Parmi les 222 candidatures reçues cette année pour la quatrième édition du prix photographique Viviane Esders, celle de Bohdan Holomíček s’est hissée au rang de finalistes. L’occasion de revenir sur un parcours entre clandestinité et lumière, et un corpus aussi libre que précieux.

Sommaire
Une vie documentée
Né en 1943 en Ukraine d’une mère Ukrainienne et d’un père de la communauté tchèque, Bohdan Holomíček suit sa famille en Tchécoslovaquie à l’issue de la seconde guerre mondiale (1947). Électricien de métier, Bohdan Holomíček n’a eu de cesse depuis ses 14 ans, et l’acquisition d’un premier appareil photographique soviétique, de documenter sa vie et celle de ses contemporains.
Photographe indépendant à temps plein depuis 1995, Bohdan Holomíček se distingue par son traitement de la lumière et l’optimisme qui se dégage de ses compositions à la lisière du reportage documentaire et du journal intime.

Bohdan Holomíček : entre intime et documentaire
Homme d’images, Bohdan Holomíček n’en néglige pas pour autant les mots. Sur la marge des tirages de 21 x 29 cm conservant leur cadre noir qu’il développe lui-même chaque soir, le photographe ajoute une légende manuscrite. Descriptives ou plus personnelles, ces sous-titres ajoutent à la puissance narrative des clichés.
Depuis les années 80 l’artiste a choisi d’aller plus loin dans cette démarche de conteur. Désormais tirées à plus grandes échelles, ses photographies s’exposent en ensembles, storyboards offerts à la contemplation pour faire dialoguer l’interprétation de l’artiste et celle du public.

Mémoire d’un pays et de ses révoltes
Au travers de ses images, mémoire collective d’un pays et de ses habitants, c’est tout un pan de l’histoire culturelle de la Tchécoslovaquie et de sa géopolitique qui défile devant nos yeux. De la dissidence tchécoslovaque des lendemains du Printemps de Prague, dont le photographe est acteur autant que témoin, jusqu’au territoire de Guingamp qu’il a sillonné à l’occasion d’une résidence récente, c’est avant tout la liberté de penser et la rencontre de son prochain qui forment le cœur de ses images en noir et blanc.
Longtemps clandestines, ses archives de Vaclav Havel, l’ami dramaturge dissident devenu le premier président de la Tchécoslovaquie de l’après communisme, ont été exposées en 2009 aux Rencontres de la Photographie d’Arles.

Finaliste du prix Viviane Esders
Aux côtés de l’ukrainien Oleksandr Suprun et de la photographe allemande Dörte Eißfeldt Bohdan Holomíček fait aujourd’hui partie des trois finalistes du prix Viviane Esders. Le prix récompense une carrière photographique suivie depuis une quarantaine d’années ; son lauréat sera annoncé en octobre prochain et se verra récompensé d’une dotation de 50 000 €. La présence de ce photographe parmi les finalistes suffit déjà à rappeler l’importance de son regard singulier sur un demi-siècle d’histoire.