Chaque mois, Phototrend vous propose de découvrir les livres photo qui nous ont marqués. En ce mois de mai 2025, voici 5 nouveaux ouvrages que nous avons sélectionnés pour vous.
Ce mois-ci, les éditions La Martinière mettent en avant le regard humaniste de Marie-Laure de Decker. Les restos routiers, leurs patrons et habitués sont mis en lumière avec tendresse et humour par Guillaume Blot. Yann Peucat livre de nombreux conseils en matière de photo argentique. Les textes de la journaliste ukrainienne Katja Petrowskaja sont rassemblés dans un livre des éditions Macula. Enfin, Priscilla Gissot et Élodie Sueur-Monsenert visent à réparer l’estime de soi par la photographie. Bonne lecture.
Sommaire
Marie-Laure de Decker

En parallèle d’une grande exposition organisée à la MEP, les photographies de Marie-Laure de Decker font l’objet d’un très bel ouvrage publié par les Éditions de La Martinière. Des événements de mai 1968 à la guerre du Vietnam (qu’elle couvrira pendant deux ans), de la guerre civile tchadienne à la dictature chilienne, Marie-Laure de Decker a couvert les grands bouleversements de son époque, réussissant à s’imposer au milieu de ses pairs masculins.
Mais ici, point « d’image choc » : refusant toute forme de sensationnalisme, la photographe livre des séries de portraits dignes et sobres. L’ouvrage revient aussi sur ses portraits de personnalités politiques ou du monde de la culture : Marcel Duchamp, Catherine Devenuve, François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing.
S’appuyant sur le travail de Pablo Saavedra de Decker, fils de la photographe, ce très bel ouvrage nous permet d’apprécier le regard profondément humaniste de cette grande figure de la photographie française, qui nous a quittés il y a bientôt deux ans.
Marie-Laure de Decker, Victoria Aresheva, Damarice Amao, Paul Bernard-Jabel
Éditeur : La Martinière
45 €, 256 pages, format relié, 20,8 x 29,4 cm
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La photo me regardait

Les éditions Macula ont rassemblé une série d’articles rédigés par Katja Petrowskaja, une journaliste ukrainienne. « La photo me regardait » : c’est par cette phrase que débute cette publication, phrase qui donne le titre au livre. Juste avant ce premier texte, un portrait, celui d’un mineur du Donbass qui fixe l’objectif et dont les yeux semblent transpercer l’image. Qui est-ce qui regarde ? Qu’est-ce qui nous regarde ?
Ce sont les questions que pose Katja Petrowskaja, en offrant une série de réponses qui dressent une sorte d’autobiographie composite. Parce qu’à chaque fois, à partir de photographies personnelles, d’archives anonymes ou historiques, la journaliste offre une réflexion tout autant esthétique que sociologique et attentive aux enjeux de notre époque.
Telle image la renvoie à un souvenir personnel ; une autre à nos archétypes européens et à une histoire de l’art tronquée. Très érudit sans pour autant être didactique, La photo me regardait apparaît comme un ouvrage essentiel pour aborder l’histoire européenne récente et ses représentations esthétiques sous un angle nouveau, une approche délicate, claire et d’une grande justesse.
La photo me regardait, Katja Petrowskaja
Éditeur : Macula
28 €, 256 pages, format broché, 13 x 19,5 cm
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Restos routiers

Si la photographie culinaire est une discipline largement (re)connue, les lieux populaires, dont font partie les restos routiers, sont souvent laissés de côté. C’est ainsi que naît ce projet, initié par Guillaume Blot en 2018. En un véritable tour de France, le photographe s’est attaché à documenter pendant 6 ans ces lieux de vie collective en voie de disparition (4500 relais routiers en 1970 en France, contre 700 aujourd’hui).
Ainsi, ses portraits nous font découvrir les histoires de ces lieux, de leurs propriétaires et de leurs habitués. Johnny, en couverture de l’ouvrage, Stéphane, Ombeline, Nathalie… Le photographe ne se concentre pas seulement sur ces établissements, mais aussi (et surtout) sur les histoires humaines qui les habitent.
Avec ses couleurs vives et ses flashs parfois criards, l’ouvrage se situe dans la droite lignée de sa précédente série, Rades, qui avait également été publié chez Gallimard en 2023.
Restos routiers, Guillaume Blot
Éditeur : Gallimard
28 €, 184 pages, format broché, 17 x 26 cm
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Apprendre la photographie argentique

Yann Peucat nous invite à explorer l’univers de la photographie argentique à travers un ouvrage clair et illustré, qui la rend à la fois accessible et séduisante.
Des bases de la photographie aux secrets du tirage en chambre noire, en passant par le choix des appareils, le photographe partage son savoir-faire de tireur argentique avec pédagogie. On y apprend même à fabriquer sa propre camera obscura en origami, à transformer une boîte d’allumettes en sténopé, ou encore à tirer ses images sur plaque de verre — avec du révélateur au café, pourquoi pas ?
Le livre alterne explications techniques claires, conseils pratiques et expérimentations insolites comme le cyanotype ou le photogramme. Il guide aussi le lecteur dans l’installation de son labo, l’editing de ses planches contacts, ou encore la retouche à l’ancienne dans sa chambre noire. Un ouvrage idéal pour les curieux désireux de retrouver le plaisir tactile, lent et artisanal de l’image.
Apprendre la photographie argentique – et autres procédés alternatifs et insolites – Yann Peucat
Éditeur : Gallimard
25 €, 244 pages, format broché, 18 x 23 cm
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Photographie thérapeutique et photo-thérapie

Et si la photographie pouvait guérir ? Dans ce livre aux éditions Eyrolles, Priscilla Gissot et Élodie Sueur-Monsenert explorent le pouvoir de l’image non pas pour capturer la beauté, mais pour révéler l’être. Pensé pour les photographes, thérapeutes, coachs et professionnels du bien-être, cet ouvrage propose une nouvelle approche : celle de la photographie à vertu thérapeutique, sans intention artistique, mais profondément transformatrice.
Ici, la personne photographiée n’est pas un sujet passif : elle est confrontée à sa propre image, à ce qu’elle dit, à ce qu’elle déclenche. En se regardant vraiment — au-delà des apparences, des masques et des jugements — elle amorce un chemin vers l’acceptation de soi, la libération émotionnelle, la réconciliation intérieure.
Les auteures posent un cadre clair et des outils concrets pour intégrer cette double pratique (photo-thérapie et photographie thérapeutique) dans une démarche d’accompagnement bienveillant. À travers la photo-thérapie, l’image devient un miroir sincère, capable de restaurer l’estime de soi et de redonner confiance.
Photographie thérapeutique et photo-thérapie, Priscilla Gissot, Élodie Sueur-Monsenert
Éditeur : Eyrolles
25 €, 148 pages, format broché, 17 x 23 cm
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