Ricoh / Pentax faisait son grand retour au Salon de la Photo de Paris pour cette année 2024 après 6 ans d’absence. Une période durant laquelle le marché a bien évolué et où Pentax a recentré son activité sur des secteurs de niche parfois surprenants, comme l’argentique, avec le Pentax 17. Nous avons eu l’occasion de discuter de ces différents points avec Yazid Belmadi, responsable des ventes pour la France et la Suisse chez Ricoh.
Place à l’interview.
Dans quel état d’esprit Ricoh aborde-t-il ce salon 2024 ?
Nous sommes particulièrement heureux de revenir cette année, après une absence depuis notre dernière participation au Salon de la Photo en 2018. En 2019, nous n’avions pas pu être présents en raison des évènements liés au centenaire de la marque, et les événements qui ont suivi, notamment la pandémie de Covid-19, ont encore retardé notre retour.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous retrouvons cet événement qui nous avait manqué. Cette édition est aussi l’occasion pour nous de présenter une nouveauté importante : le Pentax 17, l’un des produits phares de l’année.
Comment se porte Ricoh cette année ?
L’entreprise se porte très bien en 2024. C’est sûr qu’en volume global, nous sommes assez loin derrière les autres constructeurs. Par contre, en marge, nous avons d’excellents résultats. Pour le quatrième exercice d’affilée, la société dégage des bénéfices.
Nous sommes bénéficiaires parce que nous avons des produits de niche, qui se distinguent sur leur secteur. Les compacts experts Ricoh GR III ont le vent en poupe, de même que les compacts durcis Pentax WG, presque seuls sur leur segment. Sans compter sur le dernier Pentax 17.
Aussi, nous avons su faire les bonnes économies, que ce soit en ressources humaines, sur la R&D ou la manufacture.
Avez-vous été surpris par le succès du Pentax 17 ?
Au Japon, et ici également, nous avons mené de nombreuses recherches pendant les deux années qui ont précédé le lancement de ce projet. Même avant cela, nous avions déjà constaté un intérêt croissant pour la photographie argentique.
Nous avons réalisé des enquêtes, pas formelles comme des sondages, mais suffisamment pour comprendre le profil des personnes achetant des appareils d’occasion, car ce marché connaissait une véritable reprise. En matière de travaux photo et de ventes d’appareils d’occasion, les chiffres étaient impressionnants.
C’est pourquoi le Japon a décidé d’entrer sur le marché avec un nouveau produit, neuf et garanti, ce qui est rare pour les appareils argentiques d’occasion. Cependant, cibler ce marché spécifique n’est jamais facile. Notre objectif principal était bien défini, mais cela ne concernait pas uniquement cette cible précise.
Nous avons lancé le produit en juin, et les débuts ont été très prometteurs. Ensuite, les vacances d’été et la rentrée scolaire ont ralenti l’élan, et nous avons observé un déclin à la fin de l’été. Actuellement, nous attendons de voir si la demande va repartir, mais il est encore trop tôt pour dire si le produit sera un succès à long terme ou s’il aura un successeur.
Arrivez-vous à attirer de nouveaux clients vers le reflex ? Ou plutôt, consolidez-vous votre base ?
En toute honnêteté, c’est compliqué d’attirer de nouveaux clients sur le reflex. Le marché ne cesse de diminuer. Les ventes demeurent correctes pour nous, mais nous voyons bien que la tendance est à la baisse.
On observe aussi que les clients qui recherchent des reflex sont surtout des personnes d’un âge plus avancé.
Comment vendre le reflex en 2024 ?
En 2024, cela devient de plus en plus difficile. Au début, on pouvait encore mettre en avant des éléments comme la visée optique, mais il y a eu tellement de progrès au niveau de la visée électronique depuis. Et c’est sans compter sur les autres avancées. Franchement, cela ne fait plus partie de notre stratégie actuelle, car les ventes dans ce domaine réduisent.
Nous continuons à proposer ce type de produit, certes, mais aujourd’hui, des critères comme le poids, l’encombrement sont devenus essentiels pour les consommateurs. De notre côté, on peut encore mettre en avant la qualité d’image, qui demeure toujours excellente.
Il est donc difficile de promouvoir les avantages de ces appareils, sauf pour les puristes, qui apprécient encore le charme d’un viseur optique ou d’un prisme. Cela offre une expérience différente, mais ce n’est plus vraiment ce que recherchent les nouvelles générations.
Les jeunes, eux, ont grandi avec des écrans, que ce soit sur leurs téléphones ou sur des appareils hybrides. Leur approche de la photographie est différente, et c’est cette réalité que nous devons prendre en compte dans nos choix stratégiques.
À quand un nouveau reflex plein format, un potentiel K-1 Mark III ?
Je n’ai malheureusement aucune information concernant un nouveau modèle de reflex à venir.
Le marché de l’hybride est-il définitivement fermé pour vous ?
Je ne dispose d’aucune donnée à ce sujet. Je ne saurais dire si on n’y reviendra pas un jour ou si le sujet est définitivement clos.
Quand peut-on espérer voir arriver un successeur au Ricoh GR III ?
Les ventes du Ricoh GR III (et de ses déclinaisons) sont phénoménales. Nous avons dû augmenter nos capacités de production cette année, et nous allons devoir le refaire avant la fin 2024. Le marché des compacts experts est assez restreint, et même au sein de ce secteur, nous occupons une place particulière avec un produit vraiment très compact et discret.
Le succès est au rendez-vous, mais rien n’a filtré concernant un éventuel successeur, même si ça n’aurait rien d’illogique. Je pense que, le cas échéant, il faudrait conserver la focale fixe. Si je devais rêver, je pencherais pour un nouveau choix de longueur focale, et peut-être une version monochrome. Mais, ce ne sont ici que des hypothèses sans aucun fondement.
Merci à Yazid Belmadi d’avoir répondu nos questions. Nous tenons également à remercier l’équipe de Ricoh France pour cette interview.
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