© Edouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Édouard Boubat : la douceur du regard, ses 10 premières années exposées à la Galerie Rouge

Mise à jour : l’exposition, initialement prévue jusqu’au 18 juin, est prolongée jusqu’au 20 juillet 2022

La Galerie Rouge met à l’honneur le photographe Édouard Boubat. À travers une nouvelle exposition, elle se concentre sur les 10 premières années de sa carrière, de 1946 à 1957. Une manière de tenter de comprendre la douceur de ses clichés, comment son œil s’est formé, ainsi que ses premiers sujets. À découvrir jusqu’au 20 juillet 2022.

Édouard Boubat
Boulevard Saint-Germain, Paris, 1948. © Édouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Édouard Boubat, « Correspondant de paix »

Né en 1923, Édouard Boubat passe son enfance à Montmartre. Ses études à l’école Estienne lui font découvrir les appareils optiques et les manipulations chimiques l’amènent à s’orienter vers la photogravure. Libéré des obligations du Service du travail obligatoire, il œuvre dans un atelier de la rue Dauphine en tant que photograveur.

C’est au contact des photographies qu’il est amené à travailler que sa vocation devient de plus en plus forte. En 1945, il achète un appareil Rolleicord, qui lui permet de capturer ses premières images. La période de l’immédiate après-guerre est pour lui une période prolifique, que met en valeur cette nouvelle exposition. Elle s’articule en trois volets, comme autant de facettes de l’œuvre plurielle d’Édouard Boubat.

Lella, la naissance d’un premier amour

Ainsi, la première partie est consacrée aux clichés de Lella, premier grand amour du photographe. De 1945 à 1949, il livre ainsi des images d’une grande douceur, passant de portraits classiques à des photos de détails de ses mains ou de ses cheveux.

Lella, Édouard Boubat
Lella, Bretagne, 1947. © Édouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Pourtant, c’est aussi la personnalité de Lella qui se dévoile à travers ses photos : la tête droite, c’est une certaine fierté qui transparaît. Apparaît aussi un rapport intime entre le photographe et sa muse, comme s’il cherchait à se rendre invisible pour mieux capturer sa délicatesse. Parallèle étrange entre la sensibilité de la pellicule – et celle de la femme.

Édouard Boubat, au cœur du Paris humaniste

Au-delà, Edouard Boubat s’illustre par ses photographies de Paris. Sa première photo, « la petite fille aux feuilles mortes », capturée au Jardin du Luxembourg en 1946, est récompensée par le 1er prix Kodak au 2e Salon international de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France. L’année suivante, il y fait la rencontre des photographes humanistes de son époque : Brassaï, Robert Franck, Henri Cartier-Bresson.

Édouard Boubat
Première neige à Paris aux Jardin du Luxembourg, 1955. © Édouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Contrairement à ses pairs, il s’intéresse moins au « Paris qui disparaît » qu’au Paris « qui change mais ne s’use pas ». Sans nostalgie, il adopte une démarche de « promeneur attentif » : il capture autant de scènes touchantes qui montrent une nouvelle fois la sensibilité du photographe.

De Compostelle à New-York : les premiers reportages

En 1951, l’exposition montée à la galerie La Hune par Robert Delpire le place aux côtés de Doisneau, Brassaï, Facchetti et Izis. Le vernissage lui permet de rencontrer Albert Gilou, directeur artistique de la revue Réalités. Commence alors pour Édouard Boubat une longue série de reportages. Après une série consacrée aux artisans de Paris, il accompagne les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.

Édouard Boubat
L’homme et l’enfant, Nazaré, Portugal, 1956. © Édouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Intégrant l’équipe de la revue en 1953, il part pour quatre mois aux États-Unis, où il continue de jeter un regard teinté d’optimisme et d’innocence sur ses contemporains. L’exposition met également en avant les clichés qu’il capture au Portugal, dont une superbe photo d’un père et de son fils sur une plage. Un voyage qui correspond aussi pour lui à une recherche de ses origines, étant le fils d’une mère portugaise dont il connaît peu l’histoire.

Celui que Jacques Prévert avait surnommé « Correspondant de paix » livre une œuvre d’une grande richesse, dans laquelle transparaît toujours une grande empathie, sans jamais tomber dans la sensiblerie ou le maniérisme. Sa carrière est couronnée par de nombreuses récompenses : prix Octavius Hill (1973), grand prix du livre des Rencontres d’Arles (1977), Grand Prix National de la Photographie (1984), prix de la Fondation Hasselblad (1988).

Enfin, il est fait chevalier de l’ordre des Arts et Lettres (1985) puis commandeur des Arts et Lettres (1997). Il décède le 30 juin 1999, et est enterré au cimetière du Montparnasse. Dans sa dernière demeure, il côtoie là aussi de grands noms tels Man Ray, Brassaï ou Agnès Varda.

La douceur d’un regard à travers des tirages inédits

Centrée sur les jeunes années d’Édouard Boubat, l’exposition de la Galerie Rouge, à Paris, témoigne de ce tournant aux multiples facettes pour l’artiste. Celle de l’entrée dans l’âge adulte, la tendresse pour ce premier amour, et la passion naissante pour le médium photographique.

Espagne Édouard Boubat
Grenade, Espagne, 1955. © Édouard Boubat Estate/La Galerie Rouge

Sont exposés des clichés emblématiques du photographes, qui côtoient des images inédites et de tirages d’époques rares. À ce titre, notons qu’un certain nombre de tirages ont été réalisés par Édouard Boubat lui-même, nous permettant d’apprécier sa maîtrise technique, mais aussi sa sensibilité vis-à-vis de ses sujets, dont il parvient à décrire toutes les subtilités.

Informations pratiques :
Edouard Boubat, la douceur du regard (1946-1957)
Galerie Rouge
Du 21 avril au 20 juillet 2022
3 rue du Pont Louis-Philippe, 75014 Paris
Du mercredi au samedi, de 11h à 19h
Entrée libre