Du 7 juillet au 3 octobre 2025, la galerie Vague d’Arles (14 rue de Grille) accueille Kikuji Kawada : Endless Map – Invisible, première rétrospective française du photographe japonais. Coproduite par Sigma et Kyotographie, l’exposition rassemble quatre ensembles majeurs réalisés entre 1959 et 2022.
Kikuji Kawada, pionnier du photobook japonais et témoin de l’après-guerre
Né en 1933 dans la préfecture d’Ibaraki au Japon, Kikuji Kawada découvre la photographie au sein de l’éditeur Shinchosha. Il rejoint rapidement Vivo, un collectif qui, à la fin des années 1950, révolutionne la scène photographique japonaise par son approche libre du reportage. Le groupe compte parmi ses membres six photographes de renom : Shōmei Tōmatsu, Eikō Hosoe, Ikkō Narahara, Akira Satō, Akira Tanno ainsi que Kikuji Kawada lui-même..
Avec Chizu (The Map, 1965), livre désormais iconique, Kikuji Kawada explore la défaite japonaise et l’occupation des alliés en juxtaposant rouille, cartes topographiques et vestiges d’Hiroshima.
Son travail brouille la frontière entre documentaire et métaphore : « Je cherche à photographier l’invisible qui innerve chaque époque », explique-t‑il en 2024. Toujours actif à 92 ans, il réinterprète aujourd’hui ses archives à l’aide de tirages numériques et publie régulièrement réflexions et images inédites sur Instagram.
Quatre séries, un même fil rouge
Au coeur de l’exposition, quatre corpus qui marquent chacun une étape clé du parcours de Kikuji Kawada : ensemble, ils illustrent la progression d’un regard ancré dans l’après‑guerre vers une écriture de plus en plus symbolique.

Première pierre de son œuvre, The Map (1959‑1965) est une série qui mêle gros plans de surfaces métalliques corrodées et fragments d’architecture d’Hiroshima. Assemblées comme des cartes éclatées, ces images traduisent l’empreinte durable de la bombe atomique. La relecture de 2021, Endless Map, juxtapose tirages d’époque et scans grand format pour interroger la persistance des souvenirs.

À partir de 1990, Kikuji Kawada braque son objectif vers le ciel : éclipses, nuages chargés d’électricité, vols d’oiseaux. Dans The Last Cosmology (1995), ce théâtre atmosphérique reflète l’inquiétude du passage à une nouvelle ère et questionne notre place dans l’univers.
Avec Los Caprichos (1972 à aujourd’hui), le photographe observe la modernisation du Japon. Reflets de néons, silhouettes pressées et architectures miroitantes composent un récit satirique sur la société de consommation.

Dernier volet, Vortex (2022) dépouille l’image de tout repère figuratif : spirales lumineuses et ombres profondes symbolisent l’emballement du monde contemporain, de la crise climatique à la saturation numérique.
SIGMA × KYOTOGRAPHIE, un tandem pour Arles
Depuis 2020, le constructeur japonais Sigma – dont tous les produits sont fabriqués à Aizu, au Japon – accompagne le festival Kyotographie dans la production de projets où dialoguent innovation technique et narration visuelle.
À Arles, le constructeur japonais présentera son tout dernier boîtier Sigma BF au design tout aluminium durant la semaine d’ouverture – tandis que le festival kyotoïte transpose sa scénographie minimaliste dans le centre historique provençal. L’invitation faite à Kikuji Kawada illustre cette volonté commune de revisiter l’histoire de la photographie japonaise.

Un livre bilingue français/japonais KYOTOGRAPHIE : A Kyoto Story | A Twelve-Year Cycle, célébrant les douze ans du festival Kyotographie, sera disponible à la galerie Vague pendant l’exposition de Kikuji Kawada. Cet ouvrage illustre l’évolution d’un festival façonné par la création collective, les liens communautaires et une sensibilité au lieu.

Informations pratiques :
Kikuji Kawada : Endless Map – Invisible
Galerie Vague
Du 7 juillet au 3 octobre 2025
14 rue de Grille, 13200 Arles
Entrée libre