Jean-Christophe Béchet est un amoureux de l’Afrique. C’est là-bas qu’il deviendra le photographe qu’il est aujourd’hui. Sur ses négatifs le continent se révèle multiple, mais toujours poétique et authentique. Ainsi, la galerie Art-Z expose African Memories, célébrant la sortie du livre éponyme du photographe Jean-Christophe Béchet aux éditions Loco. À découvrir jusqu’au 12 avril 2025.
Vibrant hommage à l’Afrique d’un photographe amoureux du continent, African Memories revient sur les premières années de photographie de Jean-Christophe Béchet. Aux paysages et images saisies sur le vif, parfois floutées comme par le soulèvement du sable et de la terre, succèdent des portraits plus posés.
Ce sont ceux des hommes et femmes avec qui le photographe a travaillé durant ses 18 mois au Centre culturel français de Yaoundé. À travers les portraits de ces amis resurgis du passé, ce sont aussi ceux de petits métiers qui faisaient le quotidien de Yaoundé que fixe le photographe au Rolleiflex 6×6 Tessar.
Dans toutes ses images se lit une complicité tissée par l’attente, l’écoute et le respect. Dans ses prises de vue et paysages capturés à l’aide de son Minolta X700, aucun empressement, mais bel et bien une contemplation de la vie africaine.
Un livre ressurgi du passé
À la patience de la prise de vue s’est adjointe celle dont aura dû faire preuve le photographe pour que ce livre voie le jour. Repéré par un éditeur, African Memories devait être le premier ouvrage du phtographe. Les aléas de l’édition remettront cette publication. C’est donc 35 ans plus tard que ce portfolio se tient entre nos mains.
En 2012, c’est avec Tombouctou Peut-Être que le photographe partage sa vision du continent des origines. Aujourd’hui épuisé, le livre a été construit autour des diapositives couleur de ses voyages africains. Cette première conception sera pour le photographe français l’occasion de renouer avec ses mémoires africaines et ses archives monochromes mises de côté.
On retrouve d’ailleurs dans les pages d’African Memories des agrandissements des détails de ces photographies. Les aplats de couleurs qui en résultent teintent la découverte de ce portfolio d’images monochromes ponctué de quelques clichés en couleurs.
Mémoires sensibles
Derrière sa superbe couverture reliée plein papier couleur brique, se révèlent les images prises à partir de 1987 au Cameroun, au Mali, au Niger, Nigéria, Burkina Faso ou en Algérie. Les mots du poète espagnol Antonio Machado, compagnon inaugural de ce voyage visuel, puis ceux de l’historien et politologue camerounais Achille Mbembe, accompagnent un avant-propos du photographe. Pages doublées et finesse du papier contribuent à la sensorialité de la lecture.
Présentées en 2023 et 2024 aux Rencontres d’Arles par la galerie Art-Z, spécialiste de la photographie africaine, ces images s’exposent désormais à Paris. Ode à l’Afrique, African Memories est aussi un hymne à l’argentique, décrit comme Jean-Christophe Béchet comme une « contrainte » doublée de « liberté et de légèreté ».
Aux côtés de tirages argentiques d’origines, ce sont également des Cibachromes (procédé aujourd’hui disparu permettant d’obtenir un tirage à partir d’une diapositive couleur) et des tirages Fresson (tirage couleur au charbon direct) qui sont exposés rue Keller.
Retrouver l’Afrique
Pour le photographe, l’enjeu n’était pas seulement de faire la pleine lumière sur ces photographies, mais aussi d’interroger, avec une nostalgie modérée, la pertinence et contemporanéité de ces prises de vue de presque quarante ans.
Si le voyage est bien le même, l’homme et le monde dans lequel elles s’inscrivent ne le sont plus. Photographe devenu son propre curateur, Jean-Christophe Béchet nous livre ici sa vision actuelle de ses voyages africains : une sélection soignée faite parmi les 2220 vues composant son portfolio africain.
Le livre comme l’exposition sont deux manières de retrouver l’Afrique, un continent que le photographe a peu fréquenté depuis ses années de jeunesse. Deux images du livre, nées de séjours plus récents au Kenya se sont invitées dans la sérié construite rétrospectivement. Les autres clichés rompaient trop fortement avec le corpus ressorti du tiroir du photographe pour s’adjoindre à cette sélection.
Ce sont donc 108 photographies, 106 précédant le passage au XXIe, qui offrent un aperçu intact de l’Afrique qu’a vécue Jean-Christophe Béchet. Ces clichés sont pour lui, comme pour nous, une porte restée ouverte vers des pays (Mali, Niger, Burkina Faso) et régions (Mopti, Gao, Tombouctou, pays Dogon, Agadès…) désormais fermés aux étrangers.
Remerciés et cités par le photographe pour leur expérience commune, Bernard Plossu, Pascal Maitre (plébiscité pour son travail auprès des Peuls du Sahel), Guy Le Querrec et Raymond Depardon ont trouvé en Jean-Christophe Béchet un alter ego qui inspirera à n’en pas douter, de futures mémoires africaines…
L’exposition African Memories est à découvrir jusqu’au 12 avril 2025 à la galerie Art-Z. Le livre African Memories publié aux éditions Loco (144 pages, 108 photos, 22 x 28,5 cm) est disponible au tarif de 45 €.
Informations pratiques :
African Memories – Photographies de Jean-Christophe Béchet
Galerie Art-Z
Du 17 mars au 12 avril
29 rue Keller, 75011 Paris
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Entrée libre
