Jusqu’au 4 septembre 2022, Vichy accueille la 10e édition de son festival photo Portrait(s). Depuis 2011, le festival met en lumière des photographes émergents et confirmés et, devant leurs objectifs, des visages et regards tour à tour témoins du passé ou promesses de nouveaux lendemains. Résolument international, le festival Portrait(s) affirme la richesse de l’Art du portrait, sa diversité.

Une programmation anniversaire hybride
On retrouvera pour ce 10e anniversaire les expositions en plein air sur les rives de l’Allier, garanties de nouvelles « déambulations photographiques », mais également des expositions, conférences et projections au Palais des Congrès de l’Opéra de Vichy.
Pour fêter ses 10 ans, le festival a vu grand : ce sont 13 expositions hybrides qui attendent leurs visiteurs, dont un format inédit pensé comme une « lecture d’images sonores et visuelles ». Invitée par le festival qui lui a confié une carte blanche, Brigitte Patient a sélectionné une image parmi toutes celles présentées depuis 2011. Face au cliché de la Britannique Tish Murtha tirée de sa série Youth Unemployment, la voix de Brigitte Patient imagine, devine, perce la barrière du tirage pour continuer de solliciter notre curiosité et susciter notre désir de voir.

Photographes, vidéastes, dessinateurs, théâtre de rue, musique ou cirque (au travers des images de la série Circesque de Christian Tagliavini) : l’Art dans toute sa pluralité est à l’honneur à Vichy.

Pour cette édition 2022, c’est le réalisateur Christophe Acker qui a bénéficié d’une résidence au cours de laquelle la danse et la vidéo ont été mises à l’honneur. Dans One More Dance, Vichy devient un corps, un organisme mouvant, pulsant et vibrant de vie.

Le mouvement du corps est également mis à l’honneur sous le commissariat de Charlotte Boudon et Marie Magnier. La galerie les Filles du Calvaire propose ainsi de nombreux arrêts sur images et vidéos pour inviter le public vichyssois à entrer dans la danse.

Dans un duo à 4 mains, le photographe Henrike Stahl et le dessinateur Éric Poupy associent photographies et dessins grâce aux découpages ou à la peinture sur tirages. Vis-à-Vie offre une expérience photographique renouvelée.

Se montrer, se réinventer

2022 est peut-être l’année de la consécration pour Kourtney Roy. Exposée à la galerie Esther Woerdehoff jusqu’au 15 septembre et au festival breton Escales Photos, la photographe fantasque présentera au Palais des Congrès de Vichy sa très attendue série The Other End of the Rainbow, photographiée sur la tristement célèbre Route des Larmes.
Zoom photographe : Kourtney Roy, photographe aux milles visages
On y découvre également Quirckyvision la toute première exposition personnelle française de Meryl Meisler. Inspirée par Diane Arbus et Jacques-Henri Lartigue, l’Américaine dévoile ses archives entremêlant soirées disco du New York des années 80 ou son quotidien de professeur dans un collège de Brooklyn.

L’Art, c’est aussi la poésie de tous les jours et la beauté triviale de nos kodachromes oubliés. Si ce n’est pour le collectif The Anonymous Project (représenté par la galerie POLKA) nombre de ces images seraient en effet tombées dans l’oubli. En les rassemblant se détachent des résonnances collectives de nos vies de famille, une identité collective affranchie de toutes frontières.
American Stories, ces vies anonymes star de l’exposition de The Anonymous Project
En mettant en avant des portraits singuliers, Vichy met également en lumière les codes rigoureux qui ont fixé les contours, et continuent par endroits de régir, notre représentation identitaire. C’est ce dont témoignent les portraits monochromes réalisés par le studio Komath à Cochin depuis les années 70 réunis par le photographe collectionneur Olivier Culmann.

Si le studio photo est aussi la scène du photographe sénégalais Omar Victor Diop, ses images se veulent plus politiques. Hommages aux grandes figures africaines et questionnement de la prise de conscience de l’urgence environnementale : ses portraits costumés mis en scène redéfinissent « la place de l’homme et de la femme noires dans le passé et le présent ».

Membre du collectif Tendance Floue, Alain Willaume propose avec Entre Deux Mondes de susciter nos interrogations sur les deux faces de chaque image. Un marcheur s’aventurant sur les eaux gelées craquelées de la Neva perçoit-il avec délice l’arrivée du printemps ou avec horreur l’avancée du réchauffement climatique ? Autant d’images dont décrypter le revers au Palais des Congrès.

Avec le soutien de la fondation d’entreprise Neuflize OBC, Valérie Belin présente Des Mots pour Voir. Trois œuvres sont exposées accompagnées de commentaires du public. Répétitions et variations sur un même thème animent son travail. C’est ce que sa série de portraits de sosies de Michael Jackson (lui-même figure créée par un exercice de copie et transformation de la vérité) met en exergue.

Au fil de ces 13 expositions, l’Art du portrait prend à Vichy toute son importance. Cette 10e édition prouve une fois encore que nous n’en avons pas fini d’interroger le regard que nous fait porter la photographie sur nous-mêmes et nos semblables.
Le festival photo Portrait(s) a lieu à Vichy jusqu’au 4 septembre prochain. Plus d’informations sur la programmation sur le site de l’évènement.