En photo, le jeu sur les figures géométriques et la répétition d’un sujet à l’infini peut ouvrir des horizons créatifs très intéressants. Et ce n’est pas Peter Stewart qui dira le contraire. Dans une série sobrement nommée « Repetition », le photographe joue sur la démultiplication des objets et des couleurs, offrant des kaléidoscopes complexes et intrigants, reflet d’un monde tout en contrastes.
Des lunettes de soleil alignés à l’infini, un mural de distributeurs de boissons japonais, un enchevêtrement de cannettes compactées… Assurément, Peter Stewart aime jouer avec la répétition d’un motif – ou d’un objet – sur ses images. Formant des toiles complexes aux multiples détails, ses clichés nous emmènent dans un monde multicolore et foisonnant.
Parfois, ce ne sont pas les objets en eux-mêmes qu’il faut tenter de discerner, mais leur assemblage et les lignes complexes qu’ils forment. On peut ainsi observer la formation de motifs extrêmement rectilignes, ou au contraire totalement aléatoires.
À l’opposé, d’autres photo de cette série joue sur l’occupation de l’espace urbain par une même catégorie de véhicules. Ses clichés « Fragments », capturée à Hanoï, où est basé le photographe, interrogent sur la répartition de la chaussée entre scooters parfois surchargés, vélos – et quelques rares piétons osant s’aventurer au sein de ce maëlstrom.
Malgré leurs disparités, bon nombre les images de Peter Stewart possèdent un dénominateur commun. Elles ne cherchent pas à transcrire le mouvement. Au contraire, tous les éléments semblent figés dans l’espace (et dans le temps). À l’inverse, d’autres viennent exacerber le dynamisme de la scène, dont les protagonistes deviennent autant de figures floues.
De plus nombre de clichés de cette série ne sont pas sans analogie avec des dioramas, ces petites saynètes que les maquettistes aiment à reproduire avec passion. Le cadrage en plongée parfois adopté par le photographe vient d’ailleurs servir cette impression, et contribue à renforcer le sentiment d’immersion au cœur de la scène.
Au-delà de ces considérations esthétiques, ces clichés représentent également une prouesse d’un point de vue technique, pour un résultat parfois déroutant. Même dans une ville aussi dense que Hong Kong, jamais une autoroute urbaine n’a vu autant de taxis en une seule fois ! Et pourtant, c’est bien ce que nous propose le photographe… L’explication est pourtant simple : il s’agit d’une image « composite », réalisée en fusionnant parfois jusqu’à 100 photos. Un travail qui a dû demander de nombreuses heures de travail (et des trésors de patience).
Enfin, les photographies de Peter Stewart nous questionnent sur nos environnements. Ces buildings cubiques à perte de vue, ces objets du quotidien… ne sont-ils pas les reflets d’une certaine standardisation de nos modes de vie, de nos habitats… voire de nos vies ?
Assurément, les clichés du photographe interrogent, interloquent et déroutent nos sens. Où se termine le réel, où commence la fiction ? La série Repetition nous entraîne dans un tourbillon contradictoire, entre poésie des compositions et brutalisme des paysages rencontrés.
Retrouvez les travaux de Peter Stewart sur son site Internet, sa galerie Behance et son compte Instagram.
Photos utilisées avec l’aimable autorisation de leur auteur.