Darktable : la version macOS du logiciel photo libre est menacée

Darktable, un logiciel photo open source et gratuit, alternative à certains logiciels comme Lightroom Classic, est actuellement menacé sur macOS. En cause, son unique développeur sur mac a décidé d’arrêter de soutenir le projet.

Darktable est un logiciel de traitement d’image libre qui permet de combiner des fonctions de développement de fichiers RAW, de cataloguage, mais aussi d’impression, de création de diaporama ou encore de capture en mode connecté. Ce logiciel, dont la première version remonte à 2009, est très connu dans l’univers du libre, avec notamment une version Linux intégrée aux distributions, ce qui en fait un outil très utilisé. Une version Windows ainsi que macOS est également disponible. Du moins pour l’instant.

En effet, sur le forum Pixls.us, Pascal Obry, photographe et développeur du projet Darktable, a annoncé il y a une semaine que l’unique développeur en charge de la maintenance Darktable sur macOS, Igor Kuzmin alias « parafin », tournait la page après plus de 10 ans de contribution au projet. Ce dernier, sur qui repose l’entièreté du développement de la version macOS de Darktable, souhaite désormais se consacrer à d’autres projets.

Dans le monde du logiciel libre, le développement repose bien souvent sur des contributeurs bénévoles et volontaires, et cette mésaventure pourrait bien coûter la vie à la version macOS de Darktable si aucun remplaçant n’est trouvé. A cela s’ajoute des contraintes techniques liées à la version du logiciel de compilation XCode utilisé pour le projet.

En somme, pour que Darktable sur macOS puisse continuer à exister, le projet est actuellement à la recherche d’un développement macOS capable de porter et compiler le projet et le maintenir sur le système d’exploitation d’Apple. Les personnes de la communauté du logiciel libre intéressées peuvent se rapprocher de l’équipe de Darktable via leur site internet.

Pour rappel, Darktable, initialement proposé sur Linux, n’a été porté sur Windows « que » depuis 2017.

Sans faire l’apologie des solutions payantes comme celle d’Adobe, cette mésaventure montre à quel point le logiciel libre – et ici gratuit – nécessite une communauté technique engagée et diverse afin de pouvoir mener à bien. Gilles Theophile, photographe indépendant et aussi rédacteur, en charge du site Utiliser Lightroom, rappelle les éléments de l’équation : « Certes, chez Adobe, rien n’est gratuit, mais il n’en reste pas moins que Lightroom, et bien d’autres […], sont des standards industriels qui avancent beaucoup plus vite, sont suivis par des équipes, et qui ne sont pas soumis à la problématique de logiciels comme Darktable. »

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  1. Je commente la remarque de Gilles Théophile. Oui effectivement des logiciels comme Lightroom sont portés par des entreprises qui ont les finances pour assurer leur maintenance et leur évolution. Sauf qu’ici il ne s’agit pas que de prix mais aussi d’alternative dans l’approche de post-développer ses images. Or, si les outils propriétaires offrent une expérience utilisateur qui peut différer entre eux, ils ne proposent en fait qu’une seule façon d’appréhender le traitement des images. C’est ce que pense peut-être Gilles Théophile avec son « standards industriels ». En effet, pour assurer la rentabilité, ces outils axent avant tout leurs fonctionnalités à l’accessibilité au plus grand nombre et ce faisant font des choix, le plus souvent cachés, en lieu et place des utilisateurs. L’introduction d’algos conçus à partir d’IA pour des retouches auto sont un bon exemple de cette approche. Pour ceux qui veulent du résultat rapidement ou ne demandent pas de finesse reproductible, ces outils sont le bon choix. Quant aux autres, ben … faut faire avec à défaut d’outils à caractère vraiment professionnel. Et quant aux « standards industriels », avec des outils comme Lightroom, CaptureOne, etc., ça peut faire sourire plus d’un professionnel de la retouche vidéo/cinématographique.

    1. Ah cette légende tenace des logiciels populaires forcément moins bons que les logiciels exotiques qui ne s’adressent qu’à une élite qui, elle, sait ce qu’elle fait. Ça faisait longtemps que je n’étais pas tombé sur ce genre de discours et j’avoue que ça me fait bien rire.

      1. Je n’ai pas exprimé le propos que vous me prêter.Si vous avez compris ça, c’est que j’ai du alors mal m’exprimer.
        Mon propos était double :

        – le prix n’est pas que le seul critère du choix d’une solution comme Darktable. L’autre critère est de proposer une alternative au développement des RAW en images. Par exemple, dans Darktable, c’est son pipeline référencée à la scène (scene-referred workflow). Qu’il le fasse bien ou mail est un autre sujet. Or, les outils comme Lightroom, par le modèle économique des boites derrières, ciblent avant tout le maximum de gens. Et ce n’est pas un jugement de valeur. C’est pourquoi les alternatives avec ce genre d’outil sont très rares. Ce qui n’enlève en rien à leur qualité, principalement ergonomique.

        – le second point concerne la définition de « standard industriel ». Que Lightroom et consort aient réussi à faire accepter comme standard une certaine façon de développer ses RAW, oui. De là à qualifier d' »industriel », il y a grand pas que je ne franchirait pas. Déjà rien que dans la retouche des couleurs. Mais ce qui est valable à Lightroom l’est aussi aux pendants open-source. Surtout lorsqu’on les compare au monde des logiciels en vidéo/cinématographie ; là on peut les appeler des « standards industriels ».

      2. Dès lors qu’un logiciel est utilisé par une vaste majorité, y compris par des professionnels, on peut parler de « standard industriel », terme que je revendique et que j’assume totalement. Et, au même titre que Photoshop, Illustrator, InDesign et, dans une moindre mesure, Premiere Pro, ainsi que Office et quelques autres, Lightroom a su se hisser en quelques années au même statut. C’est un fait, c’est comme ça, ça aurait pu être un autre produit.
        Ceci étant dit, cela n’enlève rien aux mérites et aux qualités des logiciels concurrents, et chacun a le choix de les utiliser ou pas.

  2. Qu’il y ait des équipes payées derrière les logiciels payants ne garantit pas leur pérennité ni leur évolution rapide et fiable. AfterShot Pro n’a pas évolué depuis 2016, bien que faisant partie du portfolio de Corel.
    Par ailleurs, aux dernières nouvelles, ce sont bien les fameuses équipes d’Adobe qui ont détruit sans recours des photothèques complètes sous iOS il y a trois ans (https://www.theverge.com/2020/8/20/21377411/adobe-lightroom-ios-ipados-app-update-pictures-photos-presets-deleted). J’ai eu mille plantages sous Darktable, RawTherapee et AfterShot (non j’utilise pas que du libre), mais aucun d’entre eux m’a jamais supprimé un RAW sans mon accord exprès.

    1. Les incidents de ce type, ça arrive à n’importe quel éditeur de logiciels, et ça reste un phénomène très rare et qui n’a touché très peu de monde. En ce qui me concerne, en 17 ans d’utilisation de Lr, inclus les quelques années à utiliser la version « cloud » (mobile, web), je n’ai jamais perdu la moindre image, y compris avec les nombreuses versions expérimentales auxquelles j’ai pu accéder. De part mes publications et ma présence sur le web et les réseaux sociaux, depuis toutes ces années, je n’ai jamais entendu un de mes lecteurs ou une personne que j’ai formée s’être plainte de ce genre d’incident qui, encore une fois, est si marginal qu’il ne constitue en rien un exemple sur lequel on peut argumenter. Des pertes de données, j’en ai également vu et constaté avec Windows, macOS, Office, etc. Pas suffisamment pour rejeter en bloc ce genre de produits.

  3. Alors… Non. Je suis désolé mais le problème est essentiellement l’impossibilité de faire de la cross compilation. Et donc d’empêcher la communauté de fournir une version Mac sans avoir un mac en amont. Ce problème est récurrent, et c’est avant tout un piège que se tend elle même la société Apple.
    Sans compter les décisions de ne plus supporter opencl et autres technologies que l’on avait en commun.
    Reporter l’avantage sur Lightroom de Adobe est un peu de la fumisterie.

    1. Il n’en reste pas moins que Lightroom, DxO PhotoLab, Capture One et On1, qui sont des solutions payantes et commerciales, sont exemplaires d’un point de vue « cross platform », c’est essentiel et c’est ce qui a tué Aperture et iPhoto, qui reposaient sur des technologies essentiellement Apple.
      Personne n’empêche de fournir une version Mac de Darktable, et le problème, ici, n’est ni la politique commerciale des uns et des autres, ni la compétence technique, ni la qualité des logiciels, mais c’est bien le monde du logiciel « libre » qui montre ses limites.

  4. Pour la conclusion : parce que Adobe s’embête à maintenir des versions de leurs softs sous Linux ? La, on ne parle que du portage sous MacOS donc l’argumentaire me bancal.
    Pour moi, « standards » (industriel ne veut rien dire) veut dire norme sur lequel s’appuyer et donc propre à plusieurs entités (entreprises). Adobe ne rend publique ni ces formats d’images ni ses algorithmes.
    On peut donc en déduire, sans emphase, qu’il ne standardise RIEN.

    1. Dites-moi quelle est la proportion de photographes qui utilise Linux ? Raison pour laquelle aucun éditeur de logiciels photo commerciaux n’a de version de leurs produits pour cette plate-forme.
      Je vois que vous butez tous sur le terme « standard industriel » et que vous attachez une trop grande importance à ce qui n’est qu’une manière d’exprimer les choses.

  5. Il y a effectivement des problèmes et des limites à l’utilisation de logiciels libres.
    Pour ma part, l’ergonomie et le temps passé à prendre en main « l’outil » n’a clairement pas été facile ni une partie de plaisir…

    Cependant, le libre revendique et défend une autre vision du monde de manière générale.
    Je trouve dommage que la conclusion de l’article n’en tienne pas compte car c’est là justement toute la force de cette démarche et des nombreuses personnes qui donnent de leur temps pour contribuer à un monde plus sain. (libre ne veut pas dire gratuit)

    Si l’on devait conclure tous les articles concernant les « solutions payantes » en citant les problèmes engendrés par une logique de rentabilité… On n’aurait pas fini de cité des exemples plus aberrant les uns que les autres !