Hassen Ferhani, 143 rue du désert, 2019, PH20-13, droits réservés/Cnap © Courtesy de l’artiste

Les Sentinelles à l’Institut du monde arabe de Tourcoing : regards croisés sur un monde en tensions

Jusqu’au 12 février 2023, l’Institut du Monde Arabe de Tourcoing accueille l’exposition Les Sentinelles. L’ensemble des œuvres présentées, issues de la collection du Cnap ont été produit par des artistes du monde arabe et de sa diaspora. L’exposition invite ainsi au voyage mais aussi – et surtout – à la réflexion sur la répétition tragique de l’Histoire et de ses conflits.

Abdessamad El Montassir, Achayef, 2018, FNAC 2021-0017, Centre national des arts plastiques, © Adagp, Paris, 2022, courtesy de l’artiste

Le monde arabe : entre oppression et tentatives de révoltes

Le monde arabe est confronté à de multiples turbulences et conflits depuis bien des années. Malgré de nombreuses tentatives de révolution et de soulèvements, ces régions sont soumises à un sort incertain et sans cesse ramenées à leur « état de siège ». Elles semblent ainsi bloquées face à leur Histoire, qui s’étend et se répète dans leur présent.

Zineb Sedira, The Death of a Journey 5, 2008, FNAC 09-090, Centre national des arts plastiques, en dépôt au FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand © Adagp, Paris, 2022, crédit photo : Yves Chenot

Les artistes deviennent alors des sentinelles, témoins des tensions environnantes et des tentatives de révolution. Ils sont à la fois observateurs et créateurs – inventant de nouvelles temporalités et frontières – et utilisent leur art comme une forme d’émancipation mais également de dénonciation.

Raed Bawayah, Garçon devant un mur sur lequel est dessiné un cœur, série Childhood Memories, 2002-2003, FNAC 07-461 © Yves Chenot – Centre national des arts plastiques

En effet, les artistes exposés mêlent documentaire et fiction afin de mettre en avant la répétition tragique de l’Histoire. Ils expriment ainsi les problématiques majeures auxquelles sont confrontés les pays arabes et notamment les pays du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient. 

Les Sentinelles : l’art pour s’exprimer et s’interroger

Une trentaine d’œuvres seront présentées lors de l’exposition Les Sentinelles, chacune créée par un artiste issu du monde arabe ou de sa diaspora. 21 créateurs seront mis en avant, chacun usant d’un médium et d’un genre artistique différent afin de s’exprimer : la photographie, la vidéo, et parfois une alternance entre les deux formats. 

Les œuvres ont toutes été regroupées autour d’une même question, celle de l’identité et des origines. Elles participent donc toutes à la transmission d’une histoire, qu’elle soit personnelle ou collective, et qui semble refléter le destin tragique du monde arabe, confronté à une Histoire qui se répètent inlassablement. 

Yto Barrada, Ferry boat Tanger-Algesiras, série Le détroit, notes sur un pays inutile, 2000, FNAC 01-080, Centre national des arts plastiques, en dépôt au Carré d’Art, musée d’art contemporain de Nîmes © Courtesy de l’artiste/ Cnap, crédit photo : Yves Chenot

Les Sentinelles interroge ainsi la relation entre l’Histoire et le présent, notamment à travers les questions de révolutions, de guerres et de crises migratoires, qui traversent l’Histoire du monde arabe jusqu’à aujourd’hui.

5 foyers de créations pour différentes turbulences

L’exposition Les sentinelles présente une sélection d’œuvres du Cnap, Centre national des arts plastiques, réparties en 5 foyers, à savoir : En quête de boussole, Quotidiens urbains, Tout contre l’histoire, Survies et Transit.

En quête de boussole propose une traversée du monde arabe et une (re)découverte de territoires parfois oubliés. On y découvre un road-movie réalisé par Hassen Ferhani. L’artiste met en lumière Malika, propriétaire d’un insolite relais routier au bord de la Transsaharienne, route de plus de 2000 kilomètres à travers le désert algérien.

143 rue du désert, 2019, PH20-13. Hassen Ferhani / Cnap

Le foyer Quotidiens urbains rassemble des images certes moins dépaysantes, mais qui nous immiscent dans les villes et dans l’intimité de leurs habitants. Tout contre l’histoire illustre le temps qui passe, l’Histoire qui se répète, les crises et les révoltes populaires, en prenant le contrepied de la représentation qu’en ont pu faire les médias.

Le Téléphone, 2006, série Périphéries, FNAC 09-050 © Mohamed Bourouissa, Galerie Les Filles du Calvaire, Paris Adagp

Survies réunit des images sensibles, interrogeant l’identité et les blessures, notamment chez les peuples palestinien, algérien et syrien, victimes de leurs histoires. On y retrouve le cliché capturé par Hocine Zaourar, photoreporter algérien de l’AFP lors du massacre commis du 22 au 23 septembre 1997 dans la périphérie d’Alger. Un cliché repris en Une de plus de 700 quotidiens de par le monde, et fut baptisé « Madone » lors de sa publication.

La Madone de Bentalha, 1997. Hocine Zaourar, FNAC 06-517, Centre national des arts plastiques, en dépôt au FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand

Transit est un regard vers l’ailleurs, un espoir et des tentatives d’au revoir, à travers la représentation de la migration et du franchissement des frontières de l’Algérie, du Liban et du détroit de Gibraltar. Dans Se souvenir de la lumière couple d’artistes libanais Joana Hadjithomas & Khalil Joreige interrogent la représentation du sort des migrants en Méditerrannée, en se concentrant sur la lumière au début d’une plongée – ou d’une noyade.

Joana Hadjithomas & Khalil Joreige, Se souvenir de la lumière, 2015, FNAC 2021-0113, Centre national des arts plastiques, droits réservés/Cnap

Ces foyers constituent le parcours de l’exposition Les Sentinelles, offrant un panorama révélateur de la vivacité de ces artistes, à la fois témoins et acteurs de ce monde en tension.

Toutes les informations sont sur la page de l’exposition.

Informations pratiques :
Les Sentinelles – Œuvres de la collection du Cnap
Institut du Monde Arabe Tourcoing
Du 17 septembre 2022 au 12 février 2023
9 rue Gabriel Péri, 59 200 Tourcoing
Du mardi au dimanche, de 13h à 18h
Visite libre. Plein tarif à 3 € et tarif réduit à 2 €