Le MAD (Musée des Arts Décoratifs) de Paris célèbre sa réouverture avec une exposition photo exceptionnelle : la première présentation publique de son riche fonds photographique. L’exposition Histoires de Photographies est ouverte du 19 mai au 12 décembre 2021.
Un fonds d’exception d’une rare richesse thématique
Le fonds patrimonial d’exception du musée comporte plus de 350 000 clichés. Pris de la naissance de la photographie en 1840 jusqu’à l’époque actuelle, les 400 tirages originaux sélectionnés pour l’exposition, accompagnés de négatifs, abordent des thèmes variés. Photographie de mode, paysage, natures mortes, images publicitaires ou clichés plus artistiques contribuent à dresser le portrait de près d’un siècle et demi de photographie.
Précise et exhaustive, l’exposition a fait le choix d’une présentation chronologique et thématique. Documentaire, politique, juridique, publicitaire, artistique : la photographie est multiple. Vestiaire Yves Saint Laurent se dévoilant avec élégance dans les pages du Vogue de septembre 1985, Tour Eiffel devenant presque malléable sur les tirages gélatino-argentiques de Doisneau (1965) ou cyanotypes végétaux d’Henri Bodin (1895) révèlent au public la richesse d’utilisation du médium photographique.
Le Musée des Arts Décoratifs propose donc aux visiteurs un parcours en 6 chapitres : la quête des modèles, les vues de pays comme objet d’étude et d’inspiration, la photographie au service du patrimoine, l’utilité commerciale de la photographie exploitée par la presse et la publicité, la reconnaissance de la photographie et la photographie de mode.
Les signatures sont variées et prestigieuses : Man Ray, Robert Doisneau, Willy Ronis, Cecil Beaton, Bettina Rheims… Si l’exposition propose de redécouvrir des maitres renommés, c’est aussi l’occasion de mettre en lumière des signatures plus rares comme celles de Jean Collas ou de Paul Henroy.
Négatifs sur plaque de verre, cyanotypes, tirage sur papier albuminé : techniques et esthétiques évoluent et racontent au fil du parcours de l’exposition deux histoires : celle fixée par l’artiste à laquelle s’ajoute le témoignage documentaire d’une époque et de sa pratique de la photographie.
Les Arts Décoratifs et la photographie, une histoire secrète
Oubliée et pourtant omniprésente, la photographie accompagna de tout temps l’histoire du musée. En parallèle de son usage pour la documentation des collections acquises, la photographie s’expose, et ce dès 1916. En 1955, les futurs Arts Décoratifs organisent la 1re rétrospective française consacrée à Henri Cartier-Bresson, ce sera de nouveau le cas en 1975 en l’honneur de Jacques Henri Lartigue.
Intérêt du sujet, mais aussi de l’usage : la photographie, largement diffusable et reproductible, accompagne le développement de la société industrielle. Dès 1864, ce qui deviendra plus tard Les Arts Décoratifs (alors l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie) définit la photographie comme « un art appliqué à l’enseignement et à la vulgarisation ». C’est donc un vecteur fantastique pour éduquer le regard de la société, quelles que soient les origines sociales du public. L’institution acquiert de nombreux tirages et épreuves, permettant de régénérer des fonds jusqu’alors constitués de dessins et gravures. Elle s’entoure de photographes auxquels elle prête son propre laboratoire. Les images exposées documentent alors les collections de bijoux, sculptures, œuvres d’ébénisteries et peuvent même être librement calquées par les visiteurs.
Témoigner des mœurs, façonner le goût d’une époque
Aux photographies françaises s’ajoutent bientôt celles des expositions universelles et les images ramenées de l’étranger, telles celles prises par Nadar à Samarkand. Le point de vue adopté peut être touristique, colonial, ethnographique ou plus intime. Arts islamiques et asiatiques fascinent les artistes, les artisans et la société civile, les reproductions sur papier argentique de ces trésors enrichissent à leur tour rapidement le fond de l’Union Centrale.
Alors que la restauration et la préservation du patrimoine secouent les années 30, la photographie permet de cartographier les richesses du territoire. La photographie d’architecture accompagne l’inventaire de la toute jeune Commission des monuments historiques et immortalise les chantiers des architectes de l’époque.
Presse, graphistes, décorateurs s’allient aux photographes pour donner ses lettres de noblesse au 8e art qui devient une forme d’expression à part entière et se libère de son obligation de documentation. Avec les années 20 et 30 et l’essor de la photographie publicitaire, puis bientôt de la photographie de mode, il n’est plus seulement question de témoigner des goûts de l’époque, mais bien de prendre activement par à leurs évolutions. Les liens intimes entre collections de mode et photographies se tissent rapidement au sein de l’institution qui met depuis régulièrement en lumière ce dialogue lors d’expositions dédiées à l’image de mode.
Curieux et spécialistes de la photographie prendront un plaisir certain à remonter le temps en image. L’exposition Histoires de photographies. Collections du Musée des Arts Décoratifs s’accompagne d’un catalogue d’exposition (272 pages, 350 illustrations, 24 x 29cm), disponible sur le site du musée ainsi qu’en librairie. Des ateliers adultes et jeune public sont également organisés.
Infos pratiques :
Histoires de photographies. Collections du Musée des Arts Décoratifs
Du 19 mai au 12 décembre 2021
Musée des Arts Décoratifs
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Plus d’informations sur l’exposition sont disponibles sur le site du musée des Arts Décoratifs.