©Casper Faassen

Casper Faassen : un cabinet de curiosités en trompe-l’oeil, entre peinture et photographie

Lors de la dernière édition d’Art Paris, le travail du photographe hollandais Casper Faassen, exposé par la galerie belge Ibasho, a particulièrement attiré notre attention et celle des visiteurs. À mi-chemin entre photographie et peinture, l’artiste livre des œuvres d’une beauté surprenante, au rendu ô combien onirique. Découverte de l’univers fugace du cabinet de curiosités de Casper Faassen.

Casper Faassen : inventer en trompe-l’œil son musée personnel

En entremêlant peinture et photographie, les œuvres de Casper Faassen forgent des images poétiques pensées comme autant de trompe-l’œil.

La maîtrise technique de Casper Faassen lui permet de renforcer la puissance de sa narration. Dans sa série Recollection, l’artiste immortalise des objets en les faisant subtilement apparaitre derrière une vitre créée de toute pièce grâce à son procédé unique. En ajoutant à ses photos une couche de peinture, le photographe les met sous verre.

© Casper Faassen

D’une autre technique, l’art japonais du Kintsugi, il a conservé la beauté de l’imperfection, joignant à ses tirages des craquelures révélant la fragilité d’objets précieux aux origines variées. Lorsqu’il ajoute cet effet de fêlure sur la surface, recourant à une touche de peinture acrylique sous une couche plus sombre, l’artiste exprime aussi le passage du temps sur ses objets exposés.

Ces artefacts ayant appartenus à des artistes, des scientifiques ou à des musées portent une trace de l’histoire de leur propriétaire, ont une présence et un charisme singulier. Amoureux de ces objets, Casper Faassen entame ainsi un inventaire poétique, crée son cabinet de curiosité et fige ces objets comme le ferait un peintre de vanités.

© Casper Faassen

Réinventer l’appartenance

Photographier uns à uns les vases et les statues exposés dans les collections muséales (comme les jarres et vases japonais de l’ère Edo) c’est pour le photographe le seul moyen de les posséder. En en capturant l’image, en conservant la mémoire de ces objets, l’artiste questionne aussi la notion de propriété, par l’image chacun peut devenir le propriétaire de ces pièces rares et uniques. Le casque antique qu’il avait emprunté à un musée ukrainien pour le photographier a depuis été volé ; ce triste constat confirme l’importance de son poétique inventaire.

Recollection, comme d’autres de ses séries laissent à leurs spectateurs une impression de mélancolie. La distance que créée la vitre et le brouillard conçus par l’artiste renforcent ce sentiment. Objet ou humain, le sujet mis à distance semble toujours nous échapper.

© Casper Faassen

Figer le mouvement

Les récents confinements ont fait naitre chez le photographe l’idée d’un projet hybride inspiré de ses images dans lequel la danse prendrait une place centrale. Un art qu’il avait déjà pris soin d’immortaliser dans la série Movement.

© Casper Faassen

Enfermés dans un cube aux parois de verre comme craquelées, les danseurs photographiés par l’artiste apparaissent ou deviennent invisibles au grès des jeux de reflets et d’opacité. Un court métrage et une série de photographies sont issus de cette performance nommée Hover through the fog and filthy air.

 

HOVER THROUGH THE FOG AND FILTHY AIR

Exposé dans de nombreuses galeries et collections, le travail de Casper Faassen peut être découvert sur son site internet.