Le Sony A7 (avec son grand frère A7R) a eu l’effet d’une bombe lors de son annonce. Très attendu, ce boîtier est le premier hybride mirrorless (sans miroir, à la différence des reflex) à objectifs interchangeables équipé d’un capteur full-frame tout en étant très compact.
L’appareil répond à une attente de plus en plus forte des photographes, amateurs comme passionnés (pour certains professionnels cela ne s’applique pas) : avoir un appareil plus petit et plus léger, et donc plus facile à transporter et à exploiter, sans que la qualité d’image ou les performances n’en soient impactées.
Le Sony A7R est différent de son petit frère sur certains aspects, lesquels seront développés dans un prochain test afin de vous aider à vous décider – si vous deviez choisir entre l’un et l’autre.
Ce premier essai est-il transformé ? Voici notre test complet du modèle A7, la version 24Mpx de la famille.
Prise en main et ergonomie
Nous avons testé l’appareil pendant plusieurs semaines et Jean-Noël le possède depuis maintenant plus d’un mois. Design, finition, ergonomie, encombrement… nous l’avons trituré dans tous les sens !
Encombrement minimum… à relativiser selon les objectifs
La comparaison du boîtier du Sony A7 avec des concurrents au capteur semblable montre à quel point le gain en volume est important. Voici une comparaison avec le 5DMarkIII, le D610 et l’A-99.






En revanche, il est indispensable de prendre en compte le volume et le poids de l’appareil dans sa totalité, c’est-à-dire avec l’objectif. Le Sony garde l’avantage, mais la différence est bien moins flagrante (voir inexistante en terme de longueur).


Reste qu’à l’usage la différence est plus que sensible. Le gain ressenti est d’autant plus marqué que le poids est lui aussi bien plus réduit ! Par exemple, l’A7 nu pèse 474g, soit presque la moitié d’un Nikon D610 nu de 850g. On est ainsi bien moins frileux pour emmener cet appareil partout, quand un « gros » 5D MarkIII ou D610 risque de se faire remplacer par un compact expert dans de nombreuses conditions 🙂 Enfin ces petits A7/A7R sont également moins intimidants pour les sujets que vous serez amenés à prendre en photo.
Sa petite taille est en partie due à son grip. Petit et bien formé, il suffira pour la plupart des photographes, mais les plus grandes mains ou les personnes habituées au grip incroyable des reflex classiques ne le trouveront pas aussi confortable.
Finalement, ce Sony A7 en profite pour égratigner la montée en puissance du format 4/3 porté par Olympus et Fuji : avec un encombrement équivalent (les objectifs restent plus volumineux en revanche) et un prix assez proche (l’Olympus E-M1 en kit se trouve à presque 1800€ contre moins de 1600€ pour le Sony A7 en kit !), les boîtiers sont assez proches.



Design soigné et finition haut de gamme
Anguleux, le Sony ne laisse pas indifférent. son design ne fait pas l’unanimité certes, mais il a plu à tous les membres de l’équipe. Son look de reflex n’y est pas pour rien, avec notamment ce faux pentaprisme sur le dessus : l’A7 n’a pas de miroir, il n’a donc pas un viseur optique classique mais un EVF (electronic viewfinder, pour viseur électronique). Placé dans l’axe de l’objectif, il fait parfaitement illusion : le Sony ressemble à un ancien reflex, se démarquant de la gamme NEX pour se rapprocher de ce que propose Fuji ou Olympus. Nous reviendrons sur les performances de ce viseur par la suite.
La qualité de fabrication, et en particulier la sensation de solidité, est impressionnante. Le boîtier paraît dense, avec cette impression d’être fait d’un seul bloc. Le magnésium est omniprésent, complété par le plastique. Et l’appareil possède des éléments anti-poussière et anti-humidité, notamment au niveau des boutons, mais il n’est pas tropicalisé entièrement.
La prise en main est très bonne, avec des molettes faciles d’accès et permettant de régler tous les paramètres clefs. Il faut en revanche noter le placement étonnant (et plutôt mal fichu) du bouton pour filmer : situé au niveau du pouce, il oblige à faire une certaine gymnastique avec la main droite et il est périlleux de l’activer sans tenir l’appareil à deux mains.
L’écran est grand et agréable, mais Sony a choisi de faire l’impasse sur le tactile. Un choix qui semble plus budgétaire qu’autre chose, permettant de ne pas faire exploser la facture finale. A l’usage cela ne nous a pas réellement gêné car les menus sont fluides et la plupart des réglages accessibles via des boutons dédiés. En revanche, cela se corse quand il faut plonger dans les détails du menu et de ses options… Les intitulés ne sont pas toujours intuitifs et ne pensez pas vous aider du guide utilisateur, beaucoup trop léger pour être réellement utile. Espérons que la v2 inaugurera le tactile en profitant d’une refonte des menus 🙂
Enfin pour conclure sur la prise en main, notons la présence de nombreux boutons Fn personnalisables : l’A7 est un appareil que l’on peut complètement adapter à son usage, en choisissant le rôle des boutons selon ses envies.
Objectifs dédiés performants mais gamme trop limitée
Les deux A7 et A7R inaugurent un nouveau type d’objectifs chez Sony : les FE. Il s’agit de la même bague que les objectifs E mais adaptée au full-frame. Ainsi tous les objectifs sont compatibles mais au prix d’une limitation au format APS-C. Pour accompagner la sortie de cette nouvelle gamme, la marque propose une poignée d’objectifs, dont trois seulement étaient disponibles dès le lancement :
- un zoom standard stabilisé, vendu en kit avec le A7, de 28-70 f/3,5-5,6 (+300€ sur l’appareil nu)
- un 55mm f/1,8 (1000€, mais on le trouve à moins de 900€ sur Amazon)
- un 35mm f/2,8 (800€, mais on le trouve autour de 750€ sur Amazon)

Deux autres objectifs sont également disponibles :
- un 24-70 f/4 stabilisé (1200€, mais on le trouve à 1000€ sur Amazon)
- un 70-200 f/4 stabilisé (1500€, mais on le trouve à moins de 1350€ sur Amazon)
Le strict minimum donc, et bien peu face aux mastodontes Nikon et Canon en reflex, ou même Olympus et Fuji en 4/3. On pourra rétorquer que cette monture E permet d’adapter de très nombreux objectifs via une simple bague d’adaptation : c’est oublier qu’il s’agit là d’un usage de niche et de passionnés. Oui c’est un vrai avantage pour les amoureux de vieilles optiques ou possédant un parc optique important, mais une bague nécessite un investissement supplémentaire (bague LE-AE4 : plus de 300€ pour garder l’autofocus sur les objectifs Sony), la perte le plus souvent de l’autofocus (sur tous les autres objectifs que ceux de Sony) et un encombrement supérieur. Nous avons donc hâte de voir la gamme s’élargir : il s’agit de la clef principale vers le succès de cette gamme. Acheter maintenant revient à faire un pari.

Nous avons pu tester les trois objectifs disponibles dès la sortie, les 2 focales fixes et le zoom standard du kit. Ce dernier nous a paru très honnête. Pas de miracle évidemment et un grand angle un peu juste (28mm), mais il permet d’avoir un ensemble cohérent avec les 24Mpx de l’A7. Les 36Mpx de l’A7R seront plus exigeants et il vaudrait mieux se tourner directement vers le 24-70mm f/4.
Les deux focales fixes proposent quant à elles une qualité d’image bien supérieure pour deux usages un peu différents :
- le 35mm, ouvrant à f/2,8, est une perle en photo urbaine. Très compact, il permet d’avoir un appareil facile à transporter et à glisser dans un petit sac. La qualité d’image est un gros cran au-dessus du zoom du kit, sans égaler pour autant le 55mm.
- le 55mm, ouvrant lui à f/1,8, paraît de prime abord bien cher et un peu volumineux. Pourtant il se montre incroyable ! En couple avec l’A7, on obtient des images d’une grande précision, avec un piqué hors norme. La douceur des images obtenues, notamment en portrait, nous a beaucoup plus. Les amateurs de bokeh ont là un outil idéal.
Pour plus de détails techniques concernant chaque optique, nous vous conseillons les tests de DxOMark tant pour le 35mm que le 55mm.
Options du boîtier et accessoires
Parmi les raffinements technologiques embarqués par Sony, on trouve le Wifi. La connexion se fait de manière classique (l’absence de tactile rend les choses laborieuses…) ou via le module NFC si votre mobile est compatible. Cela vous permet ensuite de visionner vos images sur mobile ou tablette, mais aussi de prendre le contrôle de l’appareil et de le piloter à distance. Si les fonctions de base marchent, elles ne sont pas toujours intuitives, avec un appairage peu intuitif au départ, des menus rarement auto-porteurs et une application mobile mal dégrossie. C’est mieux que rien, mais il reste des progrès à faire : on est loin de la facilité d’un Panasonic GX7 par exemple.
La gamme n’embarque pas de GPS : à nos yeux il serait pourtant préférable de l’avoir plutôt que d’intégrer le NFC (voir même que le Wifi, mais cela dépend des usages). Mais on peut comprendre que Sony ait fait l’impasse dessus pour des soucis d’autonomie (et de coût).
Les deux A7/A7R ont également quelques modes de prise de vue bien pensés, comme le panoramique à main levée, ou encore des options pratiques pour ne pas louper un cadrage, comme le niveau électronique.
La gamme A7 ne possède pas de flash intégré, le pentaprisme étant dédié uniquement à l’EVF, il faudra nécessairement passer par un flash externe. Et pas de cadeau de ce côté : il faudra débourser 150€ pour le plus petit flash (pratique mais peu puissant) ou monter à 400€ et 600€ pour les deux flashs pour reflex de Sony. Nous aurions aimé qu’un petit flash d’appoint soit proposé pour un prix plus accessible…
Concernant les accessoires, il faudra aussi faire avec la pingrerie de Sony : à 1500€ minimum comme ticket d’entrée pour l’A7, il faudra vous contenter de recharger votre batterie en branchant votre appareil ! Pire : avec la faible autonomie, il est indispensable de s’équiper d’une 2e batterie : mais comment l’exploiter s’il faut charger la 1ère avec l’appareil ? L’achat d’un chargeur nous paraît donc obligatoire : en marque Sony, comptez 50€ le chargeur et 70/80€ la batterie, ce qui représente 10% d’un A7 en kit. Vous pouvez également vous tourner vers des modèles non Sony, « sans marque » : j’ai personnellement testé ce chargeur avec une batterie, sans mauvaise surprise pour l’instant : cela fait 27€ au lieu de 120/130€…
Pour le reste, la griffe multifonction vous permettra de connecter de nombreux accessoires, que ce soit un flash bien sûr, mais aussi un micro, un bloc XLR ou des torches. On perd alors en compacité mais l’A7 est d’autant plus versatile.
Performances et qualité d’image
La cible de cet hybride est clairement de venir détrôner les 2 rois Canon et Nikon dans le segment des reflex full-frame « grand public », avec une qualité d’image équivalente dans un boîtier bien plus compact. Sur les papiers l’A7 a toutes les armes, nous allons voir ce qu’il en est à l’usage.
Un boîtier complet et intuitif, mais rarement le plus rapide
Comme on l’a vu, l’A7 se prend très bien en main et cela se ressent lorsqu’on l’utilise pour de bon. Ainsi les boutons tombent bien sous les doigts et tous les réglages principaux peuvent se faire sans enlever l’oeil du viseur. Quel dommage cependant que le bouton de film soit si bizarrement placé !
A ce détail près, la prise en main nous a paru particulièrement intuitive : il ne nous a fallu que quelques minutes pour comprendre son fonctionnement et l’adopter, réglant l’ouverture ou l’exposition comme si nous avions toujours utilisé l’appareil.
Une fois prêt à shooter, deux éléments sont particulièrement attendus sur cet A7 : l’autofocus et le viseur. A l’usage, le bilan est mitigé :
- L’autofocus des 2 boîtiers est basé sur un système par détection de contraste avec 25 points, et celui de l’A7, « hybride », est complété par 117 pixels dédiés à la mise au point par détection de phase. Evidemment Sony en faisait la promotion lors du lancement. Dans les faits, il nous paraît « juste » satisfaisant… et donc décevant par rapport à la promesse initiale. Les bons reflex et les hybrides 4/3 récents se montrent bien plus rapides et le Sony déclenche parfois avec une MAP hasardeuse. Dernier petit détail désagréable, la lumière d’assistance AF est trop forte et éblouissante, il est souvent nécessaire de la désactiver, ralentissant encore la mise au point. Mais pour finir sur une note positive : une fois en mode manuel, le focus peaking (surlignage de la zone nette) et le zoom sont des outils très pratiques pour ne pas se tromper.
- Le viseur, comme expliqué plus haut, n’est pas un modèle optique classique mais une version électronique. Beaucoup d’encre (là aussi électronique !) a coulé depuis des mois (quelques années mêmes) sur les avantages de l’un ou de l’autre : instantanéité et précision pour l’un, informations et fonctions supplémentaires pour l’autre. Nous avons toujours été très critiques vis-à-vis des EVF, les trouvant peu pratiques et trop limités quand la lumière faiblit ou que les sujets vont vite : avec ce Sony, c’est toujours le cas… mais l’écart se réduit. On pardonne donc les limites de ce viseur grâce à tous les avantages de l’A7, mais objectivement ce n’est pas encore le viseur idéal.
Pour le reste, l’appareil est très réactif à toutes les sollicitations, hormis un démarrage un peu lent. La rafale de 5 i/s en priorité déclenchement (ou 2,5 i/s avec autofocus) est honnête, mais nous aurions aimé une rapidité supérieure, la concurrence est ici plus performante (avec des capteurs plus petits certes). En revanche l’écriture sur la carte est toujours rapide, sans que le buffer (mémoire tampon) ne vienne poser problème. Enfin le déclenchement est un peu bruyant et le mode silencieux ne change pas réellement la donne.
Une qualité d’image époustouflante
La surprise en voyant un si petit boîtier vient bien sûr de la qualité d’image que ce Sony produit. Compact, il embarque en effet un capteur full-frame de 24Mpx, assez proche de celui du Nikon D600/610. On est donc bien au-dessus des appareils 4/3 à l’encombrement équivalent.
Le résultat est une excellente qualité d’image, avec notamment une dynamique exceptionnelle. Les photos sont bonnes dans toutes les conditions, et, quand celles-ci sont idéales, alors les images ont un peps et un piqué incroyables.









Il n’est par exemple pas obligatoire d’avoir une optique très lumineuse pour pouvoir vous amuser avec la profondeur de champ : séparer l’arrière plan du sujet est facilité par le capteur full-frame, même avec l’objectif du kit.
Mais le plus incroyable si vous êtes un habitué des petits capteurs est l’impressionnante gestion du bruit électronique. On se surprend à ne pas hésiter à monter à 3200 ISO en sachant que quasiment aucune retouche ne sera nécessaire. D’ailleurs à 6400 ISO le bruit est doux et diffus, un léger ajustement dans Lightroom vous permettra d’exploiter votre photo, même pour un tirage papier. S’il le faut vraiment, vous pourrez monter encore plus haut, mais dans ce cas la qualité se dégrade, avec une perte dans les détails assez visibles.


Pour voir vous même tous les détails des deux images précédentes, prises à 6400 ISO, n’hésitez pas à cliquer sur celle-ci pour télécharger le fichier ARW (le RAW de Sony).





Enfin le mode vidéo est lui aussi très complet : la gamme filme en 1080p à 60 i/s et égale la plupart des concurrents. Un des gros points positifs est la mise au point et le suivi du sujet pendant l’enregistrement, souvent peu satisfaisant avec un reflex « classique » (Canon est ici en avance sur Nikon) : ici pas de mauvaise surprise ou de ralentissement, la mise au point suit le sujet assez rapidement pour ne pas poser de problème à l’usage.
En synthèse, vous obtenez avec cet A7 une qualité d’image équivalente aux fers de lance des gammes Nikon et Canon, sauf que ceux-ci sont plus chers, plus lourds, plus gros… Evidemment la qualité d’image seule ne permet pas de faire une vraie comparaison et ces reflex gardent bien des avantages, mais Sony a ouvert à la voie à un nouveau paradigme pour les amateurs ou les passionnés soucieux d’avoir un appareil facile à utiliser et plus souvent avec eux.
Le full-frame le moins cher du marché avec une prestation de haut vol
Nous avons longtemps hésité entre 8/10, pour souligner les limites bien présentes de cette première version, et 10/10, pour confirmer à quel point cet appareil va être disruptif. Nous avons coupé la poire en deux !
Les manques ou problèmes sont d’ailleurs bien connus de Sony et la marque a déjà commencé à corriger certains via une mise à jour du firmware : la version 1.02 du logiciel interne, disponible depuis quelques heures, réduit le temps de mise en route, améliore l’autofocus, améliore la qualité d’image, supporte le futur 70-200mm f/4… autant de points qui doivent être vérifiés, mais le travail d’amélioration est bien en cours.
Alors, tueur de reflex cet A7 ? Nous allons faire une réponse de normand : ça dépend !
- Oui c’est un tueur, car il propose la même qualité d’image dans un gabarit plus petit et bien plus léger, et donc moins encombrant. Sur ces deux critères, l’A7 fait très mal au reflex classique.
- Non ce n’est pas une menace, car le reflex reste devant sur plusieurs points clefs : vitesse de l’autofocus, clarté du viseur et gamme optique sans commune mesure (l’autonomie est un point faible mais compensable en achetant une 2e batterie). Les plus exigeants sur ces aspects ne trouveront pas l’A7 assez efficace.
Dernière question bien difficile à répondre : faut-il craquer maintenant ou attendre un v2 plus mature ? Il n’y a pas de bonne réponse : les utilisateurs de ce Sony A7 sont ravis et nous avons été conquis, mais certains points faibles semblent faciles à corriger pour la prochaine mouture. Si vous souhaitiez changer d’appareil cette année, nous ne pouvons que vous le conseiller, mais si vous n’êtes pas pressés, attendez peut-être 2015. Le Sony A7 est disponible nu à partir de 1047 euros, ou bien en kit avec un zoom 28-70 mm f/3.5-5.6 à partir de 1348 euros.
Mise à jour : le Sony A7 v2 est disponible. Au programme des nouveautés, une stabilisation mécanique sur 5 axes, un grip plus profond et une réactivité accrue. En lire plus sur le Sony A7II.