DLSP #104 : Dans le sac photo de Bernard Janot

DLSP est une rubrique qui vous permet de découvrir les « setups » photo de photographes, professionnels ou amateurs, connus ou anonymes, afin de dévoiler ce qu’il se cache dans leurs sacs photo.

Dans ce DLSP, Bernard Janot nous présente son setup classique et argentique avec les légendaires Leica M6 et 35 mm Summicron.


Dans les années 80/90 j’ai travaillé pour un petit studio en province. Je m’occupais d’un mini-lab et faisait des mariages en été. J’étais passionné par la couleur et donc par la diapo. En plus de mon travail je passais mes week-ends autour de la photo. Toujours et encore la photo. J’ai quitté la Bretagne en 1994 pour l’outre-mer où j’ai eu l’occasion de proposer quelques reportages pour les entreprises, à mon compte. À mon retour en 1996 j’ai mis de côté la photographie pendant quelques années, enfin, je ne faisais rien de sérieux, je m’essayais au numérique avec un compact.

Le hasard m’a invité à reprendre du service quand un ami m’a offert un Minolta et un Rollei 35. C’est ce petit Rollei 35, une beauté argentique qui m’a fait cligner de l’œil avec son Tessar 40 mm f/3,5. J’ai fondu. C’était reparti. J’ai choisi le noir et blanc. Ou c’est peut-être mon nouvel appareil qui a choisi pour moi. Actuellement, et depuis plus de 2 ans, j’ai pour fidèle compagnon un Leica M6 et un 35 mm f2 Summicron. La première fois que j’ai vu à travers un viseur télémétrique c’était au studio à mes débuts. J’ai pensé que c’était du n’importe quoi. Petit, cher, pas de gueule. Un truc pour mon patron. Puis en vieillissant… Une occasion sur un site. Je cherchais un boîtier simple, discret, avec mise au point manuelle et profondeur de champ. Du solide aussi. Du réparable. Et les vertus du télémétrique m’ont convaincu. Il ne faut pas des lustres pour s’y faire contrairement à ce qu’on entend ci et là. Ma pratique est très simple : je vais là où la lumière m’emmène. Je ne fais pas forcément de séries, pas de sujets particuliers, la lumière dessine, et moi j’archive. Il s’agit parfois d’un travail de recherche. Je mène une petite réflexion sur la prise de vue, je m’interroge sur mon rapport à la photo, dois-je déclencher ou pas, vais-je réussir à exprimer ce que je ressens alors que je suis certainement le seul à voir là, à cet instant, une possibilité photographique ? Je tente d’offrir à la simplicité, au naturel, à ce qui ne se voit pas une certaine beauté.

Pour corser le tout, j’ai entrepris un travail autour de chez moi en faisant le même parcours à pied, si possible tous les jours. J’essaye de « presser » au maximum le fruit de cette expérience pour en extraire tout son jus photographique. Voir autre chose, tester, oser, aller au fin fond de ma réalité artistique. M’étonner. J’en suis à ma troisième année. J’ai vu tellement de clichés en travaillant dans un mini-lab, dans des bouquins, des expos… J’ai quitté ma genèse photographique et j’emprunte peut-être la voie d’une certaine révélation. J’alimente mon site aussi. Un vrai goinfre.

Voici ce que je mets dans mon sac:

  • Leica M6 : Pour la discrétion au déclenchement et la compacité. J’aime calculer la profondeur de champ, travailler en faible lumière à l’occasion et donc utiliser des vitesses lentes en appui contre un mur ou un arbre.  Attention, l’objet se fait de plus en plus rare et donc de plus en plus cher !
  • Leitz 35 mm f/2 Summicron : Avec ce genre d’optique, un grand angle, je suis immergé dans ma prise de vue. J’en fais partie. Aujourd’hui je ne ressens pas le besoin d’en avoir une autre.
  • Sac Crumpler Proper roady 2000 : il est petit, résistant, je l’emmène même au travail. Il est du genre besace. Ce n’est pas une star, mais il fait très bien son travail. Je crois l’avoir acheté sur un site anglais, mais on le trouve un peu partout.
  • Mes accessoires : Un filtre jaune ou orange pour assombrir et contraster le ciel. À vrai dire, je n’y pense pratiquement jamais. Mes accessoires favoris : une pince-couteau, une soufflette, un chiffon. Un carnet dans lequel je ne note presque jamais rien. Cependant, je l’emmène partout, car dans l’excitation on perd vite la tête.

À mon sens il est important de choisir un matériel adapté à ses besoins. Ne pas obligatoirement acheter un appareil récent. On peut faire avec du simple et se concentrer bien plus sur sa prise de vue.

© Bernard Janot
© Bernard Janot
© Bernard Janot
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