DLSP #3 : Dans le sac photo de Simon Guillemin

DLSP est une rubrique qui vous permet de découvrir les « setups » photo de photographes, professionnels ou amateurs, connus ou anonymes, afin de dévoiler ce qu’il se cache dans leurs sacs photo. Proposer mon « setup » photo.

Dans ce troisième DLSP, Simon Guillemin partage avec nous son kit « tactique » qu’il utilise volontiers pour couvrir les manifestations.


Je suis photographe et réalisateur. Un penchant pour l’actualité chaude et la photographie documentaire. Je suis rentré en agence fin 2015 après avoir couvert en freelance des évènements comme le séisme au Népal ou les attentats de janvier et de novembre à Paris. L’agence s’appelle Hans Lucas.

Je vis à Paris et suis tombé dans la photo après un tour du monde en solo en backpack en 2011-2012. L’humain tient une place centrale dans ma photographie.

Voici le matériel que j’utilise pour photographier des manifestations :

  • sac Billingham Hadley Large (8 litres / 1 kilo) : pas vraiment imperméable, mais une pluie fine ruisselle. Des trombes d’eau auront raison de son étanchéité… :/ C’est pourquoi j’emporte toujours deux sacs plastiques et un poncho.
  • 1/2 masque à gaz : ici on retrouve l’équipement que j’emportais lors des manifestations Loi travail ; à l’exception que j’utilisais les 1/2 masques à gaz (à double cartouche, mais sans visière) d’où la présence des lunettes (masque) de plongée sur le casque. Ce masque à gaz intégral (que j’ai acheté en prévention de gros débordements ou pour l’étranger n’est en fait pas autorisé en France hors du cadre du travail (chimie, etc.).
  • spray anti-lacrymo : en plus du masque et lunettes, j’emportais un spray anti-lacrymo et des gouttes hydratantes pour les yeux. À ceci s’ajoute un cache-cou, que la plupart d’entre nous utilisent en général comme protection de base. Ça limite l’absorption des gaz encore présents dans l’air après utilisation ou quand vous portez une barbe, cela permet de mieux jointer le 1/2 masque à votre visage.
  • mousqueton, casque de ski : le mousqueton sert à accrocher le casque à la lanière de mon sac ou à la ceinture. Comme cela, en un rien de temps je peux enfiler le casque s’il y a un mouvement brusque ou des projectiles. En général le casque on le laisse en bandoulière au début de la manif, puis dès que la tension monte, on n’attend généralement pas les premiers projectiles et on l’enfile. On se fait parfois chambrer par certains manifestants (souvent c’est leur première manif), mais la sécurité prime, surtout quand on va au-devant de la scène, on est un peu comme le filet de tennis de part et d’autre du terrain d’affrontement.
  • perche : la perche peut être utile pour des photos élargies du cortège ou pour des scènes difficiles d’accès (attroupement par exemple).

Niveau matériel de prise de vue, j’utilise 2 boitiers : un Sony A7RII et A7SII :

  • Sony A7RII : c’est mon boitier de prédilection de jour pour sa haute résolution.
  • Sony A7SII : en priorité la nuit pour sa montée ISO (ce qui me permet de fermer à f/4 voir f/8 de nuit pour avoir cette profondeur de champ permettant de se focaliser sur le cadre plus que sur le point de netteté). On travaille souvent à l’hyperfocale en manif pour offrir un champ de lecture plus large. Souvent les photos impactantes sont celles qui offrent au moins 3 plans de lecture.

Dans l’ensemble les deux boîtiers se complètent sur le terrain puisque je travaille à 95% du temps en focale fixe, ce qui fait que j’aime travailler proche de mon sujet :

  • GoPro HERO 5 Black : la Gopro depuis ne me quitte plus. J’avais la Hero 3 sur l’épisode Loi Travail (cf Matraque Facile), mais elle plantait sans cesse. Donc j’ai upgrader pour la Hero 5 tout récemment.
  • batteries Sony NP FW50 + Générique : j’emporte en général presque toutes mes batteries. L’appareil restant allumé toute la durée de la manif, ça peut descendre assez rapidement (les batteries des Sony étant petites et le viseur numérique se faisant, il est nécessaire d’en posséder plusieurs). D’ordinaire j’en vide 4. Mais en avoir plus permet de prévenir, comme l’épisode des occupations où l’on peut très bien passer la nuit sur le lieu avec les manifestants.
  • batterie externe Coolreall 15600mAh : permet de recharger la GoPro si besoin, ou les boitiers.
  • peau de chamois et une paire de sous gants tactiles pour la nuit
  • carte de journaliste (et non de presse) et la surcoque transparente de portable : je glisse la carte dans cette coque ce qui permet de passer les contrôles plus facilement, voir d’emporter un masque à gaz intégral (des collègues ont réussi à l’emporter, pour ma part j’ai tenté une fois, ils ont failli le confisquer, donc à 200€ le masque + cartouche, j’ai préféré l’option 1/2 masque (aussi plus pratique, mais moins confortable, moins protecteur des projectiles et moins performant).

J’oubliais la skin en caoutchouc qui recouvre mes deux boitiers, afin d’essuyer les coups de matraque… ou de projectiles.

Débutée le 31 Mars 2016, de nombreuses personnes étaient encore présentes dans la nuit du dimanche 10 avril, pour la Nuit Debout datée symboliquement au 41 Mars avant l'évacuation au petit matin par les forces de l'ordre. Paris, France - 10 avril 2016. - © Simon Guillemin - Hans Lucas
Nuit Debout. Paris, France, 10 avril 2016. © Simon Guillemin – Hans Lucas
En début de soirée, une représentation a dû être annulée à la Comédie Française, suite à l’irruption de plusieurs dizaines de manifestants, notamment des intermittents du spectacle et des travailleurs précaires. Ils veulaient faire pression sur les négociations concernant leur régime d'indemnisations chômage. Plus tard, un groupe d'intermittents parvient à grimper sur le toit de la Comédie française et tente d'accrocher à la façade une banderole, finalement accrochée plus bas sur un balcon. Comédie française. Paris, France. 26 avril 2016. © Simon Guillemin - Hans Lucas
Comédie française. Paris, France. 26 avril 2016. © Simon Guillemin – Hans Lucas
La police a gazé des manifestants devant le théâtre de l'Odéon lors de la manifestation contre la Loi Travail d'El Khomri, ministre du travail. Odéon, Paris, France - 25 avril 2016. - © Simon Guillemin - Hans Lucas
Odéon, Paris, France – 25 avril 2016. © Simon Guillemin – Hans Lucas

Vous pouvez retrouver Simon Guillemin sur son site internet et sur Instagram.