Le photographe japonais Shinichi Maruyama, vivant à New-York depuis 2003, est surtout connu pour sa passion de la photographie ultrarapide, immortalisant des mouvements extrêmement rapides afin de montrer toute leur beauté. Par exemple, avec l’une de ses premières séries qu’il a appelée judicieusement « Water Sculpture », il a capturé les moments gracieux et suspendus de l’eau en pleine chute.
Sa nouvelle série, « Nude », reprend le même concept d’ultrarapidité afin de figer un mouvement en pleine action tout en montrant son dynamisme, mais cette fois-ci avec des danseurs. Une nouvelle difficulté ajoutée, puisqu’il s’attaque ici à un classique de la photographie si souvent réinterprété : le nu.
Assisté de la chorégraphe Jessica Lang, Shinichi Maruyama décide de capturer différents pas de danse effectués par plusieurs modèles, cherchant à révéler « la beauté de la sculpture du corps humain et son mouvement ». Pour cette série, il s’est inspiré d’une peinture de Marcel Duchamp, intitulé « Nu descendant un escalier », qui est en fait une composition de multiples cadres représentant une silhouette en mouvement, descendant des marches.
Il en résulte des images abstraites qui respirent la souplesse, l’élégance, le moment figé, et le mouvement en action… tout ça à la fois ! Que l’on apprécie ou pas ces formes et ces arabesques aux couleurs rose pâle où l’on perçoit à peine les corps nus des danseurs, on ne peut pas nier la démarche inventive et la beauté de l’énergie retransmise. Ici ce ne sont pas les éléments (comme l’eau) chers à Maruyma qui sont mis à l’honneur, mais la matière représentée ici par la peau.
La question que l’on se pose tous maintenant, c’est : comment ? Et bien que les photographies peuvent sembler être des poses longues, c’est tout le contraire ! Ce sont en fait des milliers d’images qui figent chacune une minime fraction du mouvement et qui sont ensuite fusionnées ensemble pour ne former qu’une seule et unique photo.
Il explique : « La silhouette dans l’image, qui finit par ressembler à quelque chose d’approchant à une sculpture, a été créée grâce à la fusion de 10 000 photographies individuelles d’un danseur. En assemblant tous ces moments uniques qui défilent constamment, il en résulte une image qui se révèle différente du mouvement en réalité ».
Pour cela, Shinichi Maruyma a utilisé un appareil filmant jusqu’à 2 000 images par seconde, possible selon lui grâce au « progrès de la technologie qui lui a permis de créer de nouvelles images qui auraient été impossible à produire par le passé ». Il donne l’exemple du photographe et scientifique Etienne-Jules Mary « qui a influencé et inspiré de nombreux artistes depuis plus de 100 ans, en utilisant un appareil capturant 12 images par seconde ».
Cette cadence d’images est aujourd’hui atteignable avec des caméras à haute vitesse telles que le Phantom V2511. Voici une petite démonstration des Slow Mo Guys qui ont filmé jusqu’à 10 000 images par seconde (fps = frame per second).
Pour vous donner une idée de la rapidité, la cadence de projection au cinéma est souvent de 24 images par seconde. Dans le monde du cinéma, les caméras à haute vitesse sont bien souvent utilisées pour créer des « slow-motion » d’objets se déplaçant de façon très rapide. La vidéo réalisée par Shinichi Maruyama de sa série d’eau en cascade en est un exemple.
Shinichi Maruyama a aussi expérimenté les possibilités infinies de la photographie par lumière stroboscopique, notamment avec sa série « Kusho ». En photographiant l’infime moment où deux liquides, ici de l’encre et de l’eau, jetés dans les airs se rencontrent, il fige une scène d’une intense délicatesse.
Pour cela il utilise une lampe stroboscopique qui éclaire une scène par intermittence, s’éteignant et se rallumant si rapidement que l’effet est invisible à l’oeil nu. Aujourd’hui certains stroboscopes sont capables de générer jusqu’à 500 flashs par seconde. Afin de créer ces effets stroboscopiques en photographie, on laisse l’obturateur de l’appareil ouvert, en mode « Bulb », tout en éclairant la scène par intermittence avec le stroboscope.
Il est certain que le travail de Shinichi Maruyama, qui joue sur les matières, les lumières, les couleurs et surtout la combinaison mouvement/immobilité (ou « slow-motion » pour ses vidéos) continuera d’inspirer.
Si vous voulez en découvrir plus sur lui, n’hésitez pas à parcourir son site.