Le festival Fictions documentaires revient à Carcassonne

Depuis 2016, le festival Fictions Documentaires de Carcassonne s’empare des questions de société à travers une démarche artistique singulière : celle de la fiction documentaire. Ce festival de la photographie sociale revient du 15 novembre au 17 décembre 2022 avec une programmation riche et variée.

Affiche du festival © Fictions documentaires

Entre photographie sociale et art contemporain 

La fiction documentaire est un genre de la photographie qui se saisit d’une question ou d’une réflexion sur la société et la documente à travers l’art contemporain. Ce genre utilise la mise en scène, la symbolique portée par les sujets et objets capturés pour traiter de phénomènes sociaux, environnementaux, migratoires, économiques ou encore politiques qui traversent la société.

La fiction documentaire se distingue du photoreportage et de la photographie documentaire plus classique car elle développe une approche partielle au réel et au réalisme. Elle s’attache à analyser une problématique sociétale, collective, voire universelle, à travers le regard d’un artiste qui n’en révèle qu’une partie, souvent de manière allusive ou symbolique. La suggestion permet de laisser libre court à l’imagination de celui ou celle qui observe la fiction.

Cette approche artistique incarne ainsi à la fois un regard singulier et une pensée collective. Elle est un support d’interprétations individuelles, mais aussi un instrument de réflexions et de débats communs.

Situé à Carcassonne, le GRAPh (Groupe de Recherche et d’Animation Photographique – Centre méditerranéen de l’image) développe depuis 1987 des actions à portées culturelle, pédagogique et sociale en partant de la photographie comme médium et comme démarche artistique. Le groupe promeut l’accès ouvert et inclusif à la culture et aux diverses pratiques artistiques de l’image.

Avec l’organisation et la programmation du festival Fictions Documentaires chaque année depuis 6 ans, le GRAPh souhaite mettre le genre de la fiction documentaire sur le devant de la scène, et présenter des œuvres qui s’inscrivent autant dans la photographie sociale que dans l’art contemporain.

Festival Fictions documentaires
En attendant la neige © Marianne & Katarzina Wasowska

Une édition promouvant la diversité et le regard féminin

Pour sa sixième édition, la programmation de Fictions Documentaires est majoritairement féminine. Elle traduit ainsi un regard artistique foisonnant des femmes sur les questions sociétales, mais aussi l’importance des réflexions actuelles autour du genre. 

Les propositions des artistes mêlent photographie, montage, art plastique, cinéma et installation performative.

Festival Fictions documentaires
The Greenhouse Effect © Annika Haas

Parmi les thématiques abordées cette année, la problématique environnementale est adressée par l’artiste estonienne Annika Haas avec The Greenhouse Effect, ou encore par Tiphaine Populu de La Forge avec Solastalgia. Cette dernière mêle habilement des images d’un domicile en ruine à des vues de l’Agence Spatiale Européenne, et nous entraine dans des questionnements profonds sur notre relation avec l’environnement.

Festival Fictions documentaires
Solastalgia © Tiphaine Populu de La Forge

La géopolitique est elle aussi l’objet d’interventions surprenantes, comme celle du couple d’artistes libanais Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige qui nous livrent leur vision des crises et guerres subis par le Liban, à travers le médium et la pratique filmique. Le pari est osé, mais les oeuvres du couple ont le mérite de nous plonger dans la confusion du peuple libanais quant à l’avenir de leur pays, et de sa capitale Beirut.

Festival Fictions documentaires
Khiam / Wonder Beirut © Joanna Hadjithomas, Khalil Joreige

On explore également des problématiques plus intimes à travers les videos d’Ymane Fhakir dans son travail The Lion’s Share, qui nous ouvre les portes d’un espace de réflexion au féminin.

On se dirige ensuite vers le Sénégal où l’artiste Stéphanie Nelson expose un point de vue artistique sur la jeunesse de ce pays et sa construction sociale, dans une proposition titrée Personne n’éclaire la nuit. L’esthétique particulière des clichés exposés peut étonner, mais les sujets et la mise en scène ont une force narrative qui nous emporte.

Festival Fictions documentaires
Personne n’éclaire la nuit © Stephanie Nelson

D’autres artistes et interventions sont à découvrir à l’occasion du festival dont la programmation prévoit de nombreux moments d’échanges et de rencontres.

Une programmation en 4 volets d’action et d’évènements

Si les expositions et installations sont au cœur du festival Fictions Documentaires, la programmation s’étale également sur 4 volets complémentaires, afin d’investir la photographie sociale sous tous ses angles.

On pourra tout d’abord assister à des rencontres critiques. Initiées par le critique d’art et conseiller artistique du festival, Christian Gattinoni, ces rencontres publiques permettront de faire dialoguer des artistes et des spécialistes de la photographie contemporaine. Leurs discussions seront l’occasion de mieux connaitre l’univers des artistes exposés, et de les interroger sur leurs pratiques.

Le festival donnera aussi lieu à des projections au cours de différents évènements : ciné-concerts, carte blanche au festival, Cinéma d’Automne, Festival International du Film Politique. Ces différents moments seront l’occasion d’aborder les thématiques de société de manière transversale et de lier la fiction documentaire à la pratique filmique.

Tout le long du festival, une activité de médiation culturelle pour différents publics (scolaires, adultes, déficients visuels…) sera proposée et organisée par des bénévoles du GRAPh et des étudiants en photographie. Ce volet d’action permet d’incarner la démarche inclusive du festival.

Le quatrième et dernier volet consiste en des moments de lectures de portfolios, qui seront ouverts à tous les photographes professionnels ou amateurs. Ces lectures permettront de rencontrer des professionnels de l’image (directeurs d’agence, photoreporters, directeurs artistiques, critiques d’arts…) et de connaître leur vision de la fiction documentaire et de la photographie sociale de manière large.

Le festival nous fera ainsi arpenter la ville, des archives départementales de l’Aude à la Galerie Acti Citi, en passant par la Maison des mémoires, la Maison de la région ou encore la Chapelle des Dominicaines. Des lieux ayant tous un rôle et une symbolique pour la ville de Carcassonne, et qui seront pour cette occasion de véritables espaces scéniques de représentation du contemporain.

Informations pratiques :
Festival Fictions documentaires 2022
Carcassonne
Du 15 novembre au 17 décembre 2022
Horaires d’ouverture variables selon le lieu.
Entrée libre et gratuite
Renseignements sur le site de GRAPh-CMi