Photographier au format RAW offre de nombreux avantages aux photographes, notamment en terme de qualité d’image ; l’image brute est enregistrée, sans compression. Malgré tout, nos appareils photo permettent également d’enregistrer les images au format RAW et JPEG de manière simultanée. Est-ce une bonne ou mauvaise idée ? C’est ce que nous allons voir dans ce Mercredi Pratique.
Les arguments pour photographier en RAW + JPEG
Si photographier en RAW + JPEG prend nécessairement plus de place sur votre carte mémoire et l’ordinateur, cela offre cependant plusieurs possibilités intéressantes.
Un partage rapide et simple de la photo
Contrairement au format RAW qui nécessite un traitement avant d’être transformé en fichier final prêt à être utilisé, le JPEG est disponible immédiatement et peut être consulté par n’importe qui, sans logiciel spécifique. C’est pour cette raison que certains photographes photographient en JPEG, par exemple dans la photo de presse sportive, où les photos doivent être transmises rapidement. Le fichier RAW peut cependant être conservé pour un traitement ultérieur.
De plus en plus d’appareils photo disposent du Wifi et permettent de partager les photos prises sur le terrain directement vers un smartphone et une tablette en connexion sans fil. Mais cela se fait à une seule condition : le fichier doit être un JPEG. Si vous ne photographiez qu’en RAW, il n’est pour l’instant pas possible de le transférer de cette manière (sauf exception). Le RAW + JPEG permet ainsi de partager instantanément sa photo vers un smartphone, puis par mail où sur les réseaux sociaux, tout en conservant le RAW.
MP #214 : envoyer les photos de votre boîtier vers votre smartphone
RAW + JPEG : la solution pour débuter doucement en photo
Apprendre la photo, c’est déjà comprendre son appareil photo et les différents réglages disponibles. Pour certains, la retouche de l’image se fait dans un second temps, une fois que les bases de la photo sont assimilées.
Dans ce cas, il est conseillé de photographier en RAW + JPEG. Vous voyez directement le résultat sur vos JPEG, et vous gardez une marge de manoeuvre pour retravailler vos photos par la suite, lorsque vous aurez appris à utiliser un logiciel de traitement d’image, comme Lightroom.
En plus, le temps joue ici en votre faveur : au fil des années, les processus de développement RAW s’améliorent. Une photo prise en RAW en 2008 peut ainsi être beaucoup mieux retouchée aujourd’hui grâce à l’amélioration des algorithmes.
Vous aimez le rendu des émulations de votre boîtier
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Velvia, Monochrome, Pro Neg… Les constructeurs proposent de plus en plus de filtres de qualité intégrés à leurs boîtiers. Pour en profiter, il faut obligatoirement passer par le format JPEG, puisque le RAW est un fichier négatif qu’il n’est pas possible d’altérer. Pour profiter du meilleur des deux mondes (le JPEG avec le filtre que vous adorez et le RAW avec toutes les informations dans le cas où vous changerez d’avis), le mode RAW + JPEG est utile.
RAW + JPEG : une solution de sauvegarde sur les appareils à double slot
Sur certains boîtiers hybrides et reflex, un double emplacement pour cartes mémoires permet de choisir des options d’enregistrement telles que la copie sur les deux cartes, le débordement, ou bien encore l’enregistrement des RAW sur une carte et des JPEG sur une autre. Cette dernière solution a l’avantage d’enregistrer une copie de sécurité au format JPEG de vos photos, au cas où l’une des cartes mémoires viendrait à défaillir. Il est bien entendu possible d’activer cette option pour dupliquer le même fichier RAW.
La gestion du RAW + JPEG dans Lightroom
Avant d’aborder les arguments pour photographier uniquement en RAW ou uniquement en JPEG, nous allons parler de Lightroom et de sa façon d’interpréter les photos en RAW + JPEG.
Si l’option « traiter séparément les fichiers combinés RAW + JPEG » est décochée dans les préférences, ce dernier ne vous affichera qu’une seule photo dans le catalogue, en l’occurrence le fichier RAW, car le RAW a la priorité dans Lightroom, logiciel de dérawtisation. Malgré tout, les deux fichiers, le JPEG et la RAW seront importés dans le catalogue et lorsque vous déplacez le RAW d’un dossier à un autre dans Lightroom, vous déplacez en réalité les deux fichiers en même temps.
En cochant l’option « traiter séparément les fichiers combinés RAW + JPEG » dans les préférences de Lightroom, vos photos seront visibles en double dans votre catalogue : le JPEG et le RAW, de manière séparée. Si vous décidez de vous débarrasser de tous les JPEG, vous devrez d’abord les sélectionner à l’aide du filtre de bibliothèque « Métadonnées » puis choisir « Jpeg » dans « Type de fichier » et les supprimer.
Cependant, si vous avez importé vos photos dans votre catalogue Lightroom en ne traitant pas séparément les fichiers combinés RAW + JPEG, ces derniers sont liés dans Lightroom et il est impossible de supprimer le JPEG sans supprimer le RAW (ou vice-versa).
Comment dissocier le RAW du JPEG dans Lightroom ? Voici la méthode à utiliser :
- dans les préférences de Lightroom > Options d’importation, cocher l’option « traiter séparément les fichiers combinés RAW + JPEG »
- choisir le dossier dans le catalogue LR qui contient les photos en RAW + JPEG et clic droit « Synchroniser le dossier ». Cette option permet d’analyser à nouveau le dossier et de traiter les JPEG comme des fichiers distincts et non plus comme partie des fichiers combinés RAW + JPEG.
- à la fin de la synchronisation, les JPEG seront visibles et séparés des RAW, ce qui permettra de les classer dans un dossier à part ou de les supprimer
Attention si vous avez des JPEG simples dans ce dossier à ne pas les supprimer par la même occasion.
Pour photographier uniquement en RAW
Après avoir vu les arguments pour photographier en RAW + JPEG, voici une liste des raisons pour lesquelles vous devriez peut-être uniquement photographier au format RAW.
Le RAW prend moins de place que le RAW + JPEG. C’est d’autant plus vrai que le capteur du boitier est défini et produit des JPEG lourds. Photographier dans les deux formats nécessite ainsi plus d’espace de stockage, plus de documents à sauvegarder et plus de fichiers à gérer. Si vous n’êtes pas rigoureux, vous allez vite le regretter.
Il est possible de reproduire le rendu de nombreux filtres de boîtiers directement à l’aide d’un logiciel. Par exemple, les logiciels des constructeurs le permettent et les profils d’appareils dans le module développement de Lightroom offrent également un rendu identique. Plus de raison donc de photographier en JPEG pour conserver ce rendu noir et blanc tant apprécié, sauf si c’est un rendu unique créé à l’aide de l’appareil photo.
Entre le RAW et le JPEG, il y a une différence de rendu. Le JPEG est traité et optimisé par le boîtier alors que le RAW ne l’est pas. À chaque traitement de RAW, vous aurez tendance à regarder si vous faites « mieux » que le JPEG plutôt que de vous concentrer sur votre interprétation de la photo. Laissez le JPEG de côté et développez de manière libre votre RAW.
Même avec le RAW seul, il est possible de générer rapidement des fichiers JPEG au cas où vous devez partager vos photos.
Pour photographier uniquement en JPEG
Nous voyons de plus en plus de photographes n’utiliser que le format JPEG, même chez certains professionnels. Cette volonté de simplicité n’est pas étrangère au fait que les fichiers JPEG produits par certains boîtiers n’ont parfois rien à envier aux RAW traités, surtout si vous avez l’habitude de réussir votre exposition dès la prise de vue. C’est notamment le cas de nombreux photographes Fujistes. Et les RAW étant de plus en plus lourds (plusieurs dizaines de Mo au moins), le JPEG est une solution plus légère.
Pourquoi alors s’encombrer des fichiers RAW si les JPEG vous plaisent ? Vous gagnerez en place, en temps de traitement et passerez moins de temps derrière votre ordinateur, plus de temps derrière l’appareil photo.
Dans certains cas, il est aussi important de faire la distinction entre le RAW et le JPEG, selon le sujet photographié. Combien de fois avez-vous pris des photos au format RAW simplement pour documenter un reportage (un panneau) ou vous souvenir de quelque chose ? Dans ce cas, rien ne sert de « gâcher de l’espace » avec le format RAW mais un JPEG suffit. Cela nécessite cependant de changer à la volée la qualité d’image, au risque de ne pas la remettre en état pour les photos suivantes. Si votre boîtier permet de faire cela sans entrer dans les menus, mais plutôt par une molette, c’est plus simple.
Oui mais voilà, malgré ces arguments pour ne photographier qu’en JPEG, nous ne pouvons conclure sans tout de même vous conseiller de photographier en RAW, car c’est le seul format qui est le véritable fichier négatif du numérique et permet de développer et améliorer vos images par la suite.
En conclusion de cet article, le RAW + JPEG offre une solution de facilité, une approche simple de la photographie et un confort utile dans certains cas, mais son avantage est souvent exagéré. Si vous avez déjà choisi ce mode, vous avez sûrement de nombreux fichiers RAW + JPEG qui dorment sur votre disque et dont le JPEG n’a plus aucune utilité une fois le moment du partage instantané passé.
Et vous, utilisez-vous le RAW + JPEG sur votre boîtier ? Si oui, pourquoi ?