Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison

Nous n’irons plus à la mine : Jacques Grison témoigne des derniers jours des mineurs français

Depuis le début des années 90, les mines françaises ferment face à la montée en puissance de l’or noir et des mines asiatiques. Les dernières mines de l’Est français se sont fermées en 2003 et 2004, laissant ainsi des travailleurs sans emploi et des régions sans ressource. Jacques Grison était allé à leur rencontre pour passer trois ans en leur compagnie et documenter les derniers instants du charbon français pour sa série Nous n’irons plus à la mine.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Photographe français né en 1958, Jacques Grison a débuté dans le monde de la photo par la photographie diagnostique pour la recherche médicale. Quelques années plus tard, il ouvre à l’agence Rapho un département dédié au reportage social, où il documente les banlieues, le monde du travail, le handicap, mais aussi les derniers mineurs.

C’est de cette façon que le photographe est allé dans l’est de la France pour créer sa série Nous n’irons plus à la mine… Jacques Grison est resté trois ans avec les mineurs du puits Vouters à Merlebach et avec ceux de la Houvre à Creutzwald, tout deux situés en Moselle (57).

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Jamais, un étranger à la mine n’avait eu le privilège de partager la vie quotidienne de ces Seigneurs.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Dès les années quatre-vingt en France, le charbon ne se trouve plus que dans des zones profondes et couteuses à exploiter. Pour éviter les troubles sociaux et un bond du chômage dans certaines régions, le charbonnage ne s’arrête pas tout de suite, mais continue à produire à perte. Malgré tout, les mines ferment une à une. En 2003, c’est le site de Merlebach qui se vide, suivi par celui de Creutzwald en 2004. C’est une grande page de l’histoire qui se ferme.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Chaque matin, l’artiste participait à la cordée à 5h50 avec les mineurs qui quittent la nuit pour y redescendre, à 900 et 1 250 mètres de fond. Chaque jour il partageait le quotidien ardu de ces travailleurs sous terrains qui allaient bientôt perdre leur travail. Ces mineurs, dont on a tant entendu parler dans les livres, le cinéma ou encore les actualités, sont principalement connus à cause des nombreux accidents qui ont ôté la vie à tant de personnes.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

C’est tout un monde qui s’évanouit : un monde fort, héroïque, chargé de drames (…)

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Mais ce n’est pas cette partie-là du travail que le photographe a souhaité montrer. Il voulait avant tout rendre hommage à ces travailleurs courageux et robustes pour qui la mine est parfois toute une vie de labeur.

C’est pour ces hommes désormais en deuil que j’ai voulu vivre la mine, au jour le jour…

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la pénombre qui a posé le plus problème, mais le matériel. En effet, le grisou étant un gaz inflammable ayant déjà coûté la vie à plusieurs mineurs, des mesures de sécurité très strictes doivent maintenant être respectées pour pouvoir pénétrer dans les profondeurs du puits.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Pour pouvoir descendre avec son matériel photo, Jacques Grison a dû faire agréer ses appareils par la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement). Ainsi, il a pu descendre avec son Nikon FM2 et un objectif 28mm f/1.4 de la même marque ainsi que des pellicules Portra Kodak 400 qu’il a poussées à 800 ISO. La vitesse moyenne d’obturation était de 1/15 seconde à 1/30 seconde.

Ainsi, les photographies sont sombres, mais nettes et captent parfaitement l’ambiance pesante et solidaire qui règne dans la mine. Le but n’était pas de photographier l’architecture du puits, mais ces hommes qui y vivent leurs derniers instants.

Nous n'irons plus à la mine © Jacques Grison
Nous n’irons plus à la mine © Jacques Grison

Pour visualiser davantage de photographies de Jacques Grison, rendez-vous sur son site.