Hiroshi Sugimoto est un des plus importants photographes contemporains japonais.

Né en 1948, Hiroshi quitte à 20 ans le japon pour Los Angeles. Il y découvre l’art conceptuel qui va influencer son travail mais aussi le dadaïsme et le surréalisme. Sa première série montre des peintures du muséum d’histoire naturel, qui à travers l’appareil, donnent un réalisme inattendu aux fresques. En 1978 commence son célèbre travail sur les cinémas, qui met en évidence l’écoulement du temps. Une autre série importante montre des paysages de ciel et mer, à différents endroits du globe, sous une même structure et composition. Hiroshi garde une constante dans tout son travail : capturer l’écoulement du temps plutôt qu’un instant en particulier. Il utilise une chambre 8×10 avec de très longues expositions, ce qui lui confère une reconnaissance pour la qualité technique de ses images.
Que faut-il comprendre de ses images ?
Il est essentiel de comprendre le procédé photographique, car celui-ci est directement en cohérence avec son travail. En utilisant une chambre 8×10 avec des pauses allant de 20min à plusieurs heures, il permet de capturer des sujets éphémères et intangibles. Ce procédé crée des paradoxes qu’il est difficile de percevoir au premier coup d’œil.
Dans la série des cinémas, on aperçoit une grande salle vide avec un écran blanc et lumineux, comme si le projecteur était resté allumé à la fin de la séance. En réalité, la salle est pleine de monde et le film se joue. Cette illusion vient du fait que l’obturateur a été laissé ouvert pendant toute la durée du film. Autrement dit, l’appareil a capturé tout le film avec les spectateurs dans la salle, mais au final, seul un écran blanc et une salle vide est visible. Il s’agit d’un paradoxe poétique intéressant entre vie et mouvement d’un coté, silence et mort de l’autre.


On remarque une attention particulière dans le cadrage, directement issu d’un style épuré et minimaliste.
Une autre série tout aussi troublante nous montre des portraits de personnalités célèbres. Avec des pauses de plusieurs dizaines de minutes, comment cela est-il possible ? Encore une illusion, il s’agit de personnages en cire. Comme pour les fresques historiques du museum, le biais de la photographie rend ces personnages bien réels.


Hiroshi a également travaillé sur une série montrant des images de la mer à divers endroits, avec toujours la même composition. La thématique de l’écoulement du temps est particulièrement marqué par le fait que ces images sont comme des machines à remonter le temps : il s’agit de paysages intemporels que tout individu a pu contempler il y a 100, 1000 ou 10 000 ans. Le spectateur est invité à méditer en observant les détails de l’eau, qui d’une image à l’autre font ressortir des contrastes et des subtilités. « A chaque fois que je vois la mer, je sens une sensation de calme et de sécurité, comme si je visitais la maison des ancêtres. Je m’embarque dans un voyage de contemplation. »


« C’est très important de connaître les noms et les localisations des mers que je photographie. Je veux que les spectateurs s’imaginent la mer avant qu’elle soit nommée : comment l’auriez vous appelé si vous étiez le premier à y poser les yeux ? »
Malgré l’absence d’individus dans ses images, il s’agit de descriptions poétiques de lieux où les gens se réunissent (théâtres, cinémas, bord de mer…) pour contempler ensemble. Les photographies d’Hiroshi Sugimoto sont un parfait mélange entre philosophie, mystère et esthétisme. Toujours en noir et blanc, on est comme perdu dans des mondes imaginaires où la réalité, la fiction et le temps se confondent.





Pour en savoir plus, voici quelques liens utiles : Wikipedia, Hirshhorn et Vimeo