Sébastien Vincent, la vie d’un photographe de stars au Festival de Cannes

Lors du dernier Creative Drink Up d’Adobe, nous avons rencontré Sébastien Vincent, photographe professionnel français qui collabore régulièrement avec des magazines et photographie donc souvent des stars. Il a photographié le Festival de Cannes en 2013 pour le magazine Premiere et couvre depuis cet événement annuel.

Sebastien Vincent

Voici un compte rendu de ce que Sébastien Vincent a partagé durant cette soirée sur le thème Glamour, célébrités et … pression.

Être photographe au Festival de Cannes, c’est réussir à « saisir en très peu de temps la personnalité, l’émotion, ce qui fait la rencontre » nous indique-t-il. C’est vrai pour tous les portraits de célébrités, et Cannes c’est un peu l’épicentre.

Benicio Del Toro / Ariane Labed - © Sébastien Vincent
Benicio Del Toro / Ariane Labed – © Sébastien Vincent

Le Festival de Cannes, un marathon

« Le Festival de Cannes, c’est une sorte de marathon où il faut courir de lieu en lieu ». Une année, le photographe a passé 10 jours sur place et a réalisé environ 70 portraits. Certains jours, il est possible de se reposer, lorsque le téléphone ne sonne pas. Mais bien souvent, tout le monde semble être disponible pour une photo au même moment, et certains jours c’est 7, 8 voire 9 portraits qu’il faut prendre dans un laps de temps assez court.

Adele Exarchopoulos
Adele Exarchopoulos – © Sébastien Vincent

« Je marche 10 à 15km par jour, avec le matériel ». Ajoutez à cela la gestion des rendez-vous et vous avez une journée type. Sébastien Vincent l’avoue : « il faut se battre », il y a beaucoup de photographes sur place et il faut réussir à avoir le bon rendez-vous. Pour être prêt, Sébastien fait un gros travail de préparation avant sa séance et a opté pour un matériel minimaliste qui tient dans un petit chariot à roulettes.

Où photographier les stars ?

Durant le festival, les productions louent des hôtels à cette occasion. Le lieu est donc généralement imposé, et l’objectif est, face à tous les autres photographes, de ne pas faire comme les autres. Pour cela, le photographe de stars doit ruser. En 2015, Sébastien Vincent a apporté un seul éclairage et s’y est tenu : un flash annulaire (ring flash) qui se positionne autour de l’objectif. Cette contrainte de lumière lui a donné une certaine liberté, car il savait que la lumière serait toujours la même. En arrière-plan, un fond blanc pour faire une mise en abîme, « un fond dans la photo » et le tour est joué.

Valérie Donzelli - © Sébastien Vincent
Valérie Donzelli – © Sébastien Vincent

Avant les repas, les plages des restaurants sont proposées aux photographes pour les shooting. Cela permet d’obtenir des lieux différents et de se renouveler.

Une fois que la star arrive, il faut savoir l’accueillir et laisser tomber tout ce qui est technique. D’où l’intérêt d’être préparé pour écarter « le parasite de la technologie » comme Vincent aime à le dire.

John C Reilly - © Sébastien Vincent
John C Reilly – © Sébastien Vincent

Réussir ses photos

Pour réussir ses photos, Sébastien Vincent trouve généralement un endroit au calme, à l’écart du passage et de la vue de tout le monde. Oui, on l’ignore, mais les artistes sont souvent un peu timides. Connaître le film pour lequel la personnalité est là est aussi clé. « Savoir se préparer par rapport aux films et aux acteurs pour ne pas faire de faux pas est essentiel », nous confie le photographe. Un petit mot sincère sur un des films est utile, pour mettre en confiance. Même si c’est pour dire que vous n’avez vu aucun de ses films. Attention, il ne faut cependant pas entrer dans une discussion, car on « perd l’instant pour la photo ».

Matthias Schoenaert / Tim Roth - © Sébastien Vincent
Matthias Schoenaert / Tim Roth – © Sébastien Vincent

Le succès de ses séances : « créer un lien, un regard » à maintenir jusqu’à la fin, une sorte de lien invisible à garder. Et face à la chaîne de commande des attachés de presse ou publicistes, il est important de garder ce contact.

Parfois, il est cependant possible et nécessaire d’improviser, comme avec cette photo de Katerine. Avant de faire la photo, un chariot avec des cintres passe dans le couloir. Le photographe l’arrête et demande à Katerine de poser ainsi, ce qui permet d’obtenir une image un peu différente du lot.

Philippe Katerine - © Sébastien Vincent
Philippe Katerine – © Sébastien Vincent

D’autres fois, c’est plus compliqué. Sébastien Vincent nous confie qu’avec Nanni Moretti c’était « plan D », capter l’attention et obtenir un visage agréable était très dur. Mais bon, « faut faire des photos », donc on cherche l’étincelle.

Nanni Moretti - © Sébastien Vincent
Nanni Moretti – © Sébastien Vincent

Arrive-t-il de ressortir d’une séance sans photo ? « J’ai parfois été hyper déçu de quelque chose que j’avais raté, mais j’ai toujours pu ressortir avec quelque chose », indique le photographe.

Mustang - @ Sébastien Vincent
Mustang – @ Sébastien Vincent

Sébastien Vincent travaille sans assistant. Un choix ? Oui, pour avoir plus de souplesse, mais c’est aussi le résultat de budgets plus serrés.

La sélection des photos

« Je fais la séance et le lendemain, je laisse reposer » : voici la règle que s’applique Sébastien Vincent. Sauf que parfois, il faut choisir la photo le soir pour les photos de la journée, et là c’est les derniers 500 mètres du marathon. À ce moment-là, on pense que le travail est terminé, mais la sélection se fait avec le DA et il y a une véritable « bataille pour ses photos ». Comme partout, il faut ainsi choisir ses combats : « je choisis mes combats sur la moitié des photos ».

Matteo Garrone / Michael Caine - © Sébastien Vincent
Matteo Garrone / Michael Caine – © Sébastien Vincent

La retouche

Après le festival, sur 2 jours et demi, le photographe fait toutes ses retouches. Le but : avoir un rendu cohérent dans la sélection finale. Sébastien Vincent travaille en RAW et applique quelques modifications simples. Son logiciel de retouche : Camera Raw et Photoshop. Lightroom ? Non, il ne l’utilise pas, car pas assez précis selon lui, « on ne travaille pas au pixel près ». C’est sans doute le retoucheur qui parle ici.

Pour résumer tout cela, voici une synthèse visuelle réalisée par Aline Rollin :

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Vous pouvez suivre Sébastien Vincent sur Instagram, BehanceTwitter et découvrir son travail sur son site.