Jupiter : 144 ans d’évolutions de l’astronomie en 2 images spectaculaires

La photographie des corps célestes enregistre des progrès spectaculaires. En juillet dernier, le télescope James Webb a capturé une superbe photo de Jupiter aux étranges couleurs bleues. La comparaison avec la toute première photo de la planète gazeuse, capturée en 1879, permet de mesurer le chemin parcouru par la recherche spatiale.

1878 vs 2022 : dialogue entre la plus ancienne et la plus récente photo de Jupiter

La voûte céleste n’a pas fini de fasciner les chercheurs du monde entier. Et ce n’est pas l’astronome Jasmine Singh qui dira le contraire. Cette dernière a eu l’idée de comparer deux photos de Jupiter : la plus récente, capturée le 27 juillet 2022 ; et la plus ancienne, immortalisée en 1879.

Comme un très bel hommage à l’astronome irlandaise Agnes Mary Clerke, qui l’a publiée dans son ouvrage A Popular History of Astronomy During the Nineteenth Century (aujourd’hui disponible en intégralité sur Internet). 

Bien que l’image soit inversée (et avec un niveau de grain très prononcé), cette photo iconique permet de distinguer avec précision la Grande Tache Rouge, un immense anticyclone de l’atmosphère de Jupiter – et dont la taille n’a cessé de diminuer depuis les premières observations. 

Le télescope spatial James Webb : une porte ouverte sur l’infini

De son côté, la photo du télescope spatial James Webb est en réalité un composite, réalisé grâce à la fusion d’un grand nombre d’images. Elle nous permet d’admirer un phénomène étrange : celui des aurores boréales de Jupiter. Point notable : la planète nous apparaît dans une étrange couleur bleue, se distinguant des habituelles photos qui la représentent dans des tons orangés. 

Cette colorimétrie surprenante s’explique par la méthode utilisée pour capturer l’image. En effet, les scientifiques ont utilisé l’instrument appelé MIRI (Mid-InfraRed Instrument). Ce dernier se compose d’une caméra formée par 4 coronographes et un spectromètre, qui opère sur les longueurs d’ondes situées entre 5 et 27 microns. Pour que l’image puisse être visible par l’œil humain, les scientifiques ont « traduit » les couleurs.

Les 4 gigantesques instruments scientifiques embarqués par le télescope spatial James Webb. © Université Paris-Saclay

Ainsi, les aurores boréales apparaissent en rouge, tandis que les régions pôlaires sont exprimées en vert. Enfin, un troisième filtre fait apparaître en bleu l’atmosphère gazeuse autour de Jupiter. La Grande Tache Rouge, dont la taille correspond à celle de la Terre (!), apparaît en blanc – de même que d’autres masses nuageuses – puisqu’elles reflètent intensément la lumière du soleil. 

Deux images particulièrement impressionnantes, et qui n’ont pas fini de nous émerveiller.