Zoom Photographe : Larry Clark

Larry Clark est un des plus grands photographes américains, célèbre notamment pour ses travaux sur l’adolescence.

Mais avant de continuer, sachez que certaines images peuvent choquer les personnes non averties.

Né en 1943 dans l’Oklahoma, il entame des études d’art puis est initié très vite à la photographie par sa mère.  Après une adolescence perturbée par la drogue, il photographie durant des années ses amis rebelles et marginaux qu’il va suivre dans le temps. Sa première monoghraphie, Tulsa, est une référence de la contre culture américaine et retrace ses clichés pris entre 1963 et 1971. Plus tard, il publiera plusieurs livres , Teenage Lust ou encore The Perfect Childhood, ouvrage de collages mélangeant sexe, jeux, armes, amour et violence. Poussé par deux de ses admirateurs, Martin Scorsese et Gus Van Sant, Larry réalise des long métrages, à la fois primés et controversés dont Kids ou Ken Park. Il fera récemment  parler de lui en 2010 suite à son exposition à paris Kiss The Past Hello qui sera interdite aux moins de 18 ans.

Qu’y a-t-il derrières ces images controversées ?

Certains s’avoueront choqués devant ses images, qui seront parfois qualifiées de pornographique, mais c’est sans regarder l’ensemble de son travail. Comme souvent, ce n’est pas une image qui importe mais l’évolution des sujets, les multiples facettes de l’univers qu’il montre et qui donne toute la dimension à son œuvre.

C’est dans le contexte très puritain des États-Unis des années 60-70, que Larry capture des images qu’on ne pouvait voir ailleurs, et qui étaient interdites. Il faut bien se rendre compte de la rupture par rapport à son époque que représente son travail : jamais on ne montra une adolescence sans tabou, aussi émancipée, aussi troublée, aussi vraie.

« A mon époque, on ne parlait de rien, les drogues n’étaient pas censées exister, il n’y avait pas de sexe, pas d’inceste, pas de pédophilie. Une fille au collège avait cinq frères et ils la baisaient tous. J’ai voulu montrer les choses que personne ne montrait. »

Il suit ses sujets sur plusieurs années, à la manière d’un documentaire, de façon à raconter une histoire et de voir ces adolescents évoluer dans le temps. Il n’hésite pas à montrer moments crus mais capture une intensité du moment au travers la violence, la passion, l’intimité ou les dérives.

« Oui, il y a du sexe et de la nudité, mais ça fait partie de la vie. Dans Tulsa, il y a un jeune garçon qui se regarde en pleine érection. Mais tous les garçons ont fait ça ! Dans le contexte de mon travail, ce n’est pas de la pornographie, ce n’est pas une mise en scène faite pour titiller, c’est la vie. »

Ses images sont aussi imprégnées d’un esthétisme particulier. On y trouve des cadrages souvent simples mais avec un élément fort dans le sujet qui donne énormément de vie à l’image. L’utilisation du flou renforce cet aspect documentaire avec des prises techniquement imparfaites mais avec une intensité des expressions et des actions. 

« Je n’essaie pas d’être polémique, j’essaie juste d’être honnête au sujet de la réalité de la vie. Venant du monde de l’art, je n’ai jamais pensé qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire ou montrer […] Ce qui m’intéresse, c’est d’être satisfait de mon travail en montrant la vie des gens qu’on ne montre pas »

Larry Clark n’a pas créé pas cet univers mais a juste exploré une face cachée de la jeunesse, que la société préfère ignorer car elle casse un idéal. Alors si vous trouvez ses images dérangeantes, il vous répondra : « Bien sûr, elles sont dérangeantes. Mais l’art est dérangeant ».