La photographe Rebecca Reeve réalise depuis 2012 la série « Marjory’s World ». Elle photographie des rideaux au vent, dans des paysages dénués de la présence de l’homme. Entre déserts arides et vastes océans, ce morceau de tissu vient transformer nos écrans en fenêtre. De quoi nous évader vers un monde qui nous tend les bras.
Une artiste passionnée et ouverte sur le monde
Diplômée des Beaux-Arts à l’Université de Bath Spa (Angleterre) et titulaire d’un Master en Arts Visuels à l’Université de South Wales (Australie), la Britannique Rebecca Reeve vît actuellement à Brooklyn, New York. Elle a commencé cette série en 2012 lors d’une résidence d’artiste au Parc national des Everglades, en Floride (Etats-Unis).
Cette série a pour but d’amener le spectateur à percevoir l’environnement qui l’entoure avec de nouveaux yeux et une nouvelle conscience. Cette image de la fenêtre vient en effet donner un côté authentique aux paysages. « Les fenêtres que j’ai créées sont devenues des portails », explique Rebecca Reeve.
C’est une invitation à un voyage accessible à tous, comme s’il suffisait de se pencher par la fenêtre pour découvrir un environnement différent. « Je pense que c’est un moyen pour le spectateur de se connecter plus facilement avec l’environnement. J’ai le sentiment que notre société se détache de plus en plus du monde naturel », ajoute-t-elle.
« Marjory’s World »
Lors de ses voyages, Rebecca Reeve trouve des boutiques d’occasion pour acheter ces rideaux. Puis elle part à la recherche d’un lieu isolé, où la présence de l’homme se fait rare.
Les environnements qu’elle photographie sont très divers – on peut aussi bien rencontrer un désert au sol craquelé jonché de pneus, une plaine verte aux herbes hautes, un bayou marécageux ou un champ recouvert de neige. Mais ces environnements possèdent tous des rideaux. Soit d’une légèreté transparente qui s’envolent au vent, ou droit et épais, ce qui concentre notre regard vers cette nature à nos fenêtres.
Bien que la série puisse paraître « simple » dans la mise en scène, Marjory’s World a une origine bien plus traditionnelle que l’on pourrait imaginer. En effet la série est inspirée d’un rituel néerlandais du XVIIe siècle et décrit dans le livre de W. G. Sebald, Les anneaux de Saturne. « Pendant la veillée du défunt, il était d’usage de recouvrir de tissus tous les miroirs et les peintures des maisons », explique-t-elle. Cette tradition avait pour but d’éviter les tentations pour l’âme de rester dans ce monde. « Je trouvais cette notion si belle et cela m’a fait réfléchir à la façon dont le paysage nous a touchés au cours des siècles. C’est une expression si primaire. C’est ce qui m’a amené à encadrer les paysages – pour les révéler – au lieu de les cacher », conclut la photographe.
Retrouvez Rebecca Reeve sur son site Internet pour découvrir ses autres séries.