© Julien Daniel

Le « journal de confinement » de Julien Daniel, photojournaliste chez Agence MYOP

Julien Daniel est un photojournaliste indépendant confiné. Depuis le 17 mars 2020, il tient un journal de bord photographique : le « journal de confinement« . Dans cette période de crise sanitaire, son activité est limitée et son inquiétude pour la reprise plus sérieuse que jamais.

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Indépendant ≠ Confinement

Le journalisme en France fait partie des quelques professions encore en activités aujourd’hui. Mais subissant déjà une crise économique ces dernières années, le manque de moyen se fait fortement ressentir pendant ce confinement. Les photojournalistes et artistes de France s’inquiètent, cette crise sanitaire s’annonce bien plus grave que celle de 2008.

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Julien Daniel a rejoint l’Agence MYOP en 2008. Elle compte au total 19 auteurs photographes. Ensemble, ils partagent leurs différentes visions de la photographie contemporaine et questionnent le monde et la société à travers leurs clichés.

Depuis le début du confinement, les photographes de l’agence MYOP partagent sur Instagram la série SINE DIE au quotidien pour porter témoignage de cet état d’exception.

Mais aujourd’hui, sans commande et de travail, Julien Daniel arpente sa ville, carte de presse dans la poche pour partager Journal de confinement. « J’essaye tout de même de réaliser quotidiennement quelques photographies, pour garder une trace de ce moment très particulier que nous vivons », affirme-t-il.

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Série d’un confiné

Malgré la liberté que peut avoir Julien Daniel avec sa carte de presse, sa série de clichés reste celle d’un photographe confiné : « Je profite d’aller faire une course pour sortir photographier ma ville. Je ne reste qu’entre 30 et 40 minutes dehors. Je travaille de manière frugale, en économie des moyens, j’ai l’équivalent de 30 photos de rue, de gens. Il m’est arrivé seulement trois ou quatre fois de sortir uniquement pour faire des photos », explique-t-il.

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De plus, dans sa petite commune, il s’inspire de tout ce qui l’entoure. « Il y a toujours des rues, des arrière-cours à débusquer dans sa ville pour faire une belle photographie. J’ai beaucoup photographié des gens avec des masques, c’est encore l’élément qui retient notre attention » ajoute le photographe.

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Devoir d’informer

Pendant que de nombreux journalistes sans dérogation ou au chômage partiel ne peuvent remplir leur devoir d’information, Julien Daniel a le privilège de pouvoir continuer son activité. « C’est vital de documenter cette période. Tous mes confrères ont à cœur de la documenter, de leur point de vue. C’est une chance et opportunité qui nous empêche de rester inactif dans cette crise ».

Pour l’une de ses rares commandes, le photographe se rend dans la capitale et témoigne de son ressenti face à Paris vidé d’activité : « Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire autre chose que mon travail. Aucune possibilité de m’asseoir ou boire un verre… c’était très étrange. J’allais prendre mes clichés et puis rentrer chez moi. Je n’avais juste rien à faire dans cet étrange Paris ».

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Avenir incertain

La presse est impactée par la crise actuelle. Comme lors de la crise de 2008, personne ne sait de quoi demain sera fait. Il y a de très bonnes raisons de s’inquiéter pour l’avenir des médias. « Il y a en ce moment une dimension économique beaucoup plus problématique. Nous avons vécu la disparition brutale de nos contrats, projets, commandes qui met les photographes dans une grande précarité. Il y a des démarches pour que les aides d’Etat puissent aussi servir aux photographes indépendants. Mais on ne sait pas comment sera la situation, si on gardera notre carte de presse… trop de points d’interrogations cruciaux sans l’ombre d’une réponse ». Journal de confinement dénonce indirectement l’impasse dans laquelle nombre de ses confrères se trouvent aujourd’hui.

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Plus la crise sanitaire s’étend, plus les conséquences seront difficiles pour les photojournalistes indépendants, artistes, professeurs, autres professions libérales ainsi que les PME. En espérant que l’après-crise sera mieux gérées que celle de 2008, pour ne pas lancer les travailleurs sur une pente qu’ils ne pourront pas remonter.

Retrouvez la série Journal de confinement de Julien Daniel tout les jours sur son site Internet, sur Facebook et Instagram.