Anafi : un nom qui sonne comme une invitation au voyage… Mais ici, il ne s’agit pas de la petite île des Cyclades, mais bien du nouveau drone annoncé par l’entreprise française Parrot. L’engin, décrit comme une « caméra volante », propose des caractéristiques fort alléchantes sur le papier… et vient s’insérer sur un marché déjà fort encombré. Le nouvel engin volant de la firme française est-il de taille à rivaliser avec la concurrence chinoise de DJI ? Bras repliables, caméra 4K, stabilisation hybride sur 3 axes, batterie intelligente…. Petit tour d’horizon des principaux atouts du drone Anafi de Parrot.
Sommaire
Un engin compact aux bras repliables
Doté d’un design compact et de bras repliables, l’Anafi n’est pas sans rappeler le DJI Spark, ainsi que les Mavic Pro et Air. Pesant 320g, l’engin se veut (très) facilement transportable, et réussit à être aussi léger que le DJI Spark. Il affiche également des dimensions relativement réduites : 24,4 cm de long, 6,7 cm de large bras repliés, et une envergure de 24 cm (bras dépliés). Il est donc plus long que ses rivaux, qui font un peu plus de 16 cm, mais promet également une plus grande polyvalence.
En effet, le rayon d’action de l’Anafi atteint les 4 kms, et sa batterie amovible de 2700 mAh (qui se recharge en USB-C) lui permet de rester en vol jusqu’à 25 minutes. Le drone est en capacité d’atteindre les 55 km/h en mode sport et de monter/descendre à la vitesse de 4 m/s. La stabilisation de l’engin présente également des caractéristiques intéressantes : d’après Parrot, l’Anafi est capable de résister à des vents jusqu’à 50 km/h. L’appareil peut fonctionner jusqu’à 4500 mètres au-dessus du niveau de la mer. Enfin, l’Anafi est capable de s’orienter grâce aux systèmes GPS et Glonass.
Voici un tableau comparatif entre le Parrot Anafi, le DJI Mavic et le DJI Spark :
Parrot Anafi | DJI Mavic Air | DJI Spark | |
---|---|---|---|
Portée | 4000m | 4000m | 2000m |
Autonomie | 25 minutes | 20 minutes | 16 minutes |
Poids | 320g | 430g | 300g |
Bras repliables ? | Oui | Oui | Non |
Dimensions (plié) | 24,4 x 6,7 x 6,5 cm | 16,8 x 8,3 x 4,9 cm | Bras non repliables |
Dimensions (déplié) | 17,5 x 24,0 x 6,5mm | 16,8 x 18,4 x 6,4 cm | 14,3 x 14,3 x 5,5 cm |
Vitesse maximale | 54 km/h | 68,4 km/h (mode Sport), 28,8 km/h (mode P et wifi) | 50 km/h (mode Sport) |
Capteur photo/vidéo | 1/2,4’’ CMOS 21 mégapixels | 1/2,3’’ CMOS 12 mégapixels | 1/2,3’’ CMOS 12 mégapixels |
Détection d'obstacle | Non | Avant et arrière | Avant |
Prix | 699€ | 829€ | 649€ |

Caméra 4K et images HDR
Au-delà de son design, la caméra embarquée de l’Anafi affiche également des spécifications remarquables. Il est ainsi capable de filmer en 4K Cinema (4096×2160) à 24 images par seconde, en 4K UHD jusqu’à 30 fps et peut monter jusqu’à 60 fps en Full HD (1920×1080). Il se distingue également par sa capacité à filmer en HDR (High Dynamic Range), une première dans le petit monde des drones. Ceci pourrait permettre à l’Anafi de fournir des images de meilleure qualité dans des conditions lumineuses présentant une forte dynamique de contrastes.
En outre, la caméra de l’Anafi permet un zoom numérique « sans perte » jusqu’à 2,8x en Full HD et jusqu’à 1,4x en 4K. Le terme numérique et « sans perte » nous fait penser à un savant discours marketing, mais la résolution du capteur permet de filmer en suréchantillonnage puis de zoomer dans l’image tout en conservant la résolution de la 4K ou Full HD. Utile pour filmer de plus près une scène sans se rapprocher.
Côté photo, l’engin propose la capture d’images en JPEG ou DNG RAW au format « Wide » 4:3 en 21 Mpx (5344×4016), ainsi que dans un format plus resserré en 12 Mpx (4000×3000). La caméra est dotée d’un capteur Sony IMX230 CMOS 1/2,4 pouce (les amateurs éclairés auraient sans doute préféré un capteur 1 pouce…). Question sensibilité, la caméra Anafi peut monter jusqu’à 3200 ISO.

Une nacelle multiorientable
Ce module photo/vidéo présente une autre particularité. Sur la majorité des drones, la nacelle peut s’incliner jusqu’à 90 degrés vers le bas, de sorte à pouvoir capturer des images sous l’appareil. Ici, la caméra peut aussi être dirigée à 90 degrés vers le haut : ainsi, la plage d’orientation de la caméra de l’Anafi atteint les 180 degrés (-90° à +90°). C’est bien là l’un des principaux atouts différenciateurs de la nouvelle machine de Parrot : l’Anafi peut ainsi photographier et filmer des scènes en contre-plongée (dessous d’un pont, mur d’un terrain de Parkour, etc.), ce dont les autres drones du marché sont proprement incapables. Une fonctionnalité fort attendue dans le milieu des drones, et qui offre des possibilités créatives inédites. En outre, la caméra peut s’incliner horizontalement de -40° à +40°, afin d’ajuster l’inclinaison des plans capturés.
Par ailleurs, la nacelle est stabilisée mécaniquement sur deux axes (roulis et tangage) (contre 3 sur les drones DJI), et s’appuie également sur la stabilisation électronique du capteur sur 3 axes (roulis, lacet et tangage). Ceci devrait assurer une capture stable et fluide à l’Anafi, ce que nous ne manquerons pas de confirmer lors de nos tests.
Enfin, Parrot a particulièrement mis l’accent sur la manière dont la nacelle est fixée au corps du drone. Le constructeur déclare s’être inspiré des insectes pour le design de son Anafi, la caméra figurant la tête d’une abeille : ainsi, la gimbal dépasse nettement du corps du drone, afin de proposer l’orientation de la caméra vers le haut. À noter que la nacelle est protégée par les bras avant du drone une fois ceux-ci repliés.
Les modes de prises de vue de l’Anafi
Assurément, la possibilité de diriger la caméra vers le haut est l’une des fonctionnalités-clés de l’Anafi. Mais Parrot a également mis à profit le capteur de 21 Mpx pour proposer nativement une fonctionnalité « dolly zoom ». Ainsi, les télépilotes auront directement la possibilité d’intégrer un effet « vertigo » dans leurs vidéos sans avoir à recourir à un fastidieux processus de postproduction. À titre de comparaison, les Mavic Air et Spark de DJI sont dépourvus de cette fonctionnalité à cause de leur capteur de 12 Mpx.
L’Anafi est également pourvu de modes de pilotage « intelligents », nommés SmartDronies, cameraman et FollowMe, qui s’appuient sur le réseau neuronal de l’appareil pour mesurer en continu la distance du sujet et suivre ce dernier dans l’image (système de tracking et de reconnaissance de formes). L’Anafi serait l’un des premiers drones grand public à intégrer une solution de mapping 3D, fort utile pour la modélisation de bâtiments.


En revanche, l’Anafi semble dépourvu d’un système de détection d’obstacles. En comparaison, le DJI Spark est muni d’une fonction d’évitement des obstacles situés à l’avant de l’appareil. L’absence de cette fonctionnalité pourrait (peut-être) s’avérer préjudiciable pour l’Anafi, les consommateurs s’habituant à voir de plus en plus de drones être équipés de la détection d’obstacles.
Parrot a répondu à certains journalistes à ce sujet : « Nous voulons que les consommateurs soient responsables de leurs vols. Nous voulons que les pilotes [de drone] soient concentrés sur leur vol à tout moment et respectent la loi. Cela implique également d’être conscient de son environnement » indique Fabien Laxague pour Parrot. Cette absence est également une question d’arbitrage entre le poids, l’autonomie et la qualité d’image, mais il est fort possible que de nombreux consommateurs puissent être à l’origine d’accidents de pilotage en raison de cette absence.
Prix et disponibilité du Parrot Anafi
Le Parrot Anafi est disponible depuis le 1er juillet 2018 au tarif de 699€.
L’Anafi est livré d’office avec sa télécommande et une batterie, ainsi qu’avec une housse de transport, une carte SD de 16 Go, un câble USB-A vers USB-C (pour le chargement de l’engin), ainsi que 8 hélices supplémentaires.
De par son positionnement tarifaire, l’Anafi se situe dans la droite lignée du DJI Spark (pack Fly More Combo, incluant notamment 2 batteries supplémentaires), tout en affichant des caractéristiques qui le rapprochent davantage du DJI Mavic Air, vendu beaucoup plus cher (à partir de 829 € ou 999 € en pack Fly More).


Le drone de la dernière chance pour Parrot ?
Parrot n’est pas un novice dans la fabrication de drones civils. Présenté au CES de Las Vegas, l’entreprise française avait lancé en 2010 l’AR.Drone, un des tout premiers quadricoptères pilotables à l’aide d’un smartphone. En 2014, Parrot propose le Bebop, suivi en 2016 du Bebop 2. Certains se souviennent également de l’aile volante Disco, lancée la même année, dont le retour vidéo pouvait s’effectuer au moyen d’un casque de réalité virtuelle.
En outre, Parrot a racheté en 2011 deux entreprises françaises, Varioptic et BiBcom, et s’est appuyé sur différentes startups pour assurer son développement sur le marché des drones grand public et professionnels.
Néanmoins, suite à la baisse des ventes de ses machines et à la concurrence particulièrement agressive des constructeurs chinois, Parrot a annoncé en janvier 2017 la restructuration de ses activités (incluant la suppression de 290 postes sur 840)… Une situation analogue à celle de l’américain GoPro qui a drastiquement réduit la voilure suite à l’échec de son drone Karma.
Parrot se concentre désormais exclusivement sur le développement de drones, et notamment sur leurs utilisations professionnelles : captation aérienne, cartographie, vidéosurveillance…. L’Anafi représente donc la dernière tentative en date de Parrot de revenir sur le marché des drones de loisirs dominé – de manière quasi hégémonique – par DJI (qui a conquis près des ¾ du marché mondial). Gageons que cet Anafi rencontre son public et se révèle un pari gagnant pour l’entreprise française.