequel il puise son inspiration, pour continuer de vivre et de travailler. D’avoir l’œil. » Entre ses voyages, Raymond Depardon reste habité par leur influence. Pas là-bas, mais pas vraiment ici non plus, le seul repère qui lui reste est celui que permet sa pratique photographique ; flâner dans sa ville, et nous livrer des images sans indication, sans date, sans lieu, un Entre-temps contemplatif.
Entre-temps de Raymond Depardon
Editeur : Xavier Barral – Atelier EXB
45 €, 128 pages, format relié 27,5 x 22 cm
Acheter le livre : Fnac / Leslibraires.fr
Voir la lumière, Caroline Cuinet Wellings
Par définition, photographier consiste à « écrire avec la lumière ». Mais une fois posé ce constat, comment réussir à capturer les différentes lumières que l’on croise au quotidien, et donc à capturer des photos plus intéressantes ? « Après avoir tenté plusieurs projets photo personnels, je me suis finalement rendu compte que la raison pour laquelle je ne les tenais pas, c’était par ce que je ne savais pas ce que je cherchais. […] Ce que je n’avais pas vu : la lumière », explique Caroline Cuinet Wellings dans l’introduction de cet ouvrage.
La photographe et formatrice pour Empara invite ainsi le lecteur à « traquer la lumière, chaque jour, pendant 100 jours », afin de la (re)découvrir et de se découvrir soi, en tant que photographe. L’idée n’étant pas d’aller à l’autre bout du monde, mais bien de savoir observer les petits rien du quotidien et d’apprendre à en saisir les détails mis en lumière.
Adoptant une approche transervale, mêlant théorie et pratique, techniques photo et sources d’inspirations concrètes, l’autrice livre ainsi de précieux conseils pour développer sa créativité au quotidien et insuffler une (nouvelle) dynamique à son travail photographique.
Voir la lumière de Caroline Cuinet Wellings
Editeur : Eyrolles
23 €, 156 pages, format broché, 17 x 23 cm
Acheter le livre : Fnac / Leslibraires.fr
Annie Leibovitz
L’ouvrage SUMO d’anthologie, et ses impressionnants 26 kg, consacré par Taschen à Annie Leibovitz est désormais disponible dans un format XXL plus compact et abordable.
Photographe incontournable de la scène artistique rock et underground des années 70, Annie Leibovitz a offert au magazine Rolling Stone des images mémorables, dont la dernière étreinte de John Lennon et Yoko Ono. Chez Vanity Fair elle offrira au portrait de nu ses lettres de noblesses, exposant avec élégance en couverture du magazine l’intimité de célébrités telles que Demi Moore enceinte.
Au fil de ses 40 années de photographie, Annie Leibovitz est devenue le miroir de notre culture populaire, tournant aussi bien son objectif vers la présidence américaine que Keith Haring, Patty Smith ou la famille royale d’Angleterre. Au-delà d’une impressionnante galerie de portraits, l’ouvrage édité par Taschen est un fantastique page turner empreint d’intimité et sensibilité.
Annie Leibovitz
Editeur : Taschen
125 €, 556 pages, format relié sous coffret, 27,1 x 37,4 cm
Acheter le livre : Fnac / Taschen
Flou, une histoire photographique
Pauline Martin, docteure en histoire de l’art et conservatrice, publie un bel ouvrage aux éditions Delpire, un livre-somme qui explore l’histoire photographique du flou. Véritable archéologie du huitième art, Pauline Martin remonte jusqu’à l’invention du médium et établit toute une série de comparaisons avec d’autres pratiques artistiques (peinture, cinéma).
Elle instaura également un dialogue subtil entre les images et des textes d’auteurs ou de penseurs qui ont écrit à propos du flou. « Une autre esthétique pourra rechercher intentionnellement les images floues ou bougées que l’esthétique populaire rejette comme maladroites ou manquées », écrivait ainsi Pierre Bourdieu en 1965.
De Charles Baudelaire jusqu’à Bernard Plossu, l’ensemble des citations montre que, depuis un certain temps, le flou a été un centre d’intérêt important pour qui s’intéresse à l’esthétique et à la manière de faire œuvre.
Avec cette publication, Pauline Martin a eu l’intelligence de nous livrer une analyse riche, complexe et accessible du flou en photographie, sans réserver son propos à un public d’universitaires et d’experts.
Flou, une histoire photographique
Editeur : Delpire & Co
49 €, 336 pages, format broché, 20 x 27,5 cm
Précommander le livre : Delpire & Co / Fnac