Yuri Andries vit et travaille en Belgique, mais sillonne régulièrement le monde à la recherche de paysages majestueux comme de rencontres humaines. De l’île espagnole de Lanzarote à l’Inde, et aujourd’hui en Chine, Yuri Andries capture des images graphiques et minimalistes.
The New Silk Road (La Nouvelle Route de la Soie) est le dernier reportage photo de Yuri Andries. Le photographe est parti à la conquête de cette future voie commerciale reliant la Chine à l’Europe, documentant les débuts du projet d’apparence démesuré, pour le magazine Suitcase.
Sur les pas de Marco Polo
La Route de la Soie est une voie commerciale mythique qui reliait l’Orient à l’Occident. Bordée de panoramas majestueux, l’itinéraire de légende a favorisé le transport de matières luxueuses ou d’épices et ouvert les échanges culturels entre des contrées aux multiples contrastes. Durant 24 années, Marco Polo a parcouru cette route avant d’en confier ses souvenirs à ses chroniques.
À travers ses clichés aux teintes douces, Yuri Andries documente son carnet de voyage, Marco Polo des temps modernes à la découverte de paysages lunaires. La province du Gansu sera son territoire d’exploration. Le photographe reliera Lanzhou – aujourd’hui mégalopole, la ville n’était hier qu’une oasis accueillant les caravanes marchandes – aux grottes bouddhistes de Dunhuang.
Les montagnes du parc géologique de Zhangye n’ont été observées que récemment par un photographe amateur. À son tour, plusieurs siècles après Marco Polo, Yuri Andries s’est émerveillé de leurs nuances kaléidoscopiques. Au cours de son photoreportage, l’artiste a également exploré le désert de Gobi à Jiayuguan, porte d’entrée de l’Ouest dont il nous ramène des images semblant tirées des Mille et Une Nuits.
Photographier l’expansion chinoise
Depuis 2013, la Chine, par l’entremise de son Président Xi Jinping, a entrepris de relier par une route de plusieurs milliers de kilomètres son territoire à l’Europe. La voie traverse une grande partie de l’Asie centrale, dont le Kazakhstan et la Russie. L’ambitieux projet a tout naturellement été nommé la « Nouvelle Route de la soie ».
Capturé par l’objectif du photographe, l’horizon semble ouvert sur l’infini et s’étendre à perte de vue. Les infrastructures longeant les interminables voies ne se distinguent pourtant en rien des bordures d’agglomérations chinoises. Parc d’attractions et parkings contrastent avec le paysage environnant.
Les constructions parfois incongrues à l’image des répliques du Sphinx, du Taj Mahal ou du Panthéon ont été pensées par le gouvernement pour attirer les touristes chinois et étrangers. Face aux clichés de ces infrastructures artificielles, nous réalisons à quel point nous nous sommes éloignés de l’authenticité des éléments naturels.
Les photographies soulignent le gris de l’asphalte allié aux nuances sépia terreuses des roches et parcs nationaux. Les images de Yuri Andries témoignent de notre soif historique de voyages et de découvertes comme de la banalité des constructions humaines s’y intégrant avec plus ou moins de succès.
Les policiers et vigiles sont omniprésents tandis que des rochers en plastique diffusent de la musique et des messages de sécurité. Les voies artificielles aménagées guident les pas de cette nouvelle génération d’aventuriers pour qui les autocars ont remplacé les caravanes de chameaux.
Le photoreportage en guise de témoignage documentaire
Le photographe envisage sa pratique à mi-chemin entre le documentaire et l’imagination et témoigne à travers ses clichés des rapports de l’Homme à son environnement.
De son voyage sur la Nouvelle Route de la soie, entre passé et futur, Yuri Andries conserve le souvenir du silence apaisant qui n’est rompu que par le clapotis de la rivière Jaune. Une sérénité éphémère avant que des portions entières de la chaussée ne côtoient des néons lumineux dans une effervescence toute citadine. Ses photos évoquent tout autant la résistance au temps des roches et des déserts que leur métamorphose sous la main humaine.
Les photos poétiques de Yuri Andries ont été publiées dans de nombreuses revues aux lignes éditoriales variées de National Geographic à VICE.
Sa formation en design graphique prête à ses photographies une dimension architecturale. Une esthétique également présente dans la série Moonland réalisée dans le nord de l’Inde en 2018.
Apaisement et sérénité se dégagent des clichés de l’artiste belge que nous vous invitons à découvrir sur son site.