Interview de Denis Palanque, passionné de nature et photographe-accompagnateur chez Aguila

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’interviewer Denis Palanque, photographe passionné de nature et également photographe-accompagnateur sur de nombreux voyages photo en Islande, Ecosse, Afrique du Sud ou bien encore Québec.

Merci à Aguila de nous avoir permis d’interviewer Denis afin d’en savoir un peu plus sur le fonctionnement des voyages photo Aguila.


Sommaire

Bonjour Denis. Avant tout, peux-tu te présenter ?

Je suis photographe spécialisé dans tout ce qui touche à la nature et à l’environnement. Je travaille beaucoup dans la conservation. Avant d’être photographe, j’étais biologiste. Suite à mes études de biologie, j’ai bossé un petit peu dans le monde de la bio. Je faisais de la photo, à titre de loisir ou d’outil surtout (pour mon boulot) et puis finalement j’ai basculé complètement sur la photo. J’ai fait une formation professionnelle dans une école privée et ensuite j’ai fait des stages pour me spécialiser en photo scientifique et nature.

Parlons un peu de ton parcours : avant d’être photographe, tu as fait des études de biologie. Comment est-ce que cela a influencé ta façon de prendre des photos ?

Le fait d’avoir cette double compétence est pour moi essentiel. Quand je travaille avec des scientifiques sur des reportages, ils me racontent leurs histoires et je comprends tout de suite aussi bien en terme technique qu’en terme théorique. J’ai ainsi l’énorme avantage de savoir ce qui sera intéressant en terme photographique parce que je sais exactement ce que cela représente sur le terrain.

Québec - © Denis Palanque
Québec – © Denis Palanque

Tu es représentant français du projet photo sur la biodiversité de proximité « Meet Your Neighbors », peux-tu nous en dire un peu plus ?

Meet Your Neighbors est un projet un peu fou de deux photographes : l’américain Clay Bolt et l’écossais Niall Benvie. Ils se sont rendu compte très rapidement que la plupart des gens dans notre entourage (non sensibilisés à la nature) connaissaient parfaitement la faune exotique (les grenouilles colorées qu’on peut voir en Amazonie, les tigres et lynx, etc.) par contre ils ne connaissaient pas du tout les petites bêtes qui vivaient sur le pas de leur porte.

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Donc ils sont partis là dessus et ont dit qu’il fallait que les gens soient un petit peu plus sensibilisés à la faune qui vit près de chez eux, à leur propre patrimoine naturel. Ils ont donc lancé ce projet. Par contre ils ne voulaient pas partir sur un projet classique de naturaliste où tu vois une grenouille sur un nénuphar et les gens passent dessus et ils ne s’arrêtent pas. Donc ils se sont inspirés de tout le travail d’Avedon jusqu’à David Liittshwager & Susan Middleton sur les fonds blancs.

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© Denis Palanque
© Denis Palanque
© Denis Palanque

Le gros avantage de travailler sur fond blanc c’est que les personnes qui vont regarder l’image vont voir uniquement ce que tu as photographié. C’est complètement sorti du contexte et leur but à eux était de photographier comme un individu et non comme une espère : les traiter comme des stars avec des éclairages de studio.

© Denis Palanque
© Denis Palanque

Le challenge c’était de réaliser ça sans déranger la faune et la flore, sans l’abîmer. Sur le terrain ils ont mis au point de petits studios portatifs, des choses comme ça. Et ils sont venus me contacter quand ils ont commencé à lancer le projet parce que j’avais déjà travaillé sur ce genre d’images que j’avais réalisé pour un gros travail sur les amphibiens en Europe pour National Geographic.

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© Denis Palanque

Ils m’ont demandé si je voulais faire partie du projet puisque je maîtrisais déjà la technique (je m’étais bricolé mes petits fonds blancs et tout ça). Et donc j’ai intégré le projet comme ça pour la France. Maintenant il y a près de 80 photographes dans le monde entier et chacun travaille sur sa faune locale. En matière d’écologie et d’empreinte carbone, c’est beaucoup plus intéressant que d’envoyer un photographe à l’autre bout du monde. Donc je travaille principalement en France, mais surtout dans ma région en Nord-Isère sur plusieurs biotopes différents, de la forêt aux zones humides en passant par les villages et les villes. Les gens découvrent des trucs qu’ils ont dans la mare à côté de chez eux alors qu’au départ ils s’en fichaient.

Depuis 2011, tu es également photographe-accompagnateur pour Aguila, spécialiste des voyages photo. En quoi cela consiste-t-il ?

En tant que photographe accompagnateur, j’accompagne en voyage des gens, généralement des amateurs, qui sont intéressés par la photo. On leur propose des cours théoriques et surtout pratiques puisque le but des stages et voyages photo est de prendre des photos sur le terrain.

A quel type de photographes s’adressent ces voyages ? Faut-il un bagage technique minimum afin d’y participer ?

C’est assez étonnant et c’est très varié. La classe d’âge est assez large. C’est vrai que les voyages coûtent quand même assez cher donc ce sont des gens qui ont un minimum de ressources. Il y a plein de gens qui se font aussi offrir des voyages chez Aguila, soit pour des départs à la retraite, soit pour des cadeaux, etc. En termes de classe d’âge c’est très varié. Il y a même une fois où j’ai accompagné Richard en Écosse et on avait une fille qui n’était pas majeure avec nous.

Québec - © Denis Palanque
Québec – © Denis Palanque

En terme technique, ça va de l’amateur qui n’a jamais touché son appareil à ceux qui maîtrisent déjà bien la technique.
Petite anecdote. Une fois, une dame qui avait un compact voulait venir avec moi en Écosse. Elle avait déjà un très bel œil et faisait des photos magnifiques, mais elle a choisi Aguila parce qu’elle voulait passer un cran et n’arrivait pas à faire ce qu’elle voulait avec son compact. Donc Aguila lui a dit qu’il n’y avait pas de soucis, qu’elle pouvait s’acheter un reflex et venir en stage avec un de nos photographes pour apprendre à faire de la photo et à se servir de son reflex au niveau technique puisque tout ce qui était esthétique elle l’avait déjà. Elle est donc arrivée avec moi en Écosse et son appareil était tout neuf, encore dans la boîte, sous plastique, etc. En fin de séjour, elle est repartie et elle maîtrisait complètement son appareil, la mesure spot, tout ça… Elle en voulait et était vraiment avide de connaissances.

Ecosse - © Denis Palanque
Écosse – © Denis Palanque

J’ai des gens qui ne connaissent donc rien à la technique, qui étaient en tout automatique et il y a aussi des gens qui eux sont hyper pro quasiment, qui maîtrisent déjà très bien la technique et leur boîtier, même s’ils ont toujours besoin d’aide au niveau cadrage et sur le plan artistique. Ils ont parfois même plus de matériel que moi. [rires]

L’avantage de ces voyages c’est que les gens s’entraident, se donnent des astuces. Ceux qui ne maîtrisent pas bien progressent vraiment beaucoup plus vite. C’est un gros avantage.

Islande, Écosse, Afrique du Sud et Québec font partie de tes destinations. Quelle est ta relation / ton lien avec ces pays ?

L’Islande est un pays que j’ai toujours aimé. C’est d’ailleurs presque celui où je vais le plus. J’aime énormément la photographie de paysage et nature et là-bas on est complètement sur une autre planète. Une fois qu’on y est allé une fois en général on a envie d’y retourner. C’est vraiment un monde à part. Pour moi, en tant que photographe, il y a toujours quelque chose à faire là-bas et c’est génial. On retrouve beaucoup cette relation aussi en Écosse avec une météo très changeante, des jeux de lumière assez extraordinaires et des paysages très sauvages puisqu’avec Aguila on va sur la côte ouest de l’Écosse.

Islande - © Denis Palanque
Islande – © Denis Palanque

L’Afrique du Sud : j’y suis allé pendant deux ans puisqu’avec une collègue on faisait un reportage que l’on vient de finir, le Karoo Predator Project. Il s’agit d’un reportage sur le travail de scientifiques qui étudient les conflits homme – prédateur dans la région. Quand Aguila a lancé le voyage en Afrique du Sud ils sont venus me demander. Il y avait une autre photographe qui le faisait avant, mais qui a dû arrêter et c’est comme ça que je l’ai remplacé.

© Denis Palanque
Afrique du Sud – © Denis Palanque

Puis enfin le Québec. J’aime les grands espaces nord-américains. C’est vraiment quelque chose qui me plait beaucoup. Et puis j’ai de la famille là-bas et j’ai failli aller y vivre juste après mes études. C’est un pays que j’aime.

Québec - © Denis Palanque
Québec – © Denis Palanque

L’Islande a véritablement le vent en poupe auprès des photographes et amoureux des grands espaces. Qu’est-ce qui selon toi attire les visiteurs du monde entier vers cette « Terre de Glace » ?

Il y a un effet de mode. Depuis trois ans, les gens aiment tout ce qui est grand Nord, le froid. Il y a beaucoup de voyages Spitzberg, Laponie ou même Arctique qui marchent très très bien. Et l’Islande a cet avantage d’être très dépaysante, d’avoir un peuple très accueillant et malgré tout de rester peu chère par rapport à un voyage en Antarctique. Les gens sont principalement attirés par ça parce qu’ils veulent du froid, du Grand Nord, quelque chose qui les dépayse complètement et l’Islande est très bien placée pour ça. L’hiver, on voit des aurores boréales et c’est à trois heures d’avion.

Islande - © Denis Palanque
Islande – © Denis Palanque

En Islande, chaque année se déroule à l’automne le grand rassemblement de moutons. As-tu déjà assisté à ce type d’événement. J’imagine que cela doit être un moment unique ?

Oui, je le fais pour Aguila. C’est une autre Islande que les gens ne connaissent pas et en général les gens que j’amène adorent. C’est une période qui est très très peu touristique, on est dans le nord du pays, qui est encore moins touristique que la côte sud. Bon, la météo est un peu moins sympa et il pleut, par contre on peut voir des aurores boréales.

C’est vraiment du reportage : on y va sur plusieurs jours : d’abord, on fait le repérage avec eux, on va voir les éleveurs pour savoir par où vont arriver les troupeaux pour qu’on puisse se placer. Je leur explique que si le troupeau arrive par là il faut se mettre ici par rapport à la lumière, car ce sera le matin. Il y a ce côté reportage / préparation que les gens aiment beaucoup.

Islande - © Denis Palanque
Islande – © Denis Palanque

Et puis quand l’action commence, ça déboule avec des centaines de moutons et de chevaux. Ce sont deux sujets complètement différentes à traiter, mais au niveau émotion c’est aussi riche l’un que l’autre. Tu as tous ces animaux qui arrivent, qui sont rassemblés par les Islandais avec leurs chiens et tout ça, c’est la grosse cohue, tu as les enfants qui sautent à dos de mouton pour les attraper. Il y a des images à faire, c’est très vivant et ils s’en fichent complètement que l’on soit là. Et du coup, c’est très sympa : il y a à la fois du portrait et de l’action, c’est vraiment du reportage brut.

Islande - © Denis Palanque
Islande – © Denis Palanque

Tu animes également un stage photo dans le Parc Naturel Régional des Bauges, entre la Savoie et la Haute-Savoie. Comme quoi il n’est pas forcément obligatoire de partir loin pour découvrir de beaux paysages et se faire plaisir en photo…

© Denis Palanque
Bauges – © Denis Palanque

Exactement, on a l’avantage en France d’avoir un pays à la croisée de plusieurs types de climats. En descendant dans le sud on a le climat méditerranéen, au nord c’est océanique, on a les montagnes, on a l’océan Atlantique. Du coup, on a beaucoup d’endroits qui sont très variés en France.

Bauges - © Denis Palanque
Bauges – © Denis Palanque

Moi je suis proche des montagnes, j’aime aller travailler dans ces montagnes, c’est très dépaysant. On a encore de très grands parcs, de très grandes zones qui restent sauvages. Et si on fait 400km, on se retrouve au bord de la mer, dans la Camargue, au milieu des chevaux sauvages. Il y a plein d’endroits qui sont très dépaysants en France et la plupart des gens ne les connaissent pas en cherchant à aller loin.

Parlons pratique : comment se déroule une journée type sur le terrain (s’il y en a une) durant un voyage photo Aguila ?

Il y a un schéma un peu classique que l’on essaie de répéter, mais qui est très dépendant de la météo. On se lève en général très tôt (cela dépend des saisons), on se regroupe et on se fait un petit café, on grignote quelques biscuits et on part sur le terrain pour faire des photos de lever de soleil sur les paysages. C’est toujours un bon moment : attendre dans le froid que la lumière arrive, se préparer, les gens aiment bien.

On rentre en milieu de matinée pour se faire un vrai petit dej. Ensuite, c’est souvent débriefing technique, on regarde les images, on fait des cours photo s’il y a besoin d’en faire pour finir la matinée, quand les lumières commencent à être moins intéressantes. On déjeune. En théorie, après le déjeuner on se fait une bonne grosse pause vu qu’on se lève très tôt et qu’on se couche tard. Les gens font une petite sieste, d’autres trient leurs images, chacun vaque un peu à ses petites occupations sauf cas exceptionnel quand on a des événements particuliers. Dès que les lumières commencent à redevenir intéressantes, on reprend la route et on va sur d’autres spots pour faire de nouvelles images, et ça jusqu’au repas du soir.

En fonction des voyages, soit on arrive tard quand il fait nuit pour le repas : c’est la fin de la journée et on se retrouve autour du repas pour discuter, souvent de photo [rires]. Soit quand c’est en Islande, par exemple en hiver, on commence à mettre en place les tours de garde pour les aurores boréales et là c’est encore de très longues journées, car il y a eu des fois où on faisait encore des photos jusqu’à 3h du matin.

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Islande – © Denis Palanque

Plus qu’un simple photographe animalier, tu es aussi spécialisé dans la conservation de la nature. Comment fais-tu passer le message au grand public et est-ce que tes élèves sont sensibles à ces valeurs que tu essaies de transmettre ?

Pour le grand public, il n’y a pas 30 000 façons : c’est la publication magazine un maximum, même si le magazine est un peu mal en point en ce moment. Après c’est aussi à travers les expositions. Avec le web on a également de nouvelles portes d’accès, notamment avec Facebook. Pour nos projets photo, on a fait des pages Facebook et les gens peuvent suivre le projet presque au jour le jour. Ça a un côté très pratique. Et puis bien sûr les conférences. En 2016 et 2017, on va commencer à lancer un site sur notre reportage pour sensibiliser un maximum de personne à cela.

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Islande – © Denis Palanque

Quand je suis sur le terrain pour Aguila, je ne peux pas m’empêcher d’expliquer tout ce que je peux connaître au niveau naturalisme quand on est dans des endroits naturels et sauvages. Cela intéresse beaucoup les gens et ça me permet de les sensibiliser sur leurs pratiques de tous les jours. Par exemple, en Écosse quand on arrive à voir des cerfs et à s’en approcher, les gens pensent image. Mais ils ne se rendent pas compte que ce n’est pas un zoo, on ne peut pas s’approcher comme ça d’un animal sauvage. Donc avant d’y aller je leur fais un petit débrief, on va passer par là, machin. On est nombreux et il y a toute la préparation naturaliste qu’ils n’ont pas. A moi de leur donner les bonnes manières, ne pas se jeter tête baissée, courir après l’animal qui va s’enfuir. Il y a des distances de sécurité par rapport à son confort qu’on ne va pas dépasser, etc. Toutes ces choses-là sont des conseils de terrain.

Je ne peux pas m’empêcher de te poser la question : pour faire de la photo animalière ou de nature, quel est le matériel photo « minimum » dont un photographe doit disposer ?

Le problème c’est qu’il n’y a pas de matériel minimum. On a toujours besoin de plus, ou de choses différentes [rires]. Disons que si on veut partir en voyage photo, l’idéal c’est d’avoir déjà un bon boîtier, pas trop vieux parce que maintenant avec les capacités qu’ils ont a monté en ISO ça sauve pas mal de séances de prise de vue lorsque les lumières sont faibles. Au niveau des objectifs, l’idéal est d’avoir un bon grand angle, voire un très grand-angle comme un 16-35mm ou un 24-70mm et puis après un télé type 70-200mm ou 70-300mm. L’avantage d’un 70-200mm qui ouvre à f/2.8 ou à f/4 c’est qu’on peut ajouter un multiplicateur derrière pour avoir un télé un peu plus long si jamais on a la chance de voir des animaux. Voilà les bases, pas la peine d’avoir trop de matériel, de se trimballer du 500mm pour ne s’en servir une fois pendant 15 jours.

Et toi, quel matériel photo utilises-tu en voyage ?

Ça dépend un peu des voyages. Moi je suis en Canon. Jusqu’à maintenant, j’avais un boîtier plein format et un boîtier APS-C. C’est deux outils différents et j’aimais bien utiliser l’un ou l’autre en fonction de ce que je faisais. Là j’ai revendu mon APS-C et je vais voir si je m’achète le petit dernier ou si j’opte pour un plein format, mais de plus petite taille pour faire plutôt du reportage.

En termes d’optique, j’emmène le minimum : un très grand angle (16-35mm ou 24-70mm) et un téléobjectif type 70-200mm. J’aime beaucoup partir en voyage avec un 300mm f/4 parce que c’est petit et léger. Il a en plus une mise au point très très proche ce qui est intéressant pour faire aussi bien du portrait, de l’insecte ou de l’animal un peu farouche. Des bagues-allonges aussi, c’est pratique pour faire de la macro. J’ai aussi d’autres optiques que j’utilise en fonction de ce que j’ai besoin de faire. J’ai un 150mm macro, un 85mm f/1.8 pour faire du portrait. Je m’adapte.

Quand on est parti en Afrique du Sud pour faire notre reportage, on a emmené énormément de matériel (trépieds, flash, déclencheurs radio, gros télé, pièges photo, caissons, boîtiers de protection). En fait, on avait 250 kg de matériel !

Ecosse - © Denis Palanque
Écosse – © Denis Palanque

As-tu une anecdote ou moment marquant d’un de tes séjours que tu souhaiterais partager avec nous ?

L’an dernier, en Islande, en période hivernale, on a fait tout le tour de l’Islande pour descendre par la côte Est. Les gens voulaient absolument voir des rennes. Aux endroits habituels où on en voyait, on n’en voyait pas. Avec Andrès, mon chauffeur, qui est un guide islandais, on a essayé de planifier tout ça pour essayer de voir où est ce qu’on allait en trouver.

Un soir, en rigolant avec les clients on leur a dit : « Andrès ce soir va faire une petite offrande aux dieux vikings et demain on devrait pouvoir trouver des rennes ». Et en fait, sur la fin de la côte Est, en repartant sur la côte Sud, on cherchait sur une falaise si on voyait des rennes. Deux corbeaux se sont mis à tourner. Avec Andrès, on regarde toujours les oiseaux parce qu’on cherchait à voir du faucon. Finalement ces grands corbeaux ont attiré notre œil sur un renne qui était là, tout seul et perdu sur le côté de la route. On s’est arrêté, grâce aux corbeaux. Les gens ont commencé à descendre du camion, on a regardé le renne et après, en tournant la tête on s’est rendu compte que tout le flanc de montagne à l’opposé était couvert de rennes. Il y avait un troupeau d’au moins 200 bêtes, c’était gigantesque ! Du coup on a passé presque une heure à faire des photos ici. Et ce qui est rigolo c’est que dans la mythologie viking, Odin a deux grands corbeaux qui sont ses messagers sur Terre pour surveiller ce que font les humains. On a trouvé que le petit clin d’oeil était marrant. Et à cet endroit là on a aussi trouvé un renne qui était complètement coincé dans les barbelés parce qu’il y a des endroits où c’est clôturé. C’est un renne qui a dû avoir peur d’un camion qui passait, il a voulu sauter et a dû se coincer les pattes dans le barbelé. Avec Andrès, on est allé le débloquer, on a passé 10 minutes parce qu’on n’avait pas d’outils sur nous à essayer de décoincer les barbelés qui lui faisaient un étranglement au niveau des pattes. Et puis finalement, il est reparti, les gens étaient tout contents ils ont fait des photos d’un sauvetage de renne !

Crois-tu que ces voyages ont fait de toi un meilleur photographe ?

Oui, c’est évident. Tout voyage te permet de partir à la découverte de nouveaux endroits et de nouvelles personnes et ça je trouve que c’est essentiel : découvrir ce qu’il se passe ailleurs dans le monde. Cela ouvre les yeux sur plein de choses et permet de relativiser sur ce qu’il se passe chez nous, en bien comme en mal. D’ailleurs, on se plaint souvent, mais quand on voit ce qu’il se passe un peu ailleurs, dans un coin d’Afrique ou en Guyane, finalement on n’a pas trop à se plaindre.

Islande - © Denis Palanque
Islande – © Denis Palanque

On rencontre également des gens et ça, c’est une richesse incroyable. Ils t’ouvrent souvent leur porte, tu vis chez eux, tu vis avec eux. Ils sont à la fois heureux et fiers de te faire découvrir leur mode de vie et ça n’a pas de prix. C’est génial et puis en termes de photo, ça se ressent : tu es plus attentif à ce qui t’entoure et ils te font découvrir leur environnement d’une autre manière.

Pour finir, quels sont les voyages photo que tu encadreras en 2016 ?

Tous ! Là je vais commencer par l’Islande en hiver à la fin du mois de février, pour aller voir s’il y a encore quelques aurores boréales. Et on va enchainer sur l’Afrique du Sud, l’Écosse et le Québec après à l’automne.

Pour l’Islande, j’ai plusieurs voyages de prévus, un par saison : deux en hiver (février et mars), un au mois de juin (spécial oiseaux), un autre en août plutôt rando photo et enfin un stage en septembre pour les rassemblements des troupeaux.


Merci Denis d’avoir répondu à nos questions.

Vous pouvez retrouver les photos de Denis Palanque ainsi que ses différents projets sur son site personnel.

Pour en savoir plus sur les voyages photo Aguila en 2016, rendez-vous sur Aguila Voyages. N’hésitez pas à demander gratuitement le nouveau catalogue des voyages 2015-2016.