Alberto Giacometti et Sophie Rustelhueber, face à face

La fondation Alberto Giacometti propose durant quelques jours encore de découvrir Legacy. Organisée cet automne, l’exposition à a été pensée comme un dialogue entre les Arts, les époques et les médiums. Les œuvres du sculpteur italien s’y révèlent sous un nouveau jour, mises en perspective avec les travaux de la photographe Sophie Rustelhueber.

vue de l’exposition © Fondation Giacometti

Saisir la mémoire familiale

Les clichés d’archives ou les nouvelles productions de la photographe font face aux œuvres d’Alberto Giacometti. Sophie Rustelhueber propose un travail autour des traces de la mémoire familiale, de sa persistance dans les lieux et les objets considérés comme des réminiscences de ces moments.

Chez Giacometti la famille est, il est vrai, un thème central. Si l’on connait mieux Alberto, son père Giovanni et ses frères, Bruno et Diego Giacometti étaient également artistes. Diego partageait le goût et le talent de son frère pour la sculpture, posant également régulièrement pour les bustes ou toiles de son ainé ; tandis que Bruno s’est distingué en tant qu’architecte.

Ce sont donc les portraits peints et les têtes de plâtre réalisés par Alberto Giacometti d’après son entourage familial qui ont guidé Sophie Rustelhueber. Legacy noue un dialogue entre les Arts et met en exergue la place qu’occupa la peinture dans la vie de l’artiste suisse. 

vue de l’exposition © Fondation Giacometti

Entremêler lieux et époques

Avec Legacy, Sophie Rustelhueber entremêle ses souvenirs avec ceux de Giacometti. La maison de famille de l’artiste située à Stampa est associée à la maison familiale (Vulaines) de la photographe. Au travers de ces clichés et de leur montage, ce sont une même fascination, une certaine mélancolie et nostalgie de l’enfance qui sont mises en lumière dans une dichotomie entre le noir et blanc et la couleur.

Ayant donné son nom à l’exposition, un polyptyque de 5 photographies monochrome, rêverie née à Stampa, unit des paysages saisis à la fin des années 80 à deux portraits. Les visages de l’artiste et de sa grand-mère paternelle interrogent ainsi l’héritage familial immatériel.

Sophie Ristelhueber, Legacy, 2022 © Adagp, Paris 2022

Cicatrices du passé

À ces images teintées d’émotions et de souvenirs personnels, Sophie Rustelhueber ajoute une série d’images interrogeant plus collectivement l’ambivalence et le lien ténu entre la vie et la mort dans la représentation artistique.

Sophie Ristelhueber, D’après Alberto Giacometti, Grande tête, 2022, Tirage pigmentaire 50 x 33 cm Collection de l’artiste © Adagp, Paris 2022

Les têtes et sculptures scarifiées de Giacometti, visages de plâtre lacérés par la lame d’Alberto Giacometti, et les clichés pris par la photographe à l’hôpital sur des corps et visages traversés de cicatrices saisissent le regard du spectateur. Ces corps réparés continuent de témoigner de la violence, un travail qui rappelle les photoreportages de guerre, notamment ceux réalisés par Sophie Rustelhueber en Yougoslavie.

Sophie Ristelhueber, Every One (#13), 1994, 270 x 180 cm, Tirage argentique contrecollé sur alluminum Collection de l’artiste © Adagp, Paris 2022

L’exposition Legacy est à découvrir à la fondation Alberto Giacometti (5 rue Victor-Schœlcher, 75014 Paris) jusqu’au 30 novembre 2022.

Un catalogue d’exposition bilingue français / anglais (24 euros, 160 pages comptant 135 illustrations, 16,5 X 23,5 cm) permettra de conserver le souvenir de cette exposition inédite. Plus d’informations sont disponibles sur le site de la Fondation Giacometti.

Informations pratiques :
Alberto Giacometti / Sophie Ristelhueber, Legacy
Institut Giacometti
Du 27 septembre au 30 novembre 2022
5 Rue Victor Schoelcher, 75014 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Tarif : 8,5 € (tarif réduit 3 €)