Fujifilm dévoile officiellement sa première véritable caméra cinéma moyen format : la GFX Eterna 55. Dotée d’un capteur 44×33 mm de 102 Mpx, elle enregistre en 4K Open Gate jusqu’à 48 fps, mais aussi en 8K dans des formats cinématographiques inédits, dont l’Ultra Panavision 70 mm. Avec filtre ND électronique intégré, autofocus dernière génération et ergonomie bien pensée, Fujifilm entend bien bousculer le marché du cinéma.

Sommaire
Présentation de la Fujifilm GFX Eterna 55
Les constructeurs semblent s’être donné le mot : à l’approche du salon IBC d’Amsterdam, chacun dévoile sa caméra dérivée du monde des hybrides.


Après Canon avec sa caméra EOS C50, Nikon et sa ZR, voici Fujifilm et sa GFX Eterna 55. Bien entendu, contrairement aux deux premières, Fujifilm avait annoncé le développement de l’Eterna, il y a presque 1 an, en novembre 2024. À l’époque déjà, Fuji en avait dit beaucoup. Son nom Eterna, par exemple, est dérivé d’une pellicule cinéma que le constructeur a produit pendant longtemps.


On savait que la caméra était dotée du capteur moyen format 44×33 CMOS II HS de 102 Mpx. Cette cellule équipe les GFX 100 II et 100S II. Nous ignorions alors les différents formats vidéo ou les autres fonctions spéciales de l’Eterna.


Après un premier aperçu de son design et de son gabarit, Fujifilm officialise désormais la GFX Eterna 55. L’occasion de passer en revue ses principales caractéristiques.


Notez par ailleurs que pour accompagner cette caméra, Fujifilm lance aussi un zoom motorisé Fujinon GF 32-90 mm T3.5 PZ OIS WR (équivalent 25-71 mm en 24×36).


Voici la liste des caractéristiques techniques de la Fujifilm GFX Eterna 55 :
- capteur : moyen format (44×33) CMOS II HS 102 Mpx
- filtre passe-bas : oui
- processeur : X-Processor 5
- stabilisation : N.A.
- viseur électronique : N.A.
- écran LCD : 2x intégré TFT 3’’ + externe orientable 5’’
- autofocus : hybride
- nombre de points AF : 425
- couverture AF : N.C.
- détection et suivi automatiques : oui, humain, animaux, oiseaux, voiture, moto, vélo, avion, train
- plage AF : jusqu’à – 2 EV
- sensibilité : 100 – 25 600 ISO / double ISO natif : 800 / 3200 ISO
- obturation : 1/8 s – 1/8000 s (éléctronique)
- vidéo : 4K 48p Open Gate 4:3, 4K 60p 17:9, 8K 30p 16:9, 8K 24p 17:9, 8K 24p 2.76:1, 6,3K 30p, 5,8K 30p 2.39:1, 5,4K 30p, 4,8K 24p 3:2, 4,6K 34p 1.38:1, Full HD 60p
- profils vidéo : Apple ProRes 422 HQ, F-Log2, H.265, All-Intra, Long-Gop
- refroidissement : ventilation active
- stockage : 1 x CFExpress type B / 1 x SD UHS-II + enregistrement SSD
- connectivité sans fil : WiFi 802.11 a/b/g/n/ac (2,4 et 5 Ghz), Bluetooth 4.2 LE
- connectique : HDMI A, USB-C, RJ45, 2x jack 3,5 mm, jack 2,5 mm, 3x BNC
- batterie : NP-W235 + V-Mount
- autonomie : dépend de la capacité V-Mount, 30 min en interne avec NP-W235
- rechargement par USB : oui
- tropicalisation : oui
- dimensions : 138,2 x 110,8 x 176,8 mm
- poids : 2 kg (avec batterie et carte mémoire)
- prix au lancement : 15 999 €
Un duo capteur + processeur bien connu
Sous le capot de la GFX Eterna 55 on retrouve le même capteur moyen format que celui utilisé par les hybrides GFX 100 II et 100S II. Un capteur très défini de 102 Mpx, que l’on sait très capable en photo, même si c’est rarement le plus pertinent pour la pratique de l’image en mouvement.


En effet, qui dit capteur très défini (et de surcroit si grand), dit rolling-shutter très marqué, à moins d’opter pour une cellule empilée ou avec global shutter, ce qui n’est pas le cas ici. Pour autant, Fujifilm a tenu à faire une caméra moyen format et propose même des formats vidéos assez innovants.
On dispose ici d’un enregistrement en Open Gate (4:3), mais uniquement en 4K et jusqu’en 48 fps. Un choix assez surprenant. L’enregistrement en 8K est toujours disponible, en 16:9 (30 fps), 17:9 (24 fps), mais aussi au ratio 2.76:1 (24 fps), un format très large, qui se rapproche de celui des films 70 mm / IMAX, pour des séquences encore plus cinématographiques et qui correspond à un format anamorphique 2x.


On dispose aussi d’une belle variété de formats : 4,8K en 3:2, 4,6K en 1.38:1, 5,8k en cinemascope 2.39:1, etc. De quoi ravir les vidéastes les plus chevronnés qui apprécient des formats bien spécifiques pour donner plus de cachet à leur séquence.


L’Eterna GFX 55 peut compter sur un double ISO natif 800 / 3200 ISO. On trouve également différents profils Fujifilm Log 2 (F-Log2 et F-Log2 C), avec une plage dynamique de plus de 14 stops. La caméra vient aussi avec 10 LUTs 3D optimisées avec les simulations de films Fuji, comme Eterna, Provia, Velvia, etc., que l’on peut appliquer aux images tournées en F-Log2. Il est possible d’en créer et d’en télécharger 16 supplémentaires. La caméra dispose également de cadres personnalisés ((2.39:1, 17:9, 16:9, 5:4, 4:3, 3:2, 1:1, ou personnalisés) et il est possible d’en superposer 3 de manière simultanée.


Par ailleurs, pour les séquences captées en MP4 ou MOV, on peut aussi appliquer les 20 simulations de films classiques du constructeur disponible dans le boîtier. De plus, la caméra peut filmer en Apple ProRes 4:2:2 HQ, quand l’enregistrement en RAW 12 bits n’est disponible que via la sortie HDMI. On pourra capter ici des séquences jusqu’en 8K 30 fps et en 12 bits.
Pour faciliter l’enregistrement même dans des conditions très lumineuses, l’Eterna 55 intègre un filtre ND électronique variable. Il permet de régler la densité de ND 4 à ND 128.
Notez enfin que la caméra est équipée d’un filtre passe-bas pour limiter le moiré et optimiser aussi la fidélité des couleurs. Cela se fera sans doute un peu au détriment de la restitution des détails, mais le piqué clinique n’est pas forcément toujours recherché au cinéma.


Autofocus potentiellement fulgurant, pour du cinéma
La Fujifilm GFX Eterna 55 reprend le même système autofocus que les GFX 100 II, X-T5, X-T50, X-H2, X100VI, etc. Il dispose donc d’un autofocus « hybride », mêlant corrélation de phase et détection de contraste, avec 425 collimateurs exploitables.
La caméra est ainsi capable de reconnaître et suivre une multitude de sujets : humain, animaux, oiseaux, voiture, moto, vélo, avion, train. Bien entendu, avec des optiques cinéma PL dépourvu d’autofocus, cette fonction sera accessoire. Mais, avec des objectifs GFX performant, cela peut être un vrai gain par rapport aux caméras cinéma traditionnelles.
Une caméra de « cinéma » avant tout
Alors que certains constructeurs, tout en déclinant leurs appareils en mini-caméra, pouvaient conserver une base d’appareil photo, Fujifilm opère ici une transformation radicale. En effet, la GFX Eterna 55 ressemble avant tout à une caméra que l’on trouve ordinairement sur les plateaux de tournage.


Avec ses 2 kg, pour environ 14 cm de haut, 11 cm de large et presque 18 cm de profondeur, elle se rapproche plus d’une Sony Venice que d’un GFX 100 II.


Deux écrans de contrôle tactile de 3’’ de part et d’autre de la bête, pléthore de boutons personnalisables, multiples points de fixations et monture escamotable (GFX vers PL), il s’agit bien d’un outil pour les pros.




Par ailleurs, la caméra vient aussi avec un moniteur externe de 5 pouces, installé sur un bras et orientable sur différents axes.


Au niveau de la connectique, on dispose d’un port USB-C, RJ45, 2 Jack 3,5 mm (casque et micro), 1 Jack 2,5 mm (télécommande), prise HDMI A ou encore 3 sorties BNC : SDI (pour la vidéo), Timecode et Genlock (pour la synchronisation de multiples appareils)., Dommage, la caméra fait l’impasse sur les ports XLR, il faudra utiliser un adaptateur XLR sur la griffe accessoire de la poignée.
Pour l’alimenter, la caméra dispose d’une batterie interne NP-W235 ainsi que d’un connecteur V-Mount pour y fixer une batterie externe. La batterie interne permet de changer de batterie sans interrompre le tournage.


L’enregistrement des fichiers se fait au moyen de trois supports de stockage différents : SD UHS-II, CFexpress type B ou SSD externe. Dans tous les cas, on ne peut excéder 2 To par support choisi. Un système de ventilation active aide à refroidir la caméra et celle-ci est prévue pour résister à des conditions de tournage difficiles, grâce à une protection contre les infiltrations d’eau et de poussière.


Prix et disponibilité
La Fujifilm GFX Eterna 55 est disponible au tarif de 16 139 €. Les précommandes débuteront à partir du 15 septembre.
Le zoom motorisé Fujinon GF 32-90 mm T3.5 PZ OIS WR est affiché, quant à lui, à 5399 €.
La caméra cinéma est disponible chez Miss Numérique, TRM et les magasins vidéo spécialisés.
Notre premier avis sur la Fujifilm GFX Eterna 55
La Fujifilm GFX Eterna 55 impressionne par son audace : capteur moyen format, richesse des formats vidéo, ergonomie cinéma et autofocus avancé en font une proposition unique sur le marché.


Reste toutefois à voir si ses limites techniques – notamment le rolling shutter marqué, absence de global shutter – ne viendront pas freiner son adoption sur les tournages les plus exigeants. Mais à ce tarif, Fuji réussit à ouvrir une porte vers le moyen format cinéma, jusqu’ici réservé à une élite.