Après avoir traversé la frontière avec la Birmanie, des milliers de réfugiés rohingyas poursuivent leur terrible périple vers le camp de Cox’s Bazar. Bangladesh, 9 octobre 2017. © Paula Bronstein / Getty Images

Festival Visa pour l’Image 2024 : tous les temps forts de cette 36e édition

Depuis sa création en 1989, Visa pour l’Image est devenu un rendez-vous annuel incontournable pour les professionnels du photojournalisme. Le festival revient cette année à Perpignan pour sa 36e édition. Du 31 août au 15 septembre, les passionnés de photographie et de journalisme du monde entier se réuniront pour célébrer la puissance de l’image.

Une 36e édition riche en expositions

Le festival offre une plateforme unique où se mêlent expositions, projections, prix, rencontres et débats. Il met en lumière les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les photojournalistes dans un monde en constante évolution tout en permettant au public de prendre le temps d’aller à la rencontre des images et de leurs auteurs.

Pour cette 36e édition, le festival propose une nouvelle fois une programmation riche et diversifiée : 26 expositions ponctuées de multiples temps forts.

Des photographes de renom et des talents émergents présenteront leurs travaux autour de thématiques variées, toujours engagées et en prise avec l’actualité internationale. Des conflits internationaux aux problématiques environnementales, en passant par des sujets de société, les expositions promettent de captiver et de sensibiliser les visiteurs.

Le photojournalisme sur tous les fronts

Loay Ayyoub, lauréat du Visa d’or de la ville de Perpignan Rémi Ochlik 2024 pour sa couverture de la guerre à Gaza expose ses images publiées dans le Washington Post.

Après une frappe israélienne sur une maison du quartier d’Al-Sabra, dans le centre de la ville, des blessés sont transportés à l’hôpital Al-Shifa. Gaza, 11 octobre 2023. © Loay Ayyoub Pour The Washington Post

Sergey Ponomarev met quant à lui en lumière la Cisjordanie dans les pages du New York Times, une zone dont les médias n’ont que très peu parlé ces derniers mois.

Témoin des horreurs de la guerre de l’Afghanistan à l’Ukraine et de la dévastation des catastrophes naturelles, Paula Bronstein met en lumière la résilience, le courage et l’espoir de ceux qui ont tant perdu. De ses 4 décennies de photojournalisme, des images nécessaires sélectionnées ont été sélectionnées avec soin pour s’exposer à Perpignan.

Un migrant sur un train de marchandises appelé « La Bête » à son arrivée en ville. Piedras Negras, Mexique, 8 octobre 2023. © Alejandro Cegarra

Pour Cinzia Canneri, la guerre est aussi celle qui se lit sur les corps meurtris des femmes violées ou torturées, particulièrement en Érythrée au moment de la guerre du Tigré qui a éclaté en 2020. Ses images, récompensées du prix Camille Lepage en 2023, rappellent que le corps des femmes comme champ de bataille demeure une plaie commune à toutes les zones de guerre.

Kebedesh (38 ans) et sa fille (11 ans). Elles ont été attaquées chez elles au Tigré le 28 décembre 2020 par quatre soldats érythréens qui ont violé Kebedesh et jeté de l’eau bouillante sur sa fille pour qu’elle arrête de crier. Adwa, Tigré, Éthiopie, 23 décembre 2023. © Cinzia Canneri, Lauréate du Prix Camille Lepage 2023

De la guerre des gangs qui secoue Haïti, Corentin Fohlen a ramené des images poignantes publiées dans les pages de Paris Match. Exposées à Perpignan ses photographies remettent sur le devant de la scène un territoire délaissé aux mains de gangs depuis 2021.

Afshin Ismaeli a quant à lui gagné l’Afghanistan pour témoigner de la difficile coexistence du peuple Afghanistan et des talibans revenus au pouvoir. S’y lit la force de résilience d’un peuple et ses espoirs d’un avenir meilleur.

À l’ambassade de Norvège, un combattant taliban tente de détruire le DVD de Méchant, Kurt !, un film d’animation en 3D pour enfants. Kaboul, 6 septembre 2021. © Afshin Ismaeli / Aftenposten

Temps fort du festival, l’exposition d’Emilio Morenatti présente son parcours marqué par la résilience, malgré la perte d’une jambe en Afghanistan. Récompensé par deux prix Pulitzer, son travail documente la pandémie de Covid-19 en Espagne et les ravages de l’invasion russe en Ukraine avec une empathie profonde.

Des migrants, principalement originaires d’Érythrée, secourus par les membres d’une ONG lors d’une opération de sauvetage. Mer Méditerranée, environ 20 km au nord de Sabratha, Libye, 29 août 2016. © Emilio Morenatti / AP

Dénoncer injustices et inégalités

Une fois n’est pas coutume, le festival prouve que le photojournalisme n’est pas seulement l’affaire de régions éloignées s’attachant à témoigner de la pauvreté et des injustices s’affirmant dans les territoires dits les plus développés.

Depuis 2015, le français Pierre Faure documente la pauvreté en France, priorisant des reportages au temps long pour vivre entre 12 et 18 mois dans chaque région. Profondément humaniste et sociale, sa photographie dépasse le champ du documentaire.

René, éleveur à la retraite, vivait dans des conditions extrêmement difficiles. Il a vécu l’appauvrissement progressif de sa profession et savait que son monde était en train de disparaître. Puy-de-Dôme, 2016. © Pierre Faure / Hans Lucas

Miroir outre-Atlantique de ce travail en zone périphérique, la série Grown Upstate de Brenda Ann Kenneally est l’aboutissement d’un projet de 20 ans centré sur 3 générations d’une famille élargie. La photographe y témoigne d’un abandon des familles ouvrières les plus pauvres par l’État et du déclin d’une large frange de population de la nation.

Visa pour l’Image 2024 : temps forts et prix à venir

Comme chaque année, les projections nocturnes au Campo Santo sont un moment fort du festival. 6 projections offriront au public un voyage visuel à travers les événements marquants de l’actualité mondiale, des Jeux olympiques de Paris au combat des femmes en Iran.

De nombreux débats, workshops et conférences sont également au programme, réunissant photojournalistes, rédacteurs en chef et experts des médias pour discuter des enjeux actuels du métier.

Rouge pétard Une Chevrolet Impala 1960 à Venice, devant une ancienne caserne de pompiers reconvertie en un célèbre bar-restaurant. © Karen Ballard

8 visas d’or, 4 bourses et 6 prix photos décernés au cours du festival récompenseront les meilleurs travaux de photojournalisme de l’année. Autant de distinctions à venir pour souligner l’excellence et l’engagement des photojournalistes contemporains.

Dans un monde où les images jouent un rôle crucial pour informer et sensibiliser, mais où elles se multiplient pour souvent se confondre, l’événement rappelle l’importance du photojournaliste comme témoin – acteur de notre époque. Derrière ces hommes et femmes de terrain, le festival célèbre aussi le talent des équipes de l’ombre, notamment les directeurs de la photographie, qui font advenir les images d’aujourd’hui et de demain.

Informations pratiques :
Festival International du Photojournalisme Visa pour l’Image 2024
Perpignan
Du 31 août au 15 septembre 2024
Tous les jours de 10h à 20h
Entrée libre