Kodama Fusako, Roppongi Tokyo 1972 © Fusako Kodama, Chose Commune

Fusako Kodama : icône singulière de la street photo japonaise des années 1960 à 1980

Guidée par son intuition et un sens du cadrage délicat, Fusako Kodama capture l’effervescence du Japon d’après-guerre. De Tokyo aux villages de l’archipel, les clichés de la photographe révèlent un pays en mouvement, loin des stéréotypes figés. Grâce à la maison d’édition Chose Commune, un premier livre en Occident rend aujourd’hui hommage à cette photographe discrète mais essentielle, figure singulière de la street photography japonaise.

Fusako Kodama
Kawasaki, Kanagawa 1983 © Fusako Kodama Chose Commune

Fusako Kodama, photographe de l’instant

Si elle perçoit le monde en monochrome, tendant à conférer une certaine nostalgie à ses prises de vue, Fusako Kodama rend bien compte de l’effervescence d’un Japon moderne. Dans ses clichés, lieux et atmosphère vibrent de mouvement, d’empressement, de désordre aussi dans un pays trop souvent considéré comme calme et statique.

Ce travail photographique transmet un élan : celui d’une nation pressée de regarder vers demain, à rebours des clichés du genre associé au pays du soleil levant.

Fusako Kodama
Shinjuku Tokyo 1970 © Fusako Kodama, Chose Commune

Une composition décentrée

Née en 1945 à Tokyo, Fusako Kodama est loin d’être une autodidacte. Si son style reste impulsif et intuitif, elle a étudié la photographie auprès de Seiiji Otsuji et Yasuhiro Ishimoto à l’école de design tokyoïte Kuwasawa, un établissement reconnu pour son enseignement des principes du Bauhaus.

Prises sur le vif, les images de la photographe s’intéressent aussi bien aux villes qu’aux villages de campagne de l’archipel. Sur la pellicule, ses sujets apparaissent toujours en léger décalage : une composition délicate et des perspectives surprenantes, typiques du travail de Fusako Kodama. Les enfants qu’elle photographie lui permettent d’accentuer cette spontanéité et le caractère furtif de ces rencontres. 

Fusako Kodama
Senzoku Toko 1974 © Fusako Kodama, Chose Commune

Sa vision de la photographie de rue offre une alternative poétique et authentique aux propositions plus radicales des auteurs-photographes japonais de la période (comme Daido Moriyama).

Un premier livre occidental né du hasard d’une rencontre

Co-fondatrice de Chose Commune, Cécile Poimbœuf-Koizumi a été fascinée par les images de la photographe lors de sa visite de Paris Photo en 2021. Son projet de publication unique et sa rencontre avec l’artiste ajouteront aux images déjà exposées une sélection inédite issue des archives de Fusako Kodama, toutes centrée sur la période allant de 1960 à 1980.

Ce n’est donc pas à proprement parler une série existante qui est proposée au lecteur dans ce titre, mais bel et bien un travail de curation pour revenir sur 20 années de photographie.

Fusako Kodama
Shinsekai Osaka 1968 © Fusako Kodama, Chose Commune

Avec seulement deux publications circonscrites au Japon datées des années 90, Fusako Kodama 1960/80 est le tout premier livre publié en Occident consacré à la photographe. L’ouvrage (168 pages, 50 photographies, 22 x 26 cm, couverture rigide et dos carré cousu) vise à faire connaitre le travail de cette talentueuse artiste au-delà des frontières nippones et d’un cercle d’initiés.

L’ouvrage Fusako Kodama 1960/80 est disponible aux éditions Chose Commune. Il s’affiche au tarif de 50€.