MP #208 : « exposer à droite », une méthode pour maximiser la qualité de vos images ?

En photographie, l’expression « exposer à droite » pour optimiser ses images revient souvent. Mais qu’est-ce que cela signifie, quel impact sur nos images, pourquoi et comment ça marche ? C’est ce que nous allons voir ensemble dans cet article en abordant différents points tels que la dynamique d’un capteur, l’histogramme et l’exposition.

Prioriser les zones denses ou les tons clairs ?

Les capteurs des appareils photo actuels ne sont pas capables de restituer aussi bien les détails dans les zones sombres et dans les zones claires que nos yeux peuvent le faire. Encore moins lorsqu’il s’agit de scènes très contrastées qui nécessitent d’enregistrer des détails à la fois dans les blancs et dans les noirs. Si nos yeux peuvent distinguer aisément ces deux zones extrêmes, c’est plus compliqué pour un appareil photo dont la dynamique du capteur est moindre. Et il faut se faire une raison, car techniquement le capteur d’un appareil photo n’est pas encore tout à fait capable de gérer des expositions aussi complexes en une seule prise.

Dans une telle situation, le mode automatique du boîtier va avoir tendance à exposer correctement les tons moyens, générant (selon la scène) des hautes lumières cramées ou des noirs trop denses. En fonction du rendu désiré, il faut alors choisir de prioriser les zones denses ou les tons clairs en passant par une exposition manuelle pour compenser la dynamique moins importante du capteur par rapport à celle de nos yeux.

Image exposée via le mode automatique de l’appareil
Image exposée manuellement à droite pour pouvoir récupérer du détail dans les ombres en retouche
Image exposée à droite après retouche

L’histogramme à l’origine de l’expression

Lorsque l’on choisit de prioriser les zones sombres, soit exposer l’image de sorte à avoir du détail dans les noirs, cela signifie que l’on « expose à droite ». La notion d’exposition à droite provient de l’histogramme, un graphique généralement utilisé par les professionnels de l’image qui permet de contrôler de nombreuses informations dont l’exposition. Ce graphique représente la répartition des pixels selon leur luminosité. Les ombres sont à gauche, les tons moyens au centre et les hautes lumières à droite. Voici quelques images pour vous aider à comprendre. Pour cela, observez la forme du graphique et son positionnement.

Ici l’image est sous exposée, l’histogramme est donc plus décalé vers la gauche, soit vers les zones sombres.
Ici l’image est correctement exposée, l’histogramme est bien réparti des tons sombres jusqu’aux tons clairs sans noirs bouchés, ni blancs surexposés.
Ici, l’image est surexposée et apparaît très claire avec une perte de détails dans les blancs, comme en témoigne l’histogramme majoritairement décalé vers la droite.

Ainsi, lorsque l’on choisit d’exposer correctement les ombres d’une image, on va avoir tendance à surexposer l’image par rapport à ce que le mode automatique propose. En faisant cela, le nombre de pixels clairs va augmenter, décalant plus ou moins l’histogramme sur la droite selon l’exposition. Exposer à droite, c’est donc une expression technique directement liée à la répartition des pixels sur l’histogramme.

Lorsque vous exposez à droite de sorte à récupérer du détail dans les noirs, cela implique généralement un développement de l’image en post-production. Exposer à droite, c’est surexposer son image et anticiper son exposition au moment de la prise de vue, pour l’améliorer ensuite à la retouche.

Attention à ne pas pousser exagérément l’exposition à droite pour pouvoir également récupérer des informations dans les blancs. Lorsque votre courbe d’histogramme est à l’extrême droite, c’est un indicateur qui peut signifier que vos blancs sont cramés. Si c’est le cas, il y a alors peu de chance de réajuster correctement vos blancs ou de récupérer totalement les détails. Tout est une affaire de dosage.

Sur la photo suivante, l’histogramme est complètement décalé à droite et va même au-delà de la limite, cela signifie que les blancs sont cramés. C’est en effet le cas au niveau du soleil qui se couche, positionné directement face au capteur et très puissant. Pour ce type d’image, cela n’est donc pas incohérent d’obtenir un tel histogramme puisque le reste est relativement bien exposé et les noirs ne sont pas bouchés. Le positionnement trop à droite de l’histogramme n’est donc pas toujours rédhibitoire, même s’il doit être évité pour récupérer un maximum de détails aussi bien dans les noirs que dans les blancs sur des images moins contrastées.

© Céline Nebor

L’histogramme est un très bon allié pour ce type de situation. Il est disponible sur la plupart des appareils photo, mais s’affiche également sur la plupart des logiciels de retouche. Il n’est pas forcément nécessaire d’en comprendre toutes les subtilités, mais la forme de l’histogramme et la connaissance des 3 zones peuvent suffire. Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre précédent article sur l’histogramme avec d’autres exemples concrets.

MP #16 : Comprendre l’histogramme

Privilégier le format RAW

Pour optimiser vos chances, nous recommandons bien entendu de photographier en RAW (ou RAW + JPEG) et de développer vos fichiers RAW en post-production, puisqu’ils correspondent à des fichiers non compressés donc sans perte d’informations et profiteront d’une plage de retouche plus large qu’un fichier JPEG classique.

Si vous n’exposez pas à droite, mais que vous souhaitez récupérer du détail dans les zones sombres, vous risquez de dégrader sensiblement l’image en postproduction avec l’apparition de bruit numérique et colorimétrique. C’est pour cela qu’il est conseillé de le faire au moment de la prise de vue et c’est tout l’intérêt de cette pratique : exposer correctement une zone à la prise de vue et récupérer du détail en post-production dans l’autre, grâce à un histogramme mesuré et dosé.

Image après retouche photographiée au mode automatique
Image après retouche exposée à droite

Ici, nous avons développé nos deux images de façon similaire pour obtenir une exposition très proche dans le but de mieux les comparer.

Détail de l’mage photographiée au mode automatique après retouche
Détail de l’mage exposée à droite après retouche
Détail de l’mage photographiée au mode automatique après retouche
Détail de l’mage exposée à droite après retouche
Détail de l’mage photographiée au mode automatique après retouche
Détail de l’mage exposée à droite après retouche

Comme vous pouvez le constater en zoomant dans l’image, le bruit numérique est plus présent et plus marqué sur l’image retouchée et exposée avec le mode automatique que l’image retouchée exposée à droite. Cette différence de granulation n’est pas forcément visible sur une image à 100 %, mais si vous êtes adeptes des recadrages ou très exigeants en matière de netteté, c’est une technique utile à prendre en compte pour optimiser au maximum la qualité de ses images.

Pour résumer

Pour résumer, exposer à droite, c’est surexposer son image manuellement par rapport à l’exposition proposée par le mode automatique de son appareil de façon à récupérer du détail dans les zones sombres en retouche. Cette exposition peut notamment être contrôlée par l’histogramme et par son décalage vers la droite qui représente les pixels clairs. Cette technique limite le bruit numérique dans les zones denses pour des images toujours plus nettes et précises.