Nikon : questions / réponses sur le D800 puis prise en main

Il y a maintenant 10 jours, Nikon officialisait le très attendu D800, un reflex Full-Frame au capteur impressionnant de 36 Mpx. Successeur du D700 sans pour autant le remplacer, cet appareil prometteur a cependant levé de nombreuses questions – en attendant les vrais tests terrain. Nikon a ainsi eu la bonne idée de mettre en place un système de Questions / Réponses en live sur facebook, ou d’inviter quelques privilégiés à une prise en main du boîtier en présence des équipes pro de la marque.

Commençons par ce système de Questions / Réponses plutôt original, en live et sur Facebook. Le réseau social n’est peut être pas le repère des photographes pro, mais certains l’utilisent en privé comme en professionnel et de nombreux passionnés étaient connectés. L’occasion pour Thomas Maquaire, chef de produit Pro chez Nikon, de répondre – de manière corporate évidemment – aux attentes des internautes.

Voici les questions (et surtout les réponses) que nous avons sélectionné pour vous, et qui permettent notamment de nous éclairer sur le positionnement du D800 par rapport au D700, qui reste dans la gamme de Nikon.

Le D700, une solution viable pour un photographe qui veut s’acheter un boîtier plein format ?

Question de rlocus : Bonjour, les Nikon D4 et D800 forment la nouvelle gamme plein format. Cependant si une personne souhaite se procurer un appareil plein format il a le choix entre un appareil de 36 Mpixels, qui demande des optiques de haute qualité et du matériel rapide pour traiter efficacement autant d’informations, ou d’un appareil (certes ultra-performant) mais hors de prix. Le D700 réalisais ce lien entre l’ultra-polyvalence du D3s et le D3x dédié aux amateurs de photographie en studio et d’impression grand format. Comment conseiller une personne qui souhaite passer au plein format ? Il faut avouer que les 36Mpixels du D800 ne sont pas facile à gérer.

Le concept du D800 est de proposer un maximum de définition dans un boîtier qui soit polyvalent. Le D700 reste dans la gamme et permet d’apporter aux photographes qui n’ont pas besoin de la haute définition un boîtier très accessible.

Question de FrédéricVous indiquiez précédemment que le D700 restait dans la gamme, nous ne devons donc pas considerer le D800 comme son remplaçant ?

C’est exact.

Quelle est la différence entre le D800 et le D800E ?

Question de SYH : Bonjour Thomas, pourriez-vous le plus simplement possible nous faire comprendre la différence entre les 2 boitiers 800 svp ?

Le D800 est équipé d’un filtre passe-bas qui a pour but de disperser les rayons lumineux pour limiter l’effet d’aliasing. La structure du filtre passe-bas du D800E conserve le même chemin optique tout en annulant la diffusion des rayons lumineux.

Le Nikon D800, exigeant sur les objectifs ?

Question de Claude : Quel niveau de performances concernant les objectifs est-il requis pour exploiter le 36Mpx du D800 ?

Pour bénéficier de tout le potentiel apporté par les 36Mpx, l’utilisation des objectifs hauts de gamme et les plus récents est requise. Par exemple : AF-S 24-70mm, 35mm f/1.4 ou AF-S VR 105mm macro pour en citer quelques uns.

Question de rouxibate : Si on utilise des vieux objectif non AI par exemple, les 36MP du D800 seront un frein ou un avantage ?

Les dernières optiques NIKKOR bénéficient de conceptions optiques qui ont évoluées par rapport aux objectifs plus anciens. Le gain en résolution est lié à ces évolutions. Donc, on tirera un plus grand bénéfice avec les optiques les plus récentes.

Le D800 et le D700 : performances comparables en montée d’ISO ?

Question de Julien : Le D800 est-il meilleur que le d700 à haut ISO (3200 6400) à l’échelle 1 ? (c’est à dire sans le bénéfice de la résolution pour le d800)

Le choix du capteur du D800 ainsi que le post-traitement appliqué lui permet des résultats d’image équivalents à ceux du D700 à toutes les sensibilités.

Le D700 pour le reportage et la photo en basse lumière, le D800 pour le paysage, l’architecture, la mode ou le portrait

Question de Nicolas : Quel est pour vous la cible du D800, sachant qu’un capteur de 36Mpx l’éloigne fortement de son petit frère le D700, dont un des arguments de vente était : peu de Mpx pour une taille de photosites plus grande, d’où une meilleure sensibilité. Quid de ce constat avec ce nouveau 36Mpx ?

Le D700 propose peu de MPx pour une grande sensibilité (reportage, photo en basse lumière…). Le D800, quant à lui s’adresse à ceux qui cherchent un rendu des détails extrêmement fins (paysage, architecture, mode, portrait…)

Un mode rafale timide sur le D800 mais avec un buffer amélioré ?

Question d’Anthony : Qu’est ce qui fait que le mode rafale du D800 est limité à 4 ou 5 images par seconde ?

La cadence rafale à 4vps à 36Mpx ou 6vps en 15Mpx (format DX plus batterie EN-EL18) est directement liée à la quantité d’informations à traiter. Nous ajoutons que le buffer du D800 permet de réaliser plus d’images d’affilées que celui du D700 malgré une définition 3x supérieur.

Vous pouvez retrouver toutes les questions sur la page Facebook de Nikon France.

L’autre évènement de ce jeudi était une prise en main des nouveaux boîtiers pro, le D4 et le D800. C’est ainsi que 5 appareils et une petite dizaine d’objectifs étaient à la disposition du petit comité pour enfin découvrir les « bêtes ».

Passons rapidement sur le D4 : c’est évidemment un boîtier d’exception, fleuron de la marque jaune. Je ne l’ai pas pris en main mais j’ai pu écouter et participer à des essais, notamment avec un iPad et le nouveau module wifi WT-5 pour un contrôle à distance de l’appareil. L’autofocus est d’une rapidité déconcertante, tout comme le mode rafale. La qualité d’image était cependant difficile à apprécier sans l’avoir en main pour zoomer dans l’image. Globalement, c’est un modèle dont le prix le réserve quasiment exclusivement aux professionnels : à presque 6 000€, il demandera des objectifs exigeants (et chers) pour l’exploiter, la facture sera ainsi salée.

Le D800, presque « abordable » pour les amateurs les plus passionnés, nécessitera lui aussi un équipement de qualité pour exploiter l’incroyable capteur Sony de 36 Mpx. Pourtant, cette explosion de la définition par rapport aux concurrents ou aux autres modèles de la gamme pouvait faire craindre la reprise de la course pure et dure à la définition (qui a la plus grosse ?).

Bien que nous n’ayons pas pu avoir les images sur un ordinateur, le bel écran et la possibilité de zoomer dans l’image à 100% nous a rassuré sur la plus grosse crainte que cet appareil a soulevé : sa gestion des hautes sensibilités. La surprise est de voir un appareil que se sort (très) bien des situations délicates. Nikon a fait un incroyable boulot sur la gestion du bruit : certes il sera plus visible que sur son grand frère, mais il devrait être tout aussi contenu que le D700 (des tests approfondis seront nécessaires pour confirmer ou infirmer cette première impression). Si on commence à le sentir à 3200 ISO et a vraiment le voir à 6400, celui-ci est diffus, comme dispersé sur l’image. On se remémorerait presque le grain de l’argentique !

La rafale de 4 images par seconde, sans être époustouflante, étonne par sa régularité et sa longévité, le buffer semblant inépuisable. Autofocus comme déclenchement répondent aux doigts (et un jour peut être à l’oeil) et la prise en main est bonne : le boîtier respire la qualité, sans être trop lourd – le volume global et le poids avec un objectif haut de gamme restent conséquents.

Au final c’est un boîtier qui semble prêt à nous suivre partout. Alors que ce serait plutôt la cible du D4, encore plus robuste et moins orienté studio, ce D800 devrait plaire à de nombreux passionnés voulant franchir le pas du capteur Full-Frame. Mais il faudra en mesurer les conséquences : investissement lourd, tant dans le boîtier que dans les objectifs, cartes mémoires gargantuesques et rapides (50Mo environ le fichier RAW), outil de post production puissant et de grande capacité… Autant d’éléments à ne pas négliger avant l’achat. Mais soyez rassuré : ce bon 50 mm, que ce soit le f/1,8 ou mieux le f/1,4, exploite sans sourciller les capacités du capteur, pour respectivement environ 200 et 400€, une bagatelle pour cette gamme.