Marin Driguez livre un projet au long cours : « Prendre soin ». Sa plongée documentaire dans le milieu hospitalier a fait l’objet d’un livre, co-édité par Gallimard et Hoëbeke, et d’une exposition, à Bruxelles le mois dernier, puis à Paris à la Galerie VU’ jusqu’au 2 mai 2025. L’occasion pour nous de revenir sur cette série qui avait été récompensée par le prix ANI-PixTrakk au Visa pour l’Image 2024.
Depuis 2018, Marin Driguez mène son projet documentaire dans trois différents hôpitaux publics bruxellois : le CHU Saint-Pierre, le CHU Brugmann et l’Institut Jules Bordet. Il s’agit, à travers chacune de ses photographies, d’interroger notre rapport à la maladie, la place que prend le soin dans nos vies et à la manière dont le service public, de plus en plus mis à mal par les politiques récentes, est à-même de répondre à notre besoin d’être soigné.
À partir d’un seul lieu très singulier, celui de l’hôpital, Marin Driguez dresse le portrait intimiste des personnes autour du soin, du patient au soignant, et de la multitude d’acteurs et de procédures. On le sait : depuis la crise sanitaire, ce sont des questions redevenues centrales dans nos sociétés – Marin Driguez ne cède ni au spectaculaire ni au fait d’actualité, mais fait de son projet au long cours une réponse à l’importance sociologique et esthétique indéniable.
C’est quelque chose de l’ordre de la dignité qui entre en jeu, où l’hôpital peut, justement, être le lieu de cette dignité, de cette humanité, et de la notion de service public. Comme si l’hôpital et les personnes qui l’habitent, pour une heure, pour une journée ou toute une « carrière », reflétaient la question centrale à laquelle tente de répondre Marin Driguez : que fait-on de la douleur ?
C’est précisément par la photographie qu’il répond, avec une grande justesse qui suscite systématiquement une grande émotion : la justesse de la bonne distance entre l’artiste et son sujet, celle de la maîtrise totale de la composition et de la lumière, celle de l’humanité qui se ressent, toujours, même dans les images les plus dures. Que fait-on de la douleur ? On la montre telle qu’elle est, avec dignité.
Le travail de Marin Driguez fait l’objet d’une exposition à la Galerie VU’, à Paris, jusqu’au 2 mai 2025. L’ouvrage Prendre soin, qui regroupe 85 photographies (196 pages, relié, 19 x 26 cm), est publié par Gallimard/Hoëbeke. Il est proposé au tarif de 35 €.
Informations pratiques :
Prendre soin, Marin Driguez
Galerie VU’
Du 18 avril au 2 mai 2025
58 rue Saint-Lazare, 75009 Paris
Du mercredi au vendredi de 12h30 à 18h30, sur rendez-vous les autres jours
Entrée libre et gratuite
