Chaque seconde, plus de 61 000 images sont prises aux quatre coins du globe, alimentant un patrimoine visuel qui explose littéralement. Entre selfies, souvenirs partagés sur les réseaux sociaux et archives numériques, la planète produit désormais plus de deux mille milliards de photos par an. Plongée dans les chiffres vertigineux d’une révolution silencieuse, où chaque déclenchement façonne la mémoire du XXIᵉ siècle.
Sommaire
- Une production exponentielle : 2 100 000 000 000 clichés en 2025
- Smartphones ultra-dominants, appareils photo marginalisés
- Qui prend ces photos, et où ?
- Des usages dominés par le personnel et le social
- Un patrimoine visuel colossal (mais invisible) : 30 trillions d’images d’ici 2030
- Méthodologie et fiabilité : un agrégat de sources croisées
- Conclusion
- FAQ
Une production exponentielle : 2 100 000 000 000 clichés en 2025
Selon les dernières estimations de Photutorial, la barre des 2,1 trillions de photos (2 100 milliards) sera atteinte en 2025, contre 1,94 trillions en 2024 et 1,81 trillions en 2023. Ce rythme de croissance (environ +6 à 8 % par an) semble stable depuis le redémarrage post-Covid en 2022.

En ramenant cette quantité à des échelles temporelles plus accessibles, cela représente :
- 61 400 photos prises chaque seconde,
- 3,7 millions par minute, ou encore
- 221 millions par heure.
À titre d’analogie, il faudrait photographier chaque seconde pendant 61 000 ans pour atteindre le volume d’images produit cette année.
Smartphones ultra-dominants, appareils photo marginalisés
Selon cette étude, le smartphone concentrait 94 % des prises de vue mondiales en 2024, contre 4,7 % pour les appareils photo numériques traditionnels (compact, reflex, hybrides, etc.). L’écart est tel qu’il bouleverse toute la chaîne de production photographique : conception des capteurs, modes de diffusion, retouche, archivage.
L’évolution est d’ailleurs rapide : en 2020, 89 % des photos provenaient déjà des téléphones, mais cette part n’a cessé d’augmenter, rendant l’usage d’un appareil photo « traditionnel » résiduel en dehors des photographes professionnels ou passionnés.
Qui prend ces photos, et où ?
Les usages varient fortement selon les régions du monde, avec les États-Unis en tête : un Américain prend en moyenne 20,2 photos par jour, loin devant les autres zones géographiques.
En Asie-Pacifique, la moyenne atteint 15 photos quotidiennes, confirmant l’importance culturelle et sociale de l’image dans cette région largement connectée. Suivent l’Amérique latine (11,8 photos/jour) et l’Afrique (8,1), tandis que l’Europe ferme la marche avec seulement 4,9 photos/jour.

Ces moyennes ne reflètent pas l’ensemble des populations, mais bien les utilisateurs actifs, c’est-à-dire ceux qui prennent régulièrement des photos.
Ces écarts s’expliquent par plusieurs facteurs : le niveau d’équipement, l’accès aux smartphones ou aux réseaux, les habitudes de partage, ou encore valeur accordée à l’image dans l’espace public et privé.
Ainsi, l’Amérique du Nord et l’Asie-Pacifique se positionnent comme les plus grands producteurs d’images, à la fois en volume et en fréquence. À l’inverse, l’Europe et l’Afrique – pour des raisons économiques, techniques ou culturelles – apparaissent comme des zones où l’acte photographique reste moins quotidien, malgré une présence accrue sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux sont devenus les principaux vecteurs de diffusion d’images dans le monde. Chaque jour, environ 14 milliards de photos y sont partagées, un chiffre qui dépasse largement le nombre de clichés capturés quotidiennement, car une même image peut être diffusée plusieurs fois : partagée, repostées, transformée en mème.

WhatsApp domine largement ce paysage avec 6,9 milliards d’images partagées par jour, suivie par Snapchat (3,8 milliards), Facebook (2,1 milliards), et Instagram (1,3 milliard). À l’inverse, des plateformes historiques comme Flickr n’enregistrent qu’un million de partages quotidiens, signe de leur perte d’influence, du moins en termes de volume.
Ce flux visuel est également alimenté par la pratique massive du selfie. En 2024, 94 % des photos sont prises avec un smartphone, et les seuls appareils Android produisent 93 millions de selfies par jour. Chez les 18–24 ans, le selfie représente environ un tiers des images capturées.

Ces données confirment le rôle central des jeunes générations dans la création et la diffusion d’images personnelles, encouragées par des interfaces mobiles optimisées et une culture du partage instantané. Le selfie n’est plus une exception mais bien une norme photographique, façonnée par la technologie et les usages sociaux.
Un patrimoine visuel colossal (mais invisible) : 30 trillions d’images d’ici 2030
Alors que la première photographie de l’Histoire fête bientôt ses 200 ans, on estime que 14,3 trillions de photos ont été produites à date de 2024, un volume inimaginable il y a encore quelques décennies.
Ce chiffre augmente de manière exponentielle, avec près de 2 trillions de nouvelles images produites chaque année. Si cette tendance se poursuit, le total pourrait atteindre 30 trillions d’ici 2030, voire davantage si l’on inclut les visuels générés par intelligence artificielle.
Plusieurs facteurs expliquent cette inflation. D’abord, la démocratisation de la photographie mobile a mis un appareil photo dans les mains de milliards de personnes. Ensuite, les capacités de stockage se sont accrues, permettant de conserver des milliers d’images sur chaque téléphone. Enfin, le partage via les réseaux sociaux ou les messageries engendre une duplication massive des fichiers. Ce gigantesque corpus d’images constitue un miroir contemporain, à la fois intime et global, révélateur des modes de vie, des cultures et des préoccupations de notre époque.
En parallèle, Google Images n’indexerait que 136 milliards d’images en 2024. Un chiffre encore faible rapporté au stock mondial, ce qui souligne le paradoxe d’une mémoire numérique dispersée, privée, et souvent peu consultée.
Méthodologie et fiabilité : un agrégat de sources croisées
Pour cette étude, l’auteur Matic Broz,compile des données de sources secondaires (Google, Gigaom, études sectorielles) et extrapole à partir de chiffres confirmés (volumes de partage, stock de photos dans les téléphones, usages déclarés). La méthodologie repose sur un croisement d’enquêtes, de rapports d’industries et d’estimations internes à Photutorial. Le tout est actualisé en mai 2025.
Il faut noter que les chiffres partagés ne proviennent pas d’instituts statistiques publics, mais de plateformes numériques ou de cabinets d’études sectoriels. Néanmoins, la cohérence interne des données et la transparence des sources citées en font un document précieux.
L’étude se positionne ainsi comme une synthèse actualisée et cohérente de l’état de la photographie mondiale, tout en reconnaissant les limites inhérentes à certains indicateurs, en particulier ceux liés aux usages numériques difficiles à mesurer précisément.
Conclusion
Ce n’est pas nouveau : nous sommes entrés dans une ère de surdocumentation visuelle. Portée par la démocratisation du smartphone, la photographie est devenue un geste quotidien, constituant un patrimoine visuel inédit dans l’histoire de l’humanité. Les réseaux sociaux et les applications de messagerie amplifient ce phénomène, favorisant la circulation et la duplication des images à une échelle jamais atteinte.
Cette dynamique pose de nouveaux enjeux en matière de stockage, de gestion et de valorisation de cette masse d’images, mais elle offre aussi un témoignage unique sur nos sociétés, nos cultures et notre rapport à l’image.
FAQ
En 2025, plus de 2,1 trillions de photos (soit 2 100 milliards) devraient être prises dans le monde, selon une étude de Photutorial. Ce chiffre est en constante hausse, avec une croissance annuelle estimée entre 6 et 8 %.
On estime qu’en 2024, 14,3 trillions de photos ont été capturées depuis l’invention de la photographie. Si la tendance actuelle se maintient, ce chiffre pourrait atteindre 30 trillions en 2030.
Environ 14 milliards de photos sont partagées chaque jour sur les réseaux sociaux, dont 6,9 milliards via WhatsApp, 3,8 milliards via Snapchat, 2,1 milliards sur Facebook, et 1,3 milliard sur Instagram.
Le smartphone domine largement la production d’images, avec 94 % des photos prises en 2024 réalisées avec un téléphone. Les appareils photo traditionnels (reflex, hybrides…) ne représentent plus que 4,7 % des clichés.