© Vincent Fournier

Space Utopia, par Vincent Fournier : conquête spatiale et nostalgie du futur

Alors que nous assistons aux premières heures du tourisme spatial, le photographe Vincent Fournier explore depuis près de 15 années la fascination qu’exerce sur nous la conquête interstellaire. Le photographe français, qui a parcouru la planète à la poursuite des lieux et des objets emblématiques de l’exploration du cosmos. Sa série, nommée Space Utopia, fait l’objet d’un ouvrage paru aux éditions Standard, et d’une exposition au Kiosque de Vannes.

© Vincent Fournier

Un tour du monde de la conquête spatiale

Entre rêve d’espace et défi technique, l’exploration spatiale nous invite aux frontières de l’imaginaire. Travail au long cours initié en 2007 et mené jusqu’en 2017, Space Utopia a guidé Vincent Fournier aux quatre coins du globe : l’Institut de radioastronomie millimétrique de Grenoble, le cosmodrome de Baïkonour, l’Inde ou les États-Unis.

Au cœur du Svalbard, un archipel de fjord norvégien, il photographie les observatoires immaculés, au Centre d’entrainement des cosmonautes Youri Gagarine à Vyozdny Gorodok il parvient à mettre la main sur la tenue des cosmonautes.  Space Utopia oscille entre passé et futur, marche sur les traces du programme Apollo et Spoutnik et lorgne du côté de la future fusée de la Nasa destinée à l’exploration martienne.

Malgré la difficulté d’obtenir les autorisations nécessaires, Vincent Fournier est parvenu à pénétrer dans les « lieux saints » de la conquête spatiale. Il en a ramené des photographies qui ont autant une portée narrative que picturale, proposées en tirages grands formats. Sans jamais quitter la terre ferme, le dépaysement est total. Centre d’entrainement des futurs astronautes, paysages naturels désertiques à l’ambiance lunaire ou salle des machines fixent l’obsession humaine pour l’exploration de notre voûte céleste.

© Vincent Fournier

Du rêve de l’exploration spatiale à sa matérialisation

Architectures utopiques, mutation du vivant et aventure spatiale constituent les volets majeurs du travail de Vincent Fournier. Avec sa série Post Natural History, il avait entrepris en 2019 de créer un musée d’histoire naturelle futuriste. Animaux et technologie de pointe fusionnaient, donnant naissance à des créatures hybrides : scorpion automatisant la microchirurgie, corbeau à mémoire augmentée ou fennec télépathe.

L’artiste photographe français explore en image les différentes mythologies du futur, notre attachement à ces récits fondateurs de notre époque. Telles des reliques, les combinaisons, gants ou caques de cosmonautes sont immortalisés sur sa pellicule. Sa narration n’est pas uniquement historique ou documentaire, car elle envisage également la représentation des temps forts de cette épopée. Vincent Fournier inclut ainsi ses images des costumes de First Man, le biopic dans lequel Ryan Gosling interprète Neil Amstrong et n’hésite pas à mettre en scène les éléments réels photographiés lors de ses visites.

Le Kiosque | Vincent Fournier

Représentations cinématographiques, mais aussi souvenirs d’enfance du photographe s’invitent dans la série. Né en 1970, Vincent Fournier fait partie d’une génération bercée par les innovations technologiques qui lui ont laissé entrevoir un futur tourné vers d’autres mondes.

Utopiques, fantasmées, ces visions portées par le cinéma fantastique, notamment l’esthétique rétrofuturiste de 2001, L’Odyssée de l’Espace (réalisé par Kubrick en 1968), la télévision et la littérature n’ont cessé de nourrir l’imaginaire du futur photographe. Ainsi, le photographe interroge et prolonge aujourd’hui ses rêves d’enfants.

« Je pense que le point de départ de cette obsession vient d’une certaine nostalgie joyeuse du Futur de mon enfance ».

Vincent Fournier

Obsession humaine universelle et enjeux stratégiques

Vincent Fournier témoigne également de ce désir universel de contempler le ciel, de s’aventurer toujours plus loin, non sans rappeler que l’étymologie de désir signifie la « nostalgie d’une étoile ». Peut-être l’une des plus grandes aventures entreprises par l’Homme, la conquête de l’espace semble inscrite en nous, inhérente à notre condition de mortel.

Avec Space Utopia Vincent Fournier démontre aussi les enjeux géopolitiques et économiques liés à cette fascination qui hier, en pleine guerre froide, révélait des enjeux plus militaires que financiers. Santé, écologie, divertissement, recherches scientifiques : les raisons de lever les yeux vers l’infini sont à présent multiples.

© Vincent Fournier

Les œuvres de Vincent Fournier sont régulièrement exposées à l’international et ont rejoint les collections permanentes de prestigieux musées et fondations (MET, Centre Pompidou…).

L’odyssée photographique Space Utopia se prolonge dans un ouvrage dédié. Le livre est disponible en ligne à la Fnac au prix de 65 euros ainsi qu’auprès d’une sélection de libraires et revendeurs.

Space Utopia est exposé au Kiosque de Vannes, l’espace d’exposition dédié à la photographie de la ville bretonne, jusqu’au 5 septembre prochain. L’exposition s’accompagne d’un court métrage « Vincent Fournier goes to NASA » réalisé par David Feinberg pour VICE.

Plus d’informations sur le travail de Vincent Fournier sont disponibles sur son site, le site de la mairie de Vannes propose quant à lui de préparer sa visite de l’exposition proposée sur entrée libre.