Nsey Benajah

Mais où est le rapport Franceschini sur l’état de la photographie en France ?

Mise à jour : le rapport Franceschini a été publié le 17 mars 2022 sur le site du gouvernement.

Jeu de cache-cache actuellement au Ministère de la Culture, rue de Valois. Le rapport Franceschini, sur l’état de la photographie en France, ne semble pas vouloir sortir de sa planque, alors même qu’il est plus important que jamais, et que le calendrier électoral risque de le remiser au placard pour une durée indéterminée.

Le 25 mars 2021, alors que la pandémie et le variant britannique de la Covid-19 s’abat sur la France, la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot donne pour mission à Laurence Franceschini, conseillère d’Etat, de réaliser un rapport sur l’état de la photographie en France. L’objectif était de mener une réflexion « ambitieuse et réaliste » sur « le financement de la production et de la diffusion d’oeuvres photographiques » en France, à l’heure où les plateformes Facebook, Instagram ou Google fragilisent les créateurs.

Ce rapport, qui devait initialement être remis cet été au ministère, a été déposé Rue de Valois cet automne, après avoir interrogé de nombreux professionnels et acteurs du secteur de la photo. Pourquoi n’a-t-il pas encore été publié ? Faut-il y voir un manque de considération pour le secteur de la photographie, ou bien un signe d’inquiétude au sujet de métiers difficiles à accompagner ?

Alors que la « période de réserve » liée à l’élection présidentielle à venir risque de limiter les actions du gouvernement pour les prochaines semaines, le comité de pilotage des États généraux de la Photographie (qui comprend L’Adagp, les Agents Associés, le CLAP, le réseau Diagonal, Les Filles de la Photo, France PhotoBook, la Saif et l’UPP) publient une lettre ouverte pour la publication de ce rapport, qu’il est possible de signer à cette adresse.

Rapport Franceschini

Voici le contenu de cette lettre :

Madame la ministre,

Par votre courrier du 25 mars 2021, vous avez chargé madame Franceschini, conseillère d’Etat, d’une mission sur le financement de la production et de la diffusion d’œuvres photographiques. Dans cette lettre vous soulignez la fragilisation économique des créateurs du secteur de la photographie due notamment à la révolution numérique et la montée en puissance des GAFAM.

En s’appuyant sur son expertise et sur l’audition des acteurs majeurs du secteur de la photographie, madame Franceschini avait pour mission « d’étudier les mutations de la filière photographie, d’envisager de nouvelles modalités de financement de la création incluant notamment des mécanismes de solidarité intrasectorielle » ainsi que « les mesures organisationnelles, législatives, fiscales et financières à mettre en place pour soutenir les acteurs de la photographie et préserver une diversité de la création ». Le lancement de cette mission a été perçu comme un acte fort et engageant de la part du ministère de la Culture en faveur d’un secteur et de créateurs très fragilisés.

Il est incontestable que la filière de la photographie nécessite une observation et une analyse caractérisée, notamment dans une période durement affectée par la crise sanitaire.

Le lancement de la grande commande Radioscopie en 2021 ainsi que le maintien de Paris Photo pour les sept prochaines années marquent la volonté manifeste du ministère de la Culture de soutenir les photographes et tous les acteurs de la photographie. Toutefois les problématiques fondamentales persistent et vous comprendrez, dans ce contexte, l’attente de l’ensemble des professionnels de la filière de connaître les résultats de la mission de madame Franceschini. Une publication qui a fait l’objet de plusieurs annonces à ce jour. Nous avons interpellé par courriel monsieur Christopher Miles, directeur général de la Création artistique le 3 février dernier au sujet de la publication du rapport Franceschini qui devait intervenir en ce début d’année 2022. Il nous a répondu le 16 février que “ce rapport fait toujours l’objet d’un examen approfondi des services et de l’autorité politique”. Or l’approche des échéances électorales nous fait craindre qu’il n’en soit rien et que nous perdions encore des années précieuses pour la mise en œuvre des actions nécessaires.

Par ailleurs, les huit structures signataires de cette lettre ouverte co-organisent en 2021-2022 les Etats Généraux de la Photographie, dont les objectifs sont notamment de faire émerger les principales problématiques du secteur et de proposer des actions qui découlent des réflexions menées. Vous comprendrez donc l’impérieuse nécessité pour notre filière de connaître le contenu de ce rapport qui pourra enrichir notre travail et le rendre plus pertinent et porteur de solutions viables.

C’est pourquoi nous vous demandons, ainsi que vous l’avez annoncé, de rendre public le contenu de ce rapport.

Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Madame la ministre, l’expression de notre haute considération.

Signataires :

  • Marie-Anne Ferry-Fall, Directrice Générale de l’ADAGP
  • Eléonore Charrey, Présidente des Agents associés
  • Eric Sinatora et Fred Boucher, Co-Présidents du réseau Diagonal
  • Pierre Ciot, Président de la Saif
  • Frédérique Founès, Présidente du Comité de liaison et d’action pour la photographie
  • Raphaële Bertho et Sabrina Ponti, Co-Présidentes de Les Filles de la Photo
  • André Frère, Président de France PhotoBook
  • Matthieu Baudeau, Président de l’Union des Photographes Professionnels