Jan Grover : Laboratoire des Formes ou l’expérience de l’abstraction en photographie

L’artiste d’origine américaine Jan Grover (1943 – 2012) est mise à l’honneur à la fondation Henri Cartier Bresson jusqu’au 29 janvier prochain. Laboratoire des Formes est le premier hommage posthume rendu à l’artiste sous la forme d’une monographie.

Jan Groover, Sans titre, ca.1975 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover

Une rétrospective très attendue 

Peu connue du grand public, Jan Grover n’a, toute sa vie, cessé d’expérimenter en s’intéressant à plusieurs sujets, formats ou procédés de photographie. Indissociable de la couleur, son travail réalisé d’abord aux États-Unis puis en France (à l’approche de ses dernières années) met en lumière des natures mortes, loin de toute forme d’immobilité, et des séries de polyptyques

Jan Groover, Sans titre, ca.1978 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover

Ses bodyparts, études sur des fragments de corps compositions, rejoignent également la programmation de l’exposition organisée grâce au soutien de Photo Élysée Lausanne, et précédemment exposée en Suisse, à partir du riche fonds légué par son époux. 

Artiste complète, Jan Grover a également expérimenté le tirage photographique notamment en réalisant des tirages au palladium et au platine. Épreuves d’époque en couleurs et tirages noir et blanc, mais aussi documents de travail, polaroïds et notes d’observation font partie des éléments présentés au public de la fondation Henri Cartier Bresson.

Bruce Boice, Jan Groover, ca.1968 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover

L’expérimentation pour ligne directrice

Au travers des expérimentations de Jan Grover se lisent son extraordinaire capacité à créer et se renouveler, comme un pan de l’histoire de la photographie contemporaine. D’abord initiée à la peinture abstraite, Jan Grover se mettra à la photographie par goût du défi, mais aussi pour interpeller sur cette pratique encore trop peu prise au sérieux aux États-Unis au cœur des années 60. 

Un jour, je me suis dit que je n’avais plus envie de tout inventer de toute pièce. J’ai donc abandonné la peinture. Et puis j’ai découvert que quoi qu’on fasse, il faut tout inventer de toute manière.

Jan Groover, Pure invention : The Tabletop Still Life, 1990 

À une époque où la photographie est majoritairement sociale et documentaire, Jan Grover en offre une interprétation hautement artistique. Très vite, la répétition, le fractionnement ou le masquage des formes créent chez Jan Grover des compositions flirtant avec l’abstraction.

Jan Groover, Sans titre, ca.1978 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover

Son approche est celle d’une artiste profondément intuitive, envoûtée par les formes : une perception plus familière au dessin et à la peinture qu’à la photographie. On pourrait presque parler d’une photographie synesthésique tant ses natures mortes semblent sortir de la recherche de revendications pour se tourner vers l’observation et l’expérience de l’image, pour l’artiste comme pour son spectateur.

Jan Groover, Sans titre, ca.1983 © Photo Elysée – Fonds Jan Groover

Revenant sur la richesse et la mixité de la production de l’artiste, l’exposition Jan Grover Laboratoire des Formes est à découvrir au sein des 300 m2 du Cube, espace d’exposition de la Fondation Henri Cartier Bresson jusqu’au 29 janvier 2023.

Interview de Tatyana Franck autour de l'exposition Jan Groover. Laboratoire des formes

Un catalogue d’exposition (192 pages, 21 x 27,2 cm), publié aux Editions Noir sur Blanc en 2019 dans le cadre de la rétrospective au Photo Élysée Lausanne, est disponible au tarif de 48 €.

Informations pratiques :
Jan Grover, Laboratoire des Formes
Fondation Henri Cartier Bresson
Du 8 novembre 2022 au 29 janvier 2023
79 rue des Archives, 75003 PARIS
du mardi au dimanche de 11h à 19h
Tarif : 10 €